vendredi 23 juillet 2010

Au-delà du satin (I) - L'entrave


Ca boite. Il y a un pied, le gauche, chaussé d’une pointe. L’autre, boite. Le corps est vêtu de voile couleur chair. Une vieille combinaison comme mettaient autrefois les femmes, sous leurs robes. Trop grande. Ca flotte. Le corps flotte. Le corps monte sur l’estrade et s’assoit par terre. C’est pénible. Il faut le faire. Bander la cheville nue. La cheville qui boite. Elle bande. Elle bande et il y a la colère. La colère parce qu’il faut danser –il faut danser–, et qu’il y a encore la blessure. Toujours, la blessure. Paradoxe. Qui dit – La nécessité – Douloureuse – Profonde – Intérieure – Ontologique. Elle bande la cheville et regarde les gens. Il y a la colère. Elle se lève. Péniblement. Elle se lève et, les mains à terre, étire les jambes et les chevilles. Les mains passent sous les voutes plantaires. Elle étire les jambes, les deux, chacune à son tour, la pointe et la bande, le canon et la blessure. Elle se redresse. Complètement. Elle marche. Se place. Première. Dégagé. Devant, seconde, derrière. La jambe de la pointe, en avant. Le corps relâche. Le pied de la pointe cherche un autre jeu. Se distrait. Une danse commence. Une danse. Mais non. Ce n’est pas la danse. Cette danse n’a pas, d’autorité. Elle arrête tout. Rond de jambe en l’air. Devant, seconde, derrière. Attitude. Bras couronne. Equilibre. Ca tient. Ca dure. Ca dure. Equilibre. Pourquoi ? Elle reste. Rien du corps ne bouge, ne vit, ne respire. Les yeux commencent à chercher. Rien. Les bras lâchent et tombent. La jambe reste encore. Encore un peu. Puis tombe à son tour. Qu’est-ce que cette jambe figée en l’air ? Il faut marcher. Elle commence à marcher. Elle marche. Elle marche mais quelque chose commence à résister. Quelque chose résiste à ce que la marche avance. Comme ça. La pointe refuse de laisser la jambe passer devant. Pour continuer, la marche. La pointe tire en arrière, vers le bas, déséquilibre. Il y a résistance devant l’inévitable, et puis, l’inévitable, la chute, le tour au sol. Se recroqueviller. Se rassembler. Comprendre ce qui se passe. Quel est ce corps. Quel est cet élément qui fait entrave. Comprendre – Pour faire face. Elle se relève. Recommence. Plus fort. Plus fort. Avec plus d’obstination. Rien y fait. Elle retombe, retourne. Elle se relève, regarde ce pied dans cette pointe, apprivoise cette jambe contre sa poitrine, interroge ce pied enfermé, en frappant contre la pointe. Non. Rien y fait. Elle se recentre. Il faut éjecter la jambe. Elle éjecte la jambe, dans un râle. Elle éjecte, éjecte, râle. Par devant, sur le côté, la tête se révulse vers l’arrière, contrebalance cette jambe à éjecter. Et encore, vers l’arrière, vers le haut, arracher cette jambe. Rien y fait. La pointe résonne. Et puis la pointe se fait piquet. Et quelque chose d’autre devient possible. Quelque chose qui ressemble à une marche – bancale. Plus ça pique et plus l’autre jambe peut monter, haut, libre. Il y a ce balancier de bas en haut, d’une jambe sur l’autre, à l’autre. La pointe redevient celle de la danseuse classique. Une arabesque se lève, ça danse, quand, à l'endroit du talon de satin, ça glisse. Ca glisse et entraîne tout le corps, au sol, à nouveau. A nouveau. A terre. Sol. L’idée de l’arabesque sur pointe, mais, au sol. Et le satin de la pointe qui de nouveau empêche l’équilibre, glisse à terre. Tout glisse. Rien ne tient. Elle se relève. Mais la jambe de la pointe est devenue raide, inflexible. Toute la jambe s’est faite de bois. Elle danse. Tourne autour de cette jambe, éprouve le déséquilibre du corps en mouvement, par delà la jambe. Et cette jambe est à nouveau celle de la danseuse classique. Petits battements, de plus en plus rapides, mécaniques. Et cette jambe s'épuise, l’épuise. Et cette jambe n’a pas de sens. D’âme. De chair. Elle s’assoit par terre. Eprouve la jambe bandée. Elastique. Une jambe qui se plie et s’allonge, retombe dans la mollesse de la chair. Quand l’autre n'est, qu'inflexible, raide. Quand rien ne peut en venir à bout. La jambe bandée est déliée dans toute la flexibilité de la main. Et l’autre, ne peut qu’être hissée, péniblement, pour retomber roidement, dès qu’elle est lâchée. Cette jambe est l’oppression, le carcan, l’entrave, la fixité, la rétention. Elle libère le pied. Commence à enlever la pointe.



Más allá del satín (I) – La traba

Cojea. Hay un pie, el siniestro, calzado por una punta. El otro cojea. El cuerpo está vestido por un velo color carne. Una vieja enagua como se ponían antaño las mujeres, debajo de los vestidos. Demasiado grande. Flotea. El cuerpo flotea. El cuerpo se sube a la estrada, y se sienta en el piso. Es penoso. Hay que hacerlo. Vendar el tobillo desnudo. El tobillo que cojea. Venda. Venda y está la ira. La ira porque hay que bailar –hay que bailar–, y que otra vez, está, la herida. Siempre, la herida. Paradoja. Que dice – La necesidad – Dolorosa – Honda – Interna – Ontológica. Venda el tobillo y mira a la gente. Está la ira. Se levanta. Penosamente. Se levanta, y, las manos en la tierra, estira las piernas, y los tobillos. Las manos se ponen debajo de las plantas de los pies. Estira las piernas, las dos, cada una a su vez, la punta y la venda, el cañón y la herida. Se endereza. Completamente. Camina. Se coloca. Première. Dégagé. Delante, secunda, atrás. La pierna de la punta, adelante. El cuerpo relaja. El pie de la punta busca otro juego. Se distrae. Se inicia una danza. Una danza. Pero no. No es el baile. Esta danza no tiene, autoridad alguna. Se para todo. Rond de jambe en el aire. Delante, secunda, atrás. Attitude. Brazos couronne. Equilibrio. Se sostiene. Dura. Dura. Equilibrio. ¿Para qué? Se queda. Nada del cuerpo se mueve, vive, respira. Los ojos empiezan a buscar. Nada. Los brazos relajan, sueltan, caen. La pierna se queda todavía. Todavía un poco. Y cae a su vez. ¿Qué es esta pierna fijada en el aire? Hay que caminar. Empieza a caminar. Camina. Camina, mas algo empieza a resistir. Algo resiste a que avance la caminata. Así. La punta se niega a dejar que pase la pierna hacia adelante, para seguir, la caminata. La pierna arrastra hacia atrás, hacia abajo, desequilibra. Hay resistencia enfrente de lo inevitable, y luego, lo inevitable, la caída, la vuelta, en el piso. Encogerse. Reunirse. Entender qué es lo que está ocurriendo. Cuál es ese cuerpo. Cuál es ese elemento que hace traba. Entender – Para enfrentar. Se vuelve a levantar. Vuelve a empezar. Más fuerte. Más fuerte. Con más obstinación. Nada le hace nada. Vuelve a caer. Vuelve a dar la vuelta. Se vuelve a levantar, mira este pie en esta punta, doma esta pierna contra su pecho. No. Nada le hace nada. Se vuelve a centrar. Hay que eyectar esta pierna. Eyecta la pierna, en un estertor. Eyecta, eyecta, en un estertor. Hacia adelante, de lado, la cabeza reveliendo hacia atrás, contrabalanceando esta pierna que eyectar. Y otra vez, hacia atrás, hacia arriba, arrancar esta pierna. Nada le hace nada. Resuena la punta. Y se hace piquete la punta. Y algo otro se hace posible. Algo que se parece a una caminata – tambaleante. Más se hace el piquete más se puede alzar la otra pierna, alto, libre. Hay este balanceo de arriba abajo, de una sobre otra pierna, en otra. La punta vuelve a ser la de la bailarina clásica. Algún arabesque se levanta, baila, cuando, en el lugar del talón de satín, se desliza. Se desliza, y lleva todo el cuerpo en el piso, de nuevo. De nuevo. En tierra. Piso. La idea del arabesque en punta, pero en el piso. Y el satín de la punta que otra vez impide el equilibrio, se desliza en la tierra. Todo se desliza. Nada se mantiene. Se vuelve a levantar. La pierna de la punta se ha hecho rígida, inflexible. Toda la pierna se ha hecho de madera. Baila ella. Gira alrededor de esta pierna, experimenta el desequilibrio del cuerpo en movimiento. Y esta pierna vuelve a ser la de la bailarina clásica. Petits battements, cada vez más rápido, mecánico. Y esta pierna se agota, la agota. Y esta pierna no tiene sentido. No tiene alma. Carne. Se sienta en el piso. Experimenta la pierna con venda. Elástica. Se dobla y se estira, recae en la blandura de la carne. Y la otra es inflexible, rígida. Nada puede con ella. La pierna vendada está desligada adentro de toda la flexibilidad de la mano. La otra no puede más que ser alzada penosamente, para recaer rígidamente, en cuanto se suelta. Esta pierna es la opresión, la camisa de fuerza, la traba, la fijeza, la retensión. Libera el pie ella. Empieza a quitar la punta.

mardi 20 juillet 2010




Ta peau aime

J’aime ta peau

- Poème -




Tu piel ama

Amo tu piel

- Poema – Piel-ama -