dimanche 30 août 2015

POEMA DEL MAR (2)




(2) COSIENDO 

Navegamos otra vez
Cuidando
De no acercarse demasiado
A los barquitos de los niños
Volviendo a la gran urbe

Con el viento por delante
Cambiando las velas de un lado para el otro
Con el sol potentísimo
La piel rojiza del día anterior

Le daba la sensación de volar a ella
Mientras que él cuidaba de las velas
Hasta que

Se enredó la cuerda
Mal
La cuerda de la vela grande
La que se agarra del mástil

Dijo él que nada
Que no pasaba nada
Ella no sabía
No podía saber
Pensaba
A solas

Le dijo a él que se tomara todo el tiempo que hiciera falta
Sin saber nada

Cortó la cuerda con el cuchillo él

Para arreglarla habría que coser otra cuerda
A la recién cortada

Coser
Un hombre
En un barco
Nada que ver con la abuela de ella
Cortando y cosiéndole la ropa a su hijo
Un hombre, en un barco, cosiendo una cuerda con otra

¿Quién sabe de barco?
¿De los hombres de barco?
Ella no sabía
Sólo andaba descubriendo el Nuevo Mundo
Sin tener que cruzarse el Atlántico sola
Esa vez
En el ombligo mismo
Del Mediterráneo
De a dos

Se fue al sueño
Le dejó a él con la costura del navegar
Y otra vez fue acogida
A través del hombre que cosía cuerdas

Cuando el estruendo
De la vela de delante – la que va sin mástil
El estruendo casi de terremoto
Desencadenado sin más por el viento y los roces

El estruendo
El miedo – de cuando no se sabe
La sonrisa de él
Pidiendo disculpas
Esquivando buques
Las toneladas de mercancía, el petróleo, el capitalismo

El vuelo de él
De vuelta a la gran urbe
El saludo al dedo mentiroso de la estatua de Colón
Señalando las Américas del Mediterráneo

Y la ducha
Con el tubo de agua
En el mismo muelle
Como le gustaba a él
Como le gustó a ella
Con él

Juntos
Entrando y saliendo del barco
Pisando el mar y la tierra
La vela y el mástil
La duda
Y la certeza
 



 


(2) COUDRE 

On a navigué à nouveau
En faisant attention
A ne pas s’approcher trop près
Des bateaux des enfants
De retour vers la grande ville

Avec le vent de face – au près
Changeant les voiles d’un côté à l’autre
Avec un soleil de plomb
La peau rougie de la veille

Elle avait l’impression de voler
Pendant qu’il s’occupait des voiles
Jusqu’à ce que

La corde s’est enroulée
Pas comme il aurait fallu
La corde – drisse – de la grand-voile
Celle qui est accrochée au mât

Il a dit que ce n’était rien
Que tout allait bien
Elle ne savait pas
Elle ne pouvait pas savoir
Elle pensait
Dans son coin

Elle a dit qu’il pouvait prendre tout le temps qu’il lui fallait
Elle ne savait pas

Il a coupé la corde – la drisse – avec son couteau

Pour réparer il faudrait coudre une autre corde
A celle qui venait d’être coupée

Coudre
Un homme
Sur un bateau
Rien à voir avec sa grand-mère
Qui coupait et cousait les vêtements de son fils
Un homme, sur un bateau, qui cousait une corde à une autre

Que sait-on des bateaux ?
Des hommes de bateau ?
Elle ne savait pas
Elle était juste en train de découvrir le Nouveau Monde
Sans avoir à traverser l’Atlantique toute seule
Cette fois
Dans le nombril même
De la Méditerranée
D’être à deux

Elle est allée vers le sommeil
L’a laissé à la couture de la navigation
Et à nouveau elle a été reçue
A travers l’homme qui recousait les cordes

Quand le fracas
De la voile avant – celle qui n’a pas de mât
Un fracas comme de tremblement de terre
Déchainé juste par le vent et les frottements

Le fracas
La peur – de quand on ne sait pas
Son sourire à lui
S’excusant
Esquivant les paquebots
Les tonnes de marchandises, le pétrole, le capitalisme

Le vol
Le sien à lui
De retour à la grande ville
Saluant le doigt menteur de la statue de Colomb
Pointant les Amériques de la Méditerranée

Et la douche
Avec le tuyau d’arrosage
Sur le ponton
Comme il aimait
Comme elle a aimé
Avec lui

Tous les deux
Entrant et sortant du bateau
Sur la mer et sur la terre
La voile et le mât
Le doute
Et la certitude



mercredi 5 août 2015

POEMA DEL MAR (1)




(1) DOS VELAS
 
Hemos ido en un barco
De dos velas
Y sólo un mástil 

Hemos ido en un barco
Y yo no sabía de barco
Sólo de mar 

Hemos ido en un barco
Y no se salía nunca de la ciudad
Y las gaviotas en los muelles pintados de grafitis 

Cuando se pudo cortar por fin el motor
Abrir las velas, las dos
Y sólo quedó la respiración del mar
Su silencio
De viento 

Navegamos
Despacito
Como quien se entrega por primera vez a otro cuerpo
Como manda el viento que cuida de los primeros pasos 

Navegamos
Y quien nunca consigue sueño
Pudo dormir
Ahí
Dentro de la cuna de la parte delantera del barco
Rendida completamente al hombre que navegaba
Al balanceo de las olas
Al pulmón de las velas 

Navegó el sueño
Y despertó al mar 

Y se tiraron al agua
Después de la áncora
Y conocieron el vuelo de las medusas
Curiosas 

Y se tiraron el uno al otro
Mar adentro
En la cuna del barco 

Quedaba cerca el puerto
Bajaron las dos velas
Se deslizaron con el motor
Hasta la gasolinera de madera donde amararon el barco 

Fue a lavarse el pelo ella
Hacía días que no se lavaba el pelo
En la ducha de la capitanía
Pudo por fin
Desenredarse la cabeza
A su ritmo
Lento
Sentada en las baldosas chiquilinas de la ducha sin puerta
Observando de reojo a aquella mujer mayor desnuda
Luchando para no dejarse arrastrar por la locura de su abuela materna
La de su madre 

Se desenredó el pelo
Se puso crema
El cuerpo regenerado por aquel cansancio desconocido
Del bienestar del mar
Desde encima 

Al salir lo vio a él
Ya en otro velero
Ya conociendo a otra gente
Siguiendo dándole más vida a la vida
Más amor
Se subió con ellos 

La noche
En aquel puertecito
No tenía nada que ver con la noche de la gran urbe
Casi ni un mosquito 

Desayunaron tranquilos
Se fueron tranquilos
Sacando fotos ella
Acordándose de su padre 

Por los optimistas






(1) DEUX VOILES
 
On a été dans un bateau
A deux voiles
Et juste un mat

On a été dans un bateau
Et je ne connaissais rien aux bateaux
Juste la mer

On a été dans un bateau
Et jamais on ne sortait de la ville
Et les mouettes sur les digues couvertes de graffitis

Quand on a enfin pu couper le moteur
Ouvrir les voiles, les deux
Et qu’il n’y a plus eu que la respiration de la mer
Son silence
De vent

On a navigué
Doucement
Comme quand on se donne pour la première fois à un autre corps
Comme en décide le vent qui prend soin des premiers pas

On a navigué
Et celle qui n’arrive jamais à dormir
A dormi

Dans le berceau de l’avant du bateau
Complètement abandonnée à l’homme qui naviguait
Au balancement des vagues
Au poumon du vent

Le sommeil a navigué
Et s’est réveillé dans la mer

Et ils se sont jetés à l’eau
Après l’ancre
Et ont connu le vol des méduses
Curieuses

Et ils se sont jetés l’un dans l’autre
En pleine mer
Dans le berceau du bateau

Le port était tout près
Ils ont baissé les deux voiles
Ils ont glissé avec le moteur
Jusqu’à la station-essence en bois où amarrer le bateau

Elle est allée se laver les cheveux
Ca faisait des jours qu’elle ne se lavait pas les cheveux
A la douche de la capitainerie
Elle a pu enfin
Démêler sa tête
A son rythme
Lentement
Assise sur les minuscules carreaux de carrelage de la douche sans porte
Observant du coin de l’œil la vieille femme nue
Luttant pour ne pas se laisser entrainer par la folie de sa grand-mère maternelle
Celle de sa mère

Elle s’est démêlé les cheveux
S'est mis de la crème
Le corps régénéré par cette fatigue inconnue
Du bien-être de la mer
Du dessus

Quand elle est sortie elle l’a vu
Déjà sur un autre voilier
Déjà à connaître d’autres gens
Toujours à donner plus de vie à la vie
Plus d’amour
Elle est montée avec eux

La nuit
Dans ce petit port
N’avait rien à voir avec la nuit de la grande ville
Presque pas de moustiques

Ils ont pris paisiblement le petit-déjeuner
Ils sont partis paisiblement
Elle prenait des photos
Pensait à son père

A cause des optimistes