samedi 31 décembre 2011

Inédit


Revenue de là d’où normalement on ne revient pas
Connu l’abîme tel qu’aucun survivant
Et ça fait une nouvelle fracture – avec le monde
Et ça fait qu’à nouveau – je ressens – l’inhumanité
Non de la froideur virginale
Mais de la froideur
De la mort

J’ai vécu la mort
Pendant quatre années
Je ne sais pas comment on en revient
Je n’ai rien lu de cela – sauf Anne Frank
Il faudrait que je lise sur les survivants des camps de la mort
Je ne sais pas quelle vie est possible
Après la mort

Je ne suis pas morte
Toujours pas
Pas plus que lors de ma naissance
Mais à nouveau l’expérience réactive de la coupure
Non plus à l’abandon de la mère
Mais à celui du monde
Du monde de ces quatre années
2007 – 2008 – 2009 – 2010 – 2011

Et à nouveau
De même qu’en réaction à l’attentat et l’abandon de la mère contre le petit corps
Maintenant en réaction à l’attentat professionnel et l’abandon du monde
Je pressens ressentir
A nouveau – alors que j’en étais revenue avant le grand chaos
La coupure

Répétition de l’autarcie nécessaire à la menace et l’absence
Et à nouveau je sens les murailles impénétrables autour de moi
L’isolement – de nouveau intérieur – presque total
Nécessaire du fait de la menace et de la condition d’homme
Mais atrocement douloureux s'il devait continuer à empêcher
L’éventualité de
La rencontre

Anagnorisis – Originaire – Inédit




Inédito

Vuelta de ahí donde normalmente no se vuelve
Conocido el abismo como ningún sobreviviente
Y eso hace nueva fractura – con el mundo
Y eso hace que de nuevo – siento – la inhumanidad
No de la frialdad virginal
Sino de la frialdad
De la muerte

He vivido la muerte
Durante cuatro años
No sé cómo se vuelve de ahí
No leí nada sobre ello – menos Ana Frank
Debería leer sobre los supervivientes de los campos de la muerte
No sé qué vida es posible
Después de la muerte

No he muerto
Aún no
No más que cuando mi nacimiento
Pero otra vez la experiencia reactiva del corte
Ya no al abandono de la madre
Sino del mundo
Del mundo de estos cuatro años
2007 – 2008 – 2009 – 2010 – 2011

Y de nuevo
Igual que en reacción al atentado y al abandono de la madre contra el cuerpo pequeño
Ahora en reacción al atentado profesional y al abandono del mundo
Presiento sentir
De nuevo – cuando había vuelto de ahí antes del gran caos
El corte

Repetición de la autarcía necesaria frente a la amenaza y la ausencia
Y de nuevo siento las murallas impenetrables alrededor mío
El aislamiento – interior de nuevo – casi total
Necesario por el hecho de la amenaza y de la condición de hombre
Mas atrozmente doloroso si tenía que seguir impidiendo
La eventualidad del
Encuentro

Anagnorisis – Originario – Inédito


vendredi 23 décembre 2011

Amour ?



La peau
Face
A l’irréductibilité
De l’altérité




¿Amor?


La piel
Frente
A lo irreductible
De la alteridad

vendredi 16 décembre 2011

Chorégraphie - écriture du corps



Il y a la pensée du corps – des théoriciens
Et l’éprouvé du corps – sensorialité
Et le travail sur le corps – danse

La compréhension du corps
Et la possibilité de sa transmission
Au danseur-en-formation et au spectateur

Savoir – savoir-être – savoir-fait-chair
Incarnation du savoir

Savoir-mouvoir – soi-même – pour – et – l’autre
E-MOUVOIR




Coreografía – escritura del cuerpo


Hay el pensar el cuerpo – de los teóricos
Y el sentir del cuerpo – sensorialidad
Y el trabajo sobre el cuerpo – danza

La comprensión del cuerpo
Y la posibilidad de su transmisión
Al bailarín-en-formación y al espectador

Saber – saber-ser – saber-hecho-carne
Encarnación del saber

Saber-mover – a sí mismo – para – y – el otro
CON-MOVER

vendredi 9 décembre 2011

Artiste



Définitivement, l’artiste :
la confusion totale - et brutale
entre la vie et l’œuvre.

« Si tu attaques mon œuvre,
tu attentes à ma vie. »

- EXTREME -


(Photo d'Audrey Lange)

Artista

Definitivamente, el artista:
la confusión total - y brutal
entre la vida y la obra.

«Si atacás a mi obra,
atentás contra mi vida.»

- EXTREMO -



vendredi 2 décembre 2011



Tu es comme un miroir sans fond.
Aucune image. Aucun reflet.
Rien.
Ni de toi, ni de moi.

Effroi




Sos igual que un espejo sin fondo.
Ninguna imagen. Ningún espejo.
Nada.
Ni de vos, ni de mí.

Espanto

samedi 19 novembre 2011

Un jour



Naître un jour à sa vie
Peu importe si tôt ou tard
Mais naître à sa vie
Un jour





Algún día


Nacer algún día a la vida propia
No importa que tarde o temprano
Pero nacer a la vida propia
Algún día

vendredi 11 novembre 2011

Toi, autre


La CREATION ne suffit pas
à donner son EXISTENCE
à l’ŒUVRE D’ART :
il faut l’AUTRE,
celui qui la RECONNAIT
et la NOMME à son tour
« ŒUVRE D’ART ».

C’est l’AUTRE,
toujours,
qui DIT l’ « ARTISTE ».






Vos, otro

La CREACIÓN no basta
para darle su EXISTENCIA
a la OBRA DE ARTE:
hace falta el OTRO,
el que la RECONOCE
y la NOMBRA a su vez
«OBRA DE ARTE».

Es el OTRO,
siempre,
quien DICE el «ARTISTA».

samedi 29 octobre 2011

Catin


Je suis qui achète l’amour
Comme qui va voir une prostituée

Je n’ai peur que du jour
Où l’argent manquera

Pour payer

J’ai peur. Très peur



(Photo de Georges Paramon)



Puta

Soy quien compra el amor
Como quien acude a una prostituta

Sólo le tengo miedo al día
En que falte la plata
Para pagar

Tengo miedo. Mucho miedo


mardi 18 octobre 2011

Action



action de la lame des ciseaux
qui découpe la peau arrachée
du pied de la danseuse
usé par la chaleur et la moiteur
du plancher



Acción


acción de la lámina de las tijeras
que recorta la piel arrancada
del pie de la bailarina
desgastado por el calor y el trasudor
del parquet

lundi 10 octobre 2011

Chair


Cherche ce qui dit la chair
Même
Quand le décharnement – Même
Quand l’absence rythmique de rondeur
Seulement la dissonance
Le massacre
Alentour
Et dedans




Carne

Buscá eso que dice la carne
Igual
Cuando la descarnadura – Igual
Cuando la ausencia rítmica de redondez
Sólo la disonancia
La masacre
Alrededor
Y adentro


lundi 3 octobre 2011

Danse (Vie)


Tout n’est, que question de poids
– De ne pas perdre pied – De ne pas
Laisser la manie prendre l’emprise totale
Sur le corps

Tout n’est, que question d’équilibre
– Entre désir et poids – Sans
Que le désir ne se confonde
Dans la pure excitation (frénétique)


Tout – Dans la résistance tendue du poids




Baile (Vida)

Todo no es más que cuestión de peso
– De no perder pie – De no
Dejar que la manía se apodere totalmente
Del cuerpo

Todo no es más que cuestión de equilibrio
– Entre deseo y peso – Sin
Que el deseo se confunda
Con pura excitación (frenética)


Todo – Adentro de la resistencia tendida del peso


vendredi 16 septembre 2011

Vos



Para vos – voz mía que vuelvo a encontrar
Para vos – como eco a las lágrimas que vendrían
Para vos – luego del renacer vital de las lágrimas

Amándote




Toi

Pour toi – ma voix que je suis en train de retrouver
Pour toi – comme écho aux larmes qui pourraient venir
Pour toi – après la renaissance vitale des larmes

En t’aimant



lundi 29 août 2011

Langage



Mon identité aura dû être conquise
– Elle n’aura pas été donnée
– A la naissance, donnée

La conquête se sera faite dans le langage
– Des mots

Dès lors refuser de com-prendre ma relation au langage
– La fondation de mon identité
Serait remettre en cause mon identité – rien d’autre
– Négation de ma possibilité d’existence






Lenguaje

La identidad mía habrá sido conquistada
– No habrá sido dada
– En el nacer, dada

La conquista se habrá hecho dentro del lenguage
– De las palabras

Por lo tanto rehusar com-prender la relación mía con el lenguaje
– La fundación de la identidad mía
Sería poner en tela de juicio mi identidad – nada más
– Negación de la posibilidad mía de existencia


lundi 22 août 2011




On est toujours prisonnier de sa mère –
on n’en sort jamais






Siempre se es prisionero de la madre –
nunca se sale de ahí




mardi 2 août 2011




Je suis ma petite fille morte –
Mon enfant mort






Soy mi niña muerta –
Mi hijo muerto


mardi 19 juillet 2011

Plage d'été


Quand plus rien n’est douleur
Quand les éléments ont tout pris
Quand l’angoisse du tréfonds a enfin cessé
Quand il n’y a rien d'autre
Que l’été

Océan – Vent – Soleil – Sable

Les gens qui jouent comme s’ils étaient toujours
ces mêmes enfants en maillot de bain

Quand il n’y a plus rien d'autre
que le règne du corps

Retour
A l’essence
Absolue

Commencement

Quand il n’est plus question
que d’enduire la peau de crème
pour s’offrir presque nue au soleil
Quand il n’est plus question de se battre
qu’avec le sable envoyé par le vent
ou la prochaine vague
qui viendra peut-être
pour inonder les affaires
Quand la seule question consiste
à savoir qui de l’air ou de l’eau
sera le plus confortable

Quand tu n’es pas là
Et que même ici, tu me manques

Quand la solution viendrait peut-être de l’alternance
du sable à la mer
et vice versa
Quand je ne parviens pas même à savoir
si ce qui me rend le plus heureuse
c’est que tu me manques
ou de savoir qu’un jour on partagera ça
Quand je n’attends rien d'autre
que la mer ait cessé de monter
pour aller m’y couler
Quand c’est ça
la seule attente

Au rythme tam-tam des balles sur les raquettes en bois

Quand tout est calme
juste à côté de la grande vitalité
de l’océan







Playa de verano

Cuando nada más es dolor
Cuando los elementos lo han agarrado todo
Cuando la angustia abismal por fin ha cesado
Cuando ya no hay otra cosa
Que verano

Océano – Viento – Sol – Arena

La gente que juega como si fuera para siempre
esos mismos niños de traje de baño

Cuando ya no hay otro
que el reino del cuerpo

Regreso
A la esencia
Absoluta

Inicio

Cuando ya no se trata de otra cosa
que untarse la piel con crema protectora
para ofrecerse casi desnuda al sol
Cuando ya no se trata de pelear
más que con la arena arrojada por el viento
o la próxima ola
que capaz inunde las cosas
Cuando la única pregunta consiste ya
en saber qué será más confortable
entre el aire y el agua

Cuando no estás
Y que inclusive acá, te extraño

Cuando tal vez la solución venga de la alternancia
entre la arena y el mar
y vice versa

Cuando ni siquiera consigo saber
si lo que más feliz me hace
es el extrañarte
o el saber que algún día compartiremos ello
Cuando no espero otra cosa
a que termine de subir el mar
para por fin hundirme en él
Cuando es esa
la única espera del momento

En el ritmo tam-tam de las pelotas sobre las paletas

Cuando todo está quieto
justo al lado de la gran vitalidad
del océano

mercredi 6 juillet 2011



- Danse -
Pour le partage
De la densité
De la présence
Et du silence




- Danza -
Para compartir
La densidad
De la presencia
Y del silencio


jeudi 30 juin 2011



Aller vers
, l’inédit
Désir – Inconnu




Ir hacia, lo inédito
Deseo – Desconocido


lundi 20 juin 2011

Trachée


S’il est du balbutiement
Ce n’est que pour dire la tentative de parole
Du nourrisson à qui on a coupé la langue
Et qui persiste
De façon odieuse et infernale
Contre la mort

Celui qui devient l’horreur qu’on lui a faite
Et qui ne cessera de le dire

S’il est de la dissonance
Ce n’est que pour dire l’action des ciseaux
Sur la langue fragile et extrêmement sensible

C’est le rappel de l’existence de qui a agi
Les ciseaux

Vous




Traquea

Si va del balbuceo
No es más que para decir la tentativa de palabra
Del recién nacido a quien le cortaron la lengua
Y que persiste
De manera odiosa e infernal
Contra la muerte

El que se vuelve el horror que le hicieron
Y que no parará de decirlo

Si va de la disonancia
No es más que para decir la acción de las tijeras
Sobre la lengua frágil y extremamente sensible

Es el recuerdo de la existencia de quien manejó
Las tijeras

Ustedes

lundi 13 juin 2011

La femme qui n'est pas tondue


Dès le début, le viol.
A l’origine. Du monde. De moi.
Le corps, la première possibilité du viol.
Le viol, la maison hantée.
Etre volée dedans, dépossédée, de tout, mise à nue.
La fin de la possibilité d’un abri.
Etre confirmée sans abri, ni dehors ni dedans.
Dans cette confusion sans repos du dehors et du dedans
De l’autre et de soi.
La fin de la possibilité de soi.
La fin de la possibilité de trouver asile en soi, repos.
L’exil.
L’exil pérenne du juif errant.
De la femme tondue.
L’émigration pour toujours, c’est ça le viol.
Etre étranger – étrangère.
Jusqu’à l’intérieur du dedans de soi.
Jusqu’à atteindre l’Argentine.
Pour encore, quand on est femme
Trouver l’Indien rescapé du génocide.
L’Indien né de la mère rescapée du viol européen.
L’Indien au sang de résistance et vengeance.
Là où la Terre a tourné.
A l’envers de la Terre.
L’Indien qui refait ce à quoi a échappé sa mère
Mais pas sa sœur.
En Argentine
Après l’exil du tango et du vin.
L’immigration forcée de l’Indien dans l’émigration de l’européenne.
La Terre a tourné.
A l’envers de la Terre.
Là où la mer n’est plus bassin méditerranéen.
Mais Delta de la Plata.
Béance atlantique dans la chair de la terre.
Car c’est la terre qu’on ravage, qu’on sarcle, qu’on bèche.
La terre, qu’on cultive pour se nourrir.
Qu’on épuise dans le suicide inconscient.




La mujer que no es rapada

Desde el inicio, la violación.
En el origen. Del mundo. De mí.
El cuerpo, como primera posibilidad de la violación.
La violación, como la casa de duendes.
Ser robaba adentro, desposeída, de todo, desnudada.
El fin de la posibilidad de algún abrigo.
Ser confirmada sin abrigo, ni afuera ni adentro.
En esta confusión sin descanso del afuera y el adentro.
Del otro y del sí.
El fin de la posibilidad del sí.
El fin de la posibilidad de encontrar asilo en sí mismo, reposo.
El exilio.
El exilio perene del judío errante.
De la mujer rapada.
La emigración para siempre, eso es la violación.
Ser extranjero – extranjera.
Hasta el interior del adentro de sí.
Hasta alcanzar la Argentina.
Para aun, cuando se es mujer
Encontrar al Indio rescatado del genocidio.
El Indio nacido de la madre rescatada de la violación europea.
El Indio de la sangre de resistencia y venganza.
Ahí donde ha girado la Tierra.
Al revés de la Tierra.
El Indio que rehace eso a que escapó su madre
Mas no su hermana.
En la Argentina
Después del exilio del tango y del vino.
La inmigración forzada del Indio adentro de la emigración europea.
Ha girado la Tierra.
Al revés de la Tierra.
Ahí donde el mar ya no es cuenca mediterránea.
Mas Delta de la Plata.
Apertura atlántica adentro de la carne de la tierra.
Ya que es la tierra, que se devasta, que se escarda, que se cava.
La tierra, que se cultiva para comer.
Que se agota en el suicidio inconsciente.

mercredi 1 juin 2011

Qui ?


Qui
Pourrait ne pas prendre fuite
Après avoir senti – aimé
L’incompréhensible – in-appréhendable
Ce qui ne saurait être touché
Sans risque
D’ébranlement – bouleversement
Total

?



¿Quién?

¿
Quién
Podría no echarse a huir
Después de haber sentido – amado
Lo incomprensible – in-aprensible
Lo que no supiera estar tocado
Sin riesgo
De conmoción – trastorno
Total

?

dimanche 22 mai 2011

Couleur d'écrire


Dans le vert – Même si le rouge rôde. Le rouge de la préparation du déjeuner. Quand c’est dans le vert, que je continue de noircir, le blanc. De traquer l’inconçu.
Ce qui, peut-être, un jour, si j’arrive à m’échapper, s’arracherait, à l’inadvenu.
Les verres s’entrechoquent pour faire tintamarre. Les condiments sont précipités. J’essaye. Je ne sais pas. Je noircis.
Je noircis car, pour l’heure, c’est ma seule façon, de pouvoir échapper, à la disparition, diaphane, de ma peau d’hivers.
Et encore, je voudrais aimer.




Color de escribir

Adentro de lo verde – Igual si lo rojo rodea. Lo rojo de la preparación del almuerzo. Cuando es adentro de lo verde, que sigo ennegreciendo, lo blanco. De acorralar lo inconcebido.
Lo que, tal vez, algún día, si consigo escapar, se arrancaría, de lo inadvenido.
Los vasos se entrechocan para hacer estruendo. Los condimentos están precipitados. Intento. No sé. Ennegrezco.
Ennegrezco porque, por ahora, es mi único modo, para poder escapar, de la desaparición, diáfana, de mi piel invernal.
Y todavía, quisiera amar.

lundi 9 mai 2011

Te vi el vértigo


Sí, soy un ser de vértigo. Padezco vértigo. Físico
Y me gusta la embriaguez. El vino
Me gusta. El tango
Igual si, no siempre
Puedo aguantar
Todos los golpes
De la embriaguez

Sí, soy una ebria de la sonrisa
Fuera del odio y la amargura
Sí, soy una ebria inconsciente
Permanentemente llamada por
La rebeldía

Sí, olvidándome del lado más oscuro
De lo oscuro




J'ai vu ton vertige

Oui, je suis un être de vertige. Je souffre de vertige. [Physique
Et j’aime l’ivresse. Le vin
J’aime. Le tango
Même si, pas toujours
Je parviens à supporter
Tous les coups
De l’ivresse

Oui, je suis un être ivre de sourire
Loin de la haine et de l’amertume
Oui, je suis un être inconscient
Appelé en permanence par
La révolte

Oui, sans me souvenir
Du coté le plus obscure
De l’obscure

jeudi 28 avril 2011

Derivación


Si se supiera por qué uno puede nacer en algún que otro punto del mundo y resultarle más visceral estar en el punto opuesto, tal vez se llegaría a rozar lo que es la energía, el fluido, y a descubrir, lo que es la equivocación. Hay quien anda equivocado de lugar desde su misma concepción. ¿Por qué esta panza si esta mujer no podía ser esta madre? ¿Por qué ESTA panza?, donde se estuvo a punto de permanecer, ahogar, hasta vivir el morir, en el mismo interior de una panza equivocada. Y si luego no hubo panza, si luego no hubo ni carne ni resguarde, ¿cómo encarnarse y llegar a contenerse? Hay quien anda como burbuja errante, burbuja a la deriva – sin burbuja. Hay quien deriva hasta el otro punto del mundo. Hay quien es disolución. Quien hubiera preferido ser burbuja de jabón fabricada por el soplo de la boca ingenua de algún niño feliz. Hay quien no sabe de la niñez. Quien es burbuja sin soplo. ¿Quién me vendría a hacer el boca a boca? Ya sabemos. La historia no tiene previsto semejante acontecimiento. Nunca. No me ahogaré. No me moriré. Flotaré. Derivaré. Seguiré derivando. Hasta el otro lado. Que nunca. Se alcanza.




Dérivation

S'il était possible de savoir pourquoi on peut naître à un endroit donné quand c'est l'autre bout du monde qui s'avère bien plus viscéral, peut-être pourrait-on s'approcher de ce qu’est l’énergie, le fluide, et découvrir, ce qu’est, l’erreur. Il y en a qui sont au mauvais endroit dès leur propre conception. Pourquoi ce ventre si cette femme ne pouvait pas être cette mère ? Pourquoi CE ventre ?, où on a bien failli rester, être affixé, jusqu’à vivre la mort, à l’intérieur même du mauvais ventre. Et si par la suite il n’y a pas eu de ventre, si par la suite il n’y a eu ni chair ni protection, comment s’incarner et arriver à se contenir ? Il y en a qui vont comme des bulles errantes, des bulles à la dérive, sans bulle. Il y en a qui dérivent jusqu’à l’autre bout du monde. Il y en a qui sont dissolution. Qui auraient préféré être une bulle de savon fabriquée par le souffle de la bouche candide de quelque enfant heureux. Il y en a qui ne savent rien de l’enfance. Qui sont bulle sans souffle. Qui viendrait me faire du bouche à bouche ? On le sait déjà. L’histoire n’a pas prévu ce genre d’événement. Jamais. Je ne me noierai pas. Je ne mourrai pas. Je flotterai. Je dériverai. Je continuerai à dériver. Jusqu’à l’autre bout. Qui jamais. Ne s’atteint.

jeudi 21 avril 2011

Afrique, la nuit


Fais quelque chose, je t’en prie !
Sors de mes rêves !
Puisque tu es en Afrique,
Que tu ne veux pas de moi,
Ne viens plus
Dans mes nuits !

Je sais, que tu n’me crois pas –
Puisque c’est ce que je préfèrerais aussi !
Mais c’est comme ça
Dans le non-sens et la folie folle ! –
Et ça n’arrête jamais !
Qu’est-ce que j’y peux ?
Tu viens – Vas-t-en !

Fais quelque chose, s’il te plait !
Pour que je ne me réveille plus comme ça,
Confuse entre le rêve et la réalité !

Je t’embrasse à Brazzaville –
Puisque c’est là où tu vas





África, de noche

¡Hacé algo, por Dios!
¡Salí de mis sueños!
Ya que estás en África,
Que no querés de mí,
¡No vengás más
Adentro de mis noches!

¡Ya sé que no me creés! –
¡Si tampoco quisiera creerlo yo!
¡Pero es así
De sin sentido y locura loca! –
¡Y no para nunca!
¿Que voy a hacer?
Estás – ¡Andate!

¡Hacé algo, por favor!
¡Para que no me despierte más así
De confundida entre la realidad y el sueño!

Te mando un abrazo rumbo a Brazzaville –
Ya que es adonde vas

mercredi 13 avril 2011

Réduction


Lui – au nom d’elle sans « El »
Voulait l’obliger
A se taire – La réduire
Au silence
Comme elle – Sa mère

Son cri de douleur
Leur était si insupportable
Qu’il fallait qu’ils la fassent taire
A tout prix

Et elle s’est étouffée – Dedans
Jusqu’à en vomir
Jusqu’à devoir tout vomir
Pour pouvoir – peut-être – retrouver
Une respiration
Qui ne soit plus – Spasmophile




Reducción


El – del nombre de ella sin «El»
Quería obligarla
A callarse – Reducirla
Al silencio
Como ella – La madre

El grito de dolor de ella
Les era tan insoportable
Que tenían que hacer que callara
A todo coste

Y se ahogó ella – Adentro
Hasta vomitar
Hasta tener que vomitarlo todo
Para poder – tal vez – volver a encontrar
Alguna respiración
Que no esté más – Espasmófila

jeudi 7 avril 2011



Dis-moi où rêve ton âme




Decime adónde sueña tu alma



samedi 26 mars 2011

Espace


La danse, c’est le corps dans l’espace.

Et sa poésie a lieu dans le face à face
De la petite humanité du corps
Et de l’immensité de l’espace.

Et c’est cette relation qui dit
La fragilité du corps
Son abandon dans et au monde

Qui fait la bouleversante beauté de la danse.




Espacio

La danza, es el cuerpo adentro del espacio.

Y su poesía ocurre en el cara a cara
De la pequeña humanidad del cuerpo
Y la inmensidad del espacio.

Y es esta relación la que dice
La fragilidad del cuerpo
Su abandono adentro y al mundo

Que hace la trastornadora hermosura de la danza.


samedi 12 mars 2011

Là, au-delà

Pour Matthieu et Patricia,

Elle avait perdu sa mère
Celle qui était celle d’un autre
Et elle gagnait un frère

Et moi
Etrangère d’apparence

J’étais là
------ Pour la vie
J’étais là
------ Pour dire « non »
------ Face à face
------ A la mort
J’étais là
------ Pour l’amour

Pour la fin – de la violence – du silence




Acá, más allá

Para Matthieu y Patricia,

Ella había perdido a su madre
La que era la de otro
Y ganaba a un hermano

Y yo
Extranjera de apariencia

Estaba acá
------ Para la vida
Estaba acá
------ Para decirle que «no»
------ Cara a cara
------ A la muerta
Estaba acá
------ Para el amor

Para el fin – de la violencia – del silencio

vendredi 4 mars 2011

El nadar ahogado


¿Un cuerpo?
¿Ser cuerpo?
Arder. Mover. Ser agua. Estar roto con felicidad.
Verde rojo. Estremecerse.
Adaptate.
Flotar a la deriva.
Arriesgarse.
Pelear con una mesa.
Intentar ponerse de pie, encontrar la verticalidad
Pelear con el piso, la horizontalidad
Ser materia.
Sacudir los elementos del vestuario.
Escupir.
Pelea de gatos.
Contacto – con tacto
Material de plástico
Ser agua sin respiración – ahogar
Las mellizas a punto de nacer
Presas de la placenta
La lucha por salir
La lucha por ponerse de pie
Ser cuerpo
La muerte de la una
La lucha de la otra
El ahogo insuperable
La desaparición de
Ambas
En la misma nada del nadar ahogado
Acuático
Umbilical
El arrastro caído
La victoria
Sueño de regresión
Venitas de colores alegres
Hasta perder el rastro de todo rostro
Hasta enloquecer
Hasta el placer
Del desaparecer
Desapareció el ser
La creencia del ser
Existir – bailar
Guiñapo – carcajada
Puerta
Más allá de que todos caminen hacia el otro lado
Igual si
No hay llave para las orejas
Sofá




La nage noyée

Un corps ?
Etre corps ?
Bruler. Bouger. Etre eau. Etre cassé Dans la joie.
Vert rouge. Frissonner
Adapte-toi
Flotter à la dérive.
Prendre des risques.
Se battre contre une table.
Essayer de se mettre debout, trouver la verticalité
Se battre contre le sol, l’horizontalité
Etre matière.
Secouer les éléments de costume.
Cracher.
Combat de chats.
Contact – avec tact
Matériel plastique
Etre eau sans respiration – noyer
Les jumelles sur le point de naître
Prisonnières du placenta
La lutte pour sortir
La lutte pour se mettre debout
Etre corps
La mort de l’une
La lutte de l’autre
La noyade indépassable
La disparition de
Chacune
Dans le même néant de la nage noyée
Aquatique
Ombilicale
L’arrachement tombé
La victoire
Rêve de régression
Petites veines de couleurs gaies
Jusqu’à perdre la trace de tout visage
Jusqu’à devenir fou
Jusqu’au plaisir
De la disparition
L’être a disparu
La croyance de l’être
Exister – danser
Chiffon – éclat de rire
Porte
Malgré que tous marchent vers l’autre côté
Même si
Il n’y a pas de clé pour les oreilles
Divan

vendredi 25 février 2011

Eclipse total


Fui luz y todo
Lo otro
Luz en la oscuridad
Y oscuridad sin luz alguna
Del eclipse total

Pensé que nunca más
Semejante negrura
Hubiera podido volver a brillar
De la más mínima manera
Del eclipse total

Pensé que sólo luz
Del eclipse total
Salí
Pensé salir
Cuando casi deslumbrada
De tanto sol
Al otro lado del mundo
Deslumbrada por el vivir, el bailar, el alcohol
Volví a chocar
Franqueé aquella puerta cegadora
Aquella puerta olvidada
De lo que es
Estar en el mundo
De lo que es

El eclipse total, no del alma
Sino del cuerpo puesto adentro del mundo
El eclipse total del choque de los cuerpos equivocados
De dos cuerpos ciegos
De alguna que otra ceguera melliza
– Camille Claudel: «Pido la libertad a gritos»
De alguna que otra ceguera de otra violación

El eclipse total del alma
Tempestad del cuerpo
De nuevo caído en el sueño
Del olvido de sí mismo

El eclipse total puesto adentro del cuerpo
Por todos sus huecos
El cuerpo despertado en su nuevo desgaste
El cuerpo despertado en su nuevo error
El cuerpo gastado en el último intento
Del renacer
Inconsciente
De su esencia propiamente
Corporal

Tentativa ciega
Olvidada de la realidad




Eclipse totale

J’ai été la lumière et tout
Le reste
La lumière dans l’obscurité
Et l’obscurité sans la moindre lumière
De l’éclipse totale

J’ai pensé que plus jamais
Une telle noirceur
N’aurait pu briller à nouveau
Ne serait-ce que de la façon infime
De l’éclipse totale

J’ai pensé que seulement la lumière
De l’éclipse totale
Je suis sortie
J’ai pensé que j’allais sortir
Quand presqu’éblouie
Par tant de soleil
A l’autre bout du monde
Eblouie par la vie, la danse, l’alcool
Je me suis cognée encore
J’ai franchi la porte aveuglante
La porte oubliée
De ce qu’est
Etre au monde
De ce qu’est

L’éclipse totale, non de l’âme
Mais du corps mis à l’intérieur du monde
L’éclipse totale du choc des corps erronés
De deux corps aveugles
De quelque aveuglement jumeau
– Camille Claudel : « Je réclame la liberté à grand cris »
De quelque aveuglement d’un autre viol

L’éclipse totale de l’âme
Tempête du corps
A nouveau tombé dans le rêve
De l’oubli de soi-même

L’éclipse totale mise à l’intérieur du monde
Par toutes ses trous
Le corps réveillé dans sa nouvelle démolition
Le corps réveillé dans sa nouvelle erreur
Le corps abîmé dans la dernière tentative
De renaissance
Inconsciente
De son essence proprement
Corporelle

Tentative aveugle
Oubliée du réel

jeudi 17 février 2011



Et les béquilles de verre se sont cassées
Et elle n’avait toujours pas de jambes
Et elle est tombée

Absolument



Y las muletillas de vidrio se rompieron
Y todavía no tenía piernas
Y se cayó

Absolutamente


jeudi 10 février 2011

Souillées


Ton ventre – Pétrifié
Toute la douleur – Du monde
Du ravage
De l’absence – De la chair de la mère
Disparue
Dans l’obscène – Menaçant et dégueulant
Qui violente
Fait le viol de la mémoire féminine
Inscrit et perpétré
Dans la chair vulnérable et immonde
Des enfants qui n’auront pas pu naître
Des petites filles souillées
Et oubliées




Ensuciadas

Tu panza – Petrificada
Todo el dolor – Del mundo
Del desgaste
De la ausencia – De la carne de la madre
Desaparecida
Dentro de lo obsceno – Amenazador y vomitador
Que violenta
Hace la violación de la memoria femenina
Inscrita y perpetrada
Dentro de la carne vulnerable e inmunda
De los niños que no habrán podido nacer
De la niñas ensuciadas
Y olvidadas

jeudi 3 février 2011

Sentir


Parece verano. Parece otra vida. Otro cuerpo.
El planeta gira sin que nadie se de casi cuenta.
Y sin embargo, cuando uno le da la vuelta al planeta,
ya empieza todo
a aparecer
de otra manera.
Fuerte.
Superando lo que es el propio ser. Como si, durante el tiempo del viaje,
la geografía superara la ontología – la física, el pensar.
Cuerpo. Ser cuerpo. Del otro lado del planeta.
Sentir como se llega a ser, como se lleva al ser.
Soy.
Acá. Soy.




Sentir

On dirait l’été. On dirait une autre vie. Un autre corps.
La planète tourne sans que personne ne s’en rende presque compte.
Et pourtant, quand on fait le tour du monde,
tout commence
à apparaître
différemment.
Fort.
Au-delà même de ce qu’est l'être. Comme si, pendant le temps du voyage,
la géographie pouvait dépasser l’ontologie – la physique, la pensée.
Corps. Etre corps. A l’autre bout du monde.
Sentir comme on arrive à être, comme on porte l’être
Je suis.
Ici. Je suis.

vendredi 28 janvier 2011

Amour amor



Je sais que tu me hais
Que tu me hais de t’aimer
En chair – Vrai
De te connaitre

– Tue-moi !




Amor a muerte


Ya sé que me odias
Que me odias por amarte
En carne – Verdadero
Por conocerte (co-nacerte)

– ¡Matame! (vos-yo)

mercredi 19 janvier 2011

Soi



Ce qu’on sait – pas
Ce qu’on est – insu
Soi




Lo que – no – se sabe
Lo que se es – sin saberlo


vendredi 14 janvier 2011


Il y a la fêlure
Qui participe de la création
Et celle qui l’entrave
Celle qui est nécessaire
Et celle qui contredit
Celle mêlée
Et celle aliénée
Celle qui fait vie
Et celle qui est mort
Le feu sacré
Et la cendre
Dionysos
Et Thanatos

Toi
Et moi




Hay la quebradura
Que forma parte de la creación
Y la que la reprime
La que es necesaria
Y la que contradice
La mezclada
Y la enajenada
La que hace vida
Y la que es muerte
El fuego sagrado
Y la ceniza
Dionisos
Y Tanatos

Vos
Y yo

mercredi 5 janvier 2011



C’est l’origine de la chair. La chair émouvante, la chair blanche et imberbe, tendre – de l’enfant. C’est à la fois l’homme, presque le vieil homme, et l’enfant, nouveau-né, tout petit, tout fragile. C’est tous les âges. Toutes les couches du sensuel épidermique et intellectif. La poésie. La peau qui aime. Que j’aime, toi. Ma seule connaissance.




Es el origen de la carne. La carne conmovedora, la carne blanca e imberbe, tierna – del niño. Es a la vez el hombre, casi el anciano, y el niño, recién nacido, pequeñito, frágil del todo. Es todas las edades. Todas las capas de lo sensual epidérmico e intelectivo. La poesía. La piel que ama. Que amo, vos. Mi solo conocimiento.