vendredi 3 août 2012

Encuentro por el tiempo (VIII)


Había mucha gente en el tren. Un tren de noche. Estaba arrinconada ella en un asiento de los de entre cuatro. No le gustaban para nada esos asientos. Nunca. Aire. Por eso también la acompañaba el libro de Michela Marzano, que le había recomendado una amiga de la infancia, Leve como una mariposa. Había tomado la mochila grande. La del viaje a Formentera en junio de 2008. Para escapar - intentar - de la muerte. Había tomado la mochila grande y no la valija. Por lo del movimiento. Para sentirse más libre. Para intentar parecerse lo más posible a eso que sentía que estaba conquistando en ese momento de ella: un cuerpo sin preocupación de imagen. Sólo con preocupación de comodidad sensorial.

Casi no se acordaba de eso de Barcelona. De eso que él la hubiera llamado, algún verano, desde Barcelona. Para decírselo. Qué estaba allá. Dedicárselo. Cuando había ido con la novia. Y no con ella. A visitar la Casa Pedrera. No se acordaba ella. Casi no. Pero le había conmovido mucho, eso sí, que él se lo hubiera recordado. Se lo hubiera insistido.

Se sentía apretada en el tren. Aún más porque no correspondía para nada aquel rincón ni siquiera rincón - soledad en el sentido etimológico: lugar para uno - con lo que sentía en ese momento de la apertura de su ser. Y era que esta apertura había sido otra conquista. De la pelea mental. De haberle tenido miedo al desencuentro corporal. De haber tenido miedo a que al fin y al cabo de él viniera el desencuentro. Ya que ya no de ella. De cierta ausencia corporal. De él. De haber tenido miedo a que después de haber conseguido superar la limitación de ella, le tocara comprobar que la limitación también era de él. Le había dado miedo. Como volver a enfrentarse a la misma moneda sino por la otra cara. No quería. Le daba bronca. Se sentía atrapada en la misma red de antes. Pero ya no por ella, sus cosas, sino por el otro. El. No quería. Y a la vez lo quería amar. El.

Y era que temía también que él no fuera consciente de ello. De eso que sentía ella. La retensión emocional y corporal de él, disfrazada por cierta tendencia a la burla y la ligereza. Temía que él quisiera apostar a eso de la ligereza. Cuando ella se había reconocido en el tango. Cuando ella había aceptado la cercanía/confusión entre la felicidad y la nostalgia, el placer y el dolor. Cuando ella por fin se había reconocido dentro del cuerpo propio, de la carne de ella. Dentro/como carne/cuerpo dañado/dolorido. Cuando había conseguido por fin aceptarlo. Identificarse con ello. Unificarse. Por fin. Cuando había conseguido por fin entender que en eso mismo radicaba la posibilidad del encuentro amoroso. Acepto que me duele, acepto que necesito que me curen. Te necesito a vos porque ya acepté el ser limitada. Porque ya no me da miedo ni bronca conmigo misma. Porque ya estoy lista para vincularme con otro. Porque esto necesito y quiero. Porque ya entendí qué es ser humana. Qué es ser mujer. Acepto. Aceptaré. Cuando había conseguido por fin entender eso de la falta. Eso de la falta esencial. De la falta como esencia. Humana. Femenina - aún más. Cuando ya había entendido/sentido eso del andrógino de Platón. Eso de la plenitud alcanzable no más mediante/con el otro - y no más que momentáneamente. Ya me puedo unir porque ya acepté que soy incompleta.

Y le daba miedo que él no supiera ya estas cosas. Que no estuviera ya en capacidad de entregarse al unirse. Y era que también había conseguido por fin ententer el por qué de la inquietud suya que no paraba después de los encuentros de los cuerpos - que no eran encuentros, por eso. Y que le daba miedo. A que hipotecara ya la posibilidad de relación - de cualquier forma de la relación amorosa. «No hay más que cuerpo.» Ya sabía. Ya lo había tenido que saber.

Cuando quería ella, necesitaba, darle alguna oportunidad al otro, confiar. Intentar. Cuando ya no quería que las cosas feas le dieran siempre la razón. Cuando ya quería equivocarse - que el otro le demostrara que su miedo era equivocado. Experimentar que alguién le mostrara que no podía solucionar siempre ella sola todos los miedos no más con romper con todo. Cuando ya quería que alguién le regalara sorpresas de las no malas. Cuando era el momento en que quería creer que él podía. Que él podía ser. Cuando quería. Creer. Eso sí.

Por eso la pelea con el miedo. Y la victoria, en el momento de haberse subido al tren, sobre dicha pelea: aquel estado de apertura del ser. Por eso sentía mucho la falta de espacio en aquel asiento de entre cuatro. Y a la vez la curiosidad de ir a la ciudad de él. Que no conocía ella.

Y bajaron viajeros. Y se hizo más ancho el espacio. Más respirable.
Se estaba acercando ella. A él.








Rencontre à travers le temps (VIII)
 
Il y avait beaucoup de monde dans le train. Un train de nuit. Elle était recroquevillée dans un siège de ceux qui vont par quatre. Elle n’aimait pas du tout ces sièges. Jamais. De l’air. C’était pour ça aussi qu’elle était accompagnée par le livre de Michela Marzano, que lui avait recommandé son amie d’enfance, Légère comme un papillon. Elle avait pris son grand sac à dos. Celui du voyage à Formentera en juin 2008. Pour échapper - essayer - à la mort. Elle avait pris son grand sac à dos et pas sa valise. Pour le mouvement. Pour se sentir plus libre. Pour essayer de ressembler le plus possible a ce qu’elle sentait qu’elle était en train de conquérir à ce moment-là d’elle-même : un corps sans souci d’image. Dans le seul souci du confort sensoriel.
 
Elle ne se souvenait pas bien de cette affaire de Barcelone. Du fait qu’il lui ait téléphoné, un été, de Barcelone. Pour le lui dire. Qu’il y était. Le lui dédier. Alors qu’il y était allé avec sa copine. Pas avec elle. Visiter la Pedrera. Elle ne s’en souvenait pas. Pas bien. Mais ça l’avait beaucoup touchée, ça oui, qu’il le lui ait rappelé. Qu’il ait insisté à le faire.
 
Elle se sentait à l’étroit dans le train. Encore plus parce que ce petit coin, qui n’était pas même un recoin - solitude dans le sens étymologique : endroit isolé -, ne correspondait absolument pas à ce qu’elle ressentait à ce moment-là de l’ouverture de son être. Une ouverture qui avait encore été une conquête. Celle sur la bataille mentale. Celle d’avoir eu peur du desencuentro des corps. D’avoir eu peur que finalement ce soit de lui que vienne le desencuentro. Puisque ce n’était plus d’elle. D’avoir eu peur d’une certaine absence corporelle. De lui. D’avoir eu peur qu’après être parvenue à dépasser sa propre limite, il lui faille observer que la limite était aussi en lui. Ça lui avait fait peur. Comme avoir à se confronter au revers de la même médaille. Elle ne voulait pas. Ça la mettait en colère. Elle se sentait prise dans le même filet qu’avant. Pourtant plus à cause d’elle, de ses choses, mais de l’autre. Lui. Elle ne voulait pas. Et en même temps elle voulait. L’aimer. Lui.
 
En plus elle craignait qu’il ne soit pas conscient de ça. De ce qu’elle sentait. Sa rétention émotionnelle et corporelle, à lui. Camouflée par une certaine tendance au rire et à la légèreté. Elle craignait qu’il ne veuille miser sur la légèreté. Alors qu’elle s’était reconnue dans le tango. Alors qu’elle avait accepté la proximité/confusion entre la joie et la nostalgie, le plaisir et la douleur. Alors qu’elle avait enfin pu se reconnaître dans son corps propre, sa chair à elle. Dans/comme chair/corps blessé/douloureux. Alors qu’elle était enfin arrivée à l’accepter. A s’identifier. A ça. S’unifier. Enfin. Alors qu’elle avait enfin réussi à comprendre que c’était là que reposait la possibilité de la rencontre amoureuse. J’accepte que j’ai mal, j’accepte qu’on me soigne. J’ai besoin de toi parce que j’ai accepté que je sois limitée. Parce que ça ne me fait plus peur ni ne me met plus en colère contre moi. Parce que je suis enfin prête à me relier à un autre. Parce que c’est ce qu’il me faut et ce que je veux. Parce que j’ai fini par comprendre ce que c’est qu’être humaine. Ce que c’est qu’être femme. J’accepte. J’accepterai. Alors qu’elle était enfin parvenue à comprendre cette chose du manque. Cette chose du manque essentiel. Du manque comme essence. Humaine. Féminine - encore plus. Alors qu’elle avait compris/senti cette histoire de l’androgyne de Platon. Cette chose de la plénitude atteignable seulement à travers/avec l’autre - et seulement momentanément. Maintenant je peux m’unir car j’ai accepté que je suis incomplète.
 
Et elle avait peur qu’il ne sache pas encore ces choses. Qu’il ne soit pas encore en capacité de s’en remettre à l’union. Parce qu’elle était aussi parvenue à comprendre le pourquoi de son inquiétude qui n’arrivait pas à s’arrêter malgré et après les rencontres des corps - qui n’étaient pas des rencontres, c’était pour ça. Et qu’elle avait eu peur. Que ça hypothèque la possibilité de relation - de toute forme de la relation amoureuse. « Il n’y a que le corps. » Elle le savait bien. Il avait déjà bien fallu qu’elle l’apprenne.
 
Alors qu’elle avait tellement envie, tellement besoin, de donner sa chance à l’autre, faire confiance. Essayer. Alors qu’elle ne voulait plus que les mauvaises choses lui donnent toujours raison. Alors qu’elle voulait enfin se tromper - que l’autre lui démontre que sa peur était erronée. Faire l’expérience que quelqu’un lui montre qu’elle ne pouvait pas toujours tout résoudre toute seule juste en coupant avec tout. Alors qu’elle voulait enfin que quelqu’un lui fasse des surprises de celles qui ne sont pas mauvaises. Alors que c’était le moment de croire que lui pouvait. Que ça pourrait être lui. Alors qu’elle voulait. Croire. Ça oui.
 
C’était pour ça, la bataille contre la peur. Et la victoire, quand elle était montée dans le train, sur cette bataille : cet état d’ouverture de l’être. C’était pour ça qu’elle ressentait vraiment le manque d’espace dans ce siège de ceux qui vont par quatre. Et en même temps la curiosité d’aller dans sa ville à lui. Qu’elle ne connaissait pas.
 
Et les voyageurs sont descendus. Et l’espace s’est fait plus grand. Plus respirable.
Elle s’approchait. De lui.