samedi 26 mai 2012

Encuentro por el tiempo (IV)


Era impresionante cuanto no había cambiado él. Físicamente. Cuanto no se había alterado ni ensombrecido con el paso de los años. Cuanto era igual de encantador y solar. Divertido y amable. Y a la vez, se notaba algo diferente dentro de la presencia. Mucho más efectiva. Comprometida. Se notaba enseguida que ya no era aquella nube. Que tenía aspiraciones, certidumbres construidas por la investigación. Se notaba que le había pasado vida. Y que le había hecho bien. Que eso le había dado peso. Que ya era hora de dejar de echarse a la nada. Y como ella tampoco quería más echarse a la nada, algo ya cuajaba. 

Parecía que había venido a casa de ella - y no tanto a lo de su prima. A visitar su casa. A quedarse ahí. Ella no entendía muy bien de qué se trataba. Por eso dejaba que se hiciera eso mismo que no sabía muy bien ni qué era, ni por qué, ni nada. Dijo él que la casa al revés, la suya, de colores, era muy suya. Ella no sabía que él tuviera algún concepto de ella. Le gustó. Siempre había pensado que él no la había visto para nada. Que sólo ella había estado mirándole. Hasta - igual que siempre - perder la imagen propia. La suya, la de ella. Así que la casa era muy suya. Mirá vos. 

Abrieron vino. A ella le pareció que era muy temprano para vino. ¿Para borrar las cosas, o compartir más rápido? De esto se trataba. Ya sabía. Y le daba miedo. Inclusive si no sabía muy bien por qué. A volver a enamorarse, claro. En fin. Se dejó llevar. Tampoco tenía tanta costumbre a sentirse espectadora de las cosas. Y menos en su misma casa. Ella que había atravesado sola la guerra. No estaba acostumbrada a que fuera otro quien propusiera alternativa, y menos al aburrimiento. Y menos después de aquellos meses de convivencia con la enfermedad de la normalidad socio-identitaria - normopatía. 

Después de contarse mutuamente lo esencial de este siglo sin contacto, después de haberle enseñado ella el niño muerto, le quiso hacer él la lectura. Le quería leer su libro naciendo. Se lo leyó. El a ella. Igual si no paraba de interrumpirle ella. Porque le gustaba en aquel momento ser quien le molestara algo a él. Porque le gustaba ya no sólo escuchar, sino mezclar algo suyo con la historia de él. Luego quiso también él que escuchara su música. Y ella, como que tampoco tenía tantas ganas de volver a meterse adentro de lo suyo, a que le volviera a gustar. De volver a meterse adentro de aquella memoria. Ya había sabido de sobra que le gustaba. Y total ¿para qué? ¿Para sentirse aun más amputada? Sabía que ya no era lo suficientemente fuerte para soportar alguna que otra amputación. Ni propia ni ajena. Por eso no quería que le gustara tanto su música. No tan así. 

Se besaron en medio de vino. Para eso es el vino. Para besarse las burbujas sin protección de piel. Ella lo sabía muy bien. Igual tenía ganas. Sentía que sí, que las almas tenían ganas de besarse. Mas ¿los cuerpos? De esto no estaba muy segura. Tenía miedo a que no. Por la memoria de lo ya ocurrido con él. Y por la experiencia propia también. El saber que a veces pasa esto: que igual que ocurre que se aman los cuerpos y las almas no se pueden llevar, ocurre que se conmueven las almas sin que los cuerpos amen tocarse. A eso le tenía miedo. Mas también sabía que al cuerpo humano lo hace también lo imaginario. Por bailarina lo sabía. Por la propia historia lo sabía. Por eso no podía no mantener la esperanza. «Una no nace mujer.»  

El cuerpo sujetivo es una conquista del sujeto movido por el deseo. Y no sabía ella si en este nuevo momento tenía con él este deseo. Sentía la muralla alrededor suyo. Por más que hiciera como si se entregara. Mas no como traba. Como necesidad. Nunca más entregarse del todo. A cuerpo perdido. A un desconocido. Nunca más. Un lujo que ya no podía permitirse. Reservas agotadas. Yo soy lo único que tenga. No te lo puedo ni te lo quiero dar. Así. Ya no. Ni a él ni a nadie. Y no era que fuera alterada la generosidad. Sólo que se había conocido la guerra, el embargo, la reclusión. Sólo que se había convivido demasiado sola con la muerte, y que se sabía que aun no se había recuperado del todo. Sólo que ya no se sentía en la emergencia de tener esperanza vana. Si me das, dale. Sino, no estoy 

Durmieron. No durmió nada ella. Sentía demasiada irrealidad. No conseguía hacer la conexión con la realidad - él, acá, deseándola - y el propio sentir, el deseo propio. Estaba desconectada. Del todo. Insomne. Esto duró cuatro noches. Sin que se diera cuenta de la cantidad de tiempo que pasaba. Sólo de lo a gusto que estaba, de lo feliz que se ponía. Entre mucha risa, mucha complicidad, mucha desconexión interna. Y volvió a su ciudad él. Y se fue a Madrid ella.






Rencontre à travers le temps (IV)
 

C’était incroyable combien il n’avait pas changé. Physiquement. Combien il ne s’était pas altéré ni assombri avec le passage des années. Combien il était toujours autant charmant et solaire. Drôle et adorable. Et en même temps, il y avait quelque chose de très différent dans la présence. Beaucoup plus effective. Engagée. On voyait tout de suite qu’il n’était plus ce nuage d’avant. Qu’il avait des aspirations, des certitudes construites par le questionnement. On voyait que la vie lui était passée dessus. Et que ça lui avait fait du bien. Que ça lui avait donné du poids. Que l’heure n’était plus à se jeter au vent. Et comme elle ne voulait plus non plus se jeter au vent, il y avait déjà quelque chose qui collait.  

On aurait dit qu’il était venu chez elle - plus que chez sa cousine. Pour voir comment c’était. Pour y rester. Elle, elle ne comprenait pas très bien de quoi il s’agissait. C’est pour ça qu’elle laissait se faire cela même dont elle ne savait pas très bien ce que c’était, ni pourquoi, ni rien du tout. Il a dit que cette maison à l’envers, la sienne, toute en couleurs, était bien elle. Elle, elle ne savait pas qu’il ait eu un quelconque concept d’elle. Ca lui a plu. Elle avait toujours pensé qu’il ne l’avait absolument pas vue. Qu’il n’y avait qu’elle qui avait pris le temps de le regarder. Jusqu’à - comme toujours - en perdre sa propre image. La sienne, à elle. Alors comme ça, la maison était bien elle. Allons donc. 

Ils ont ouvert du vin. Il lui semblait à elle que c’était un peu tôt pour le vin. Pour diluer les choses, ou partager plus vite ? C’était ça la question. Elle le savait bien. Elle avait un petit peu peur. Même si elle ne savait pas bien de quoi. De retomber amoureuse, bien sûr. Enfin. Elle s’est laissé faire. Elle n’avait pas tant que ça l’habitude d’être spectatrice des choses. Encore moins chez elle. Elle qui avait traversé la guerre toute seule. Elle n’avait pas l’habitude que ce soit un autre qui propose d’alternative. Encore moins à l’ennui. Et encore moins après ces mois de cohabitation avec la maladie de la normalité socio-identitaire - normopathie. 

Après s’être mutuellement raconté l’essentiel de ce siècle sans contact, après qu’elle lui a montré l’enfant mort, il a voulu lui faire la lecture. Il voulait lui lire son livre advenant. Il le lui a lu. Lui à elle. Et pourtant elle n’avait pas cessé de l’interrompre. Ca lui plaisait à ce moment-là de l’embêter un peu. De ne plus faire qu’écouter, mais de mêler ses choses à elle à son histoire à lui. Après, il a encore voulu lui faire écouter sa musique. Et elle, c’était comme si elle n’avait pas complètement envie de se replonger dans ses choses. Que ça lui plaise à nouveau. De se remettre dans cette mémoire-là. Elle savait déjà que ça lui avait trop plu. Et à quoi ça avait servi ? A se sentir amputée encore un peu plus ? Elle savait qu’elle n’était plus suffisamment forte pour supporter une quelconque nouvelle amputation. Ni d’elle-même ni d’un autre. C’est pour ça qu’elle n’avait pas trop envie que sa musique lui plaise. Pas juste comme ça. 

Ils se sont embrassés dans le vin. C’est à ça que sert le vin. A ce que puissent s’embrasser les bulles sans protection de peau. Elle le savait bien. De toute façon elle en avait envie. Elle sentait que oui, que les âmes avaient envie de s’embrasser. Mais les corps ? Elle n’en était pas très sûre. Elle avait peur que non. A cause de la mémoire de ce qui s’était déjà passé avec lui. A cause de sa propre expérience, aussi. Savoir que parfois il se passe ça : que de la même façon que parfois les corps s’aiment alors que les âmes ne peuvent pas se supporter, les âmes peuvent se reconnaitre sans que les corps n’aiment se toucher. C’est de ça dont elle avait peur. Mais elle savait aussi que le corps humain est fait d’imaginaire. Parce qu’elle était danseuse elle le savait. Parce que son histoire était ce qu’elle était, elle le savait. C’est pour ça qu’elle ne pouvait pas non plus ne pas garder espoir. « On ne nait pas femme. » 

Le corps subjectif est une conquête du sujet mu par son désir. Et elle ne savait pas, si à ce moment-là, elle avait ce désir pour lui. Elle sentait la muraille tout autour d’elle. Et pourtant elle essayait de se donner. Mais pas comme entrave. Comme nécessité. Ne plus jamais se donner tout entière. A corps perdu. A un inconnu. Plus jamais. Un luxe qu’elle ne pouvait plus se permettre. Réserves épuisées. Je suis la seule chose que j’aie. Ni je ne peux ni je ne veux te la donner. Voilà. Plus possible. Ni à lui ni à personne. Et ce n’était pas que la générosité soit altérée. Juste que la guerre, l’embargo, la réclusion, étaient passés par là. Juste qu’elle avait été trop seule à cohabiter avec la mort, et qu’elle savait qu’elle n’avait pas encore complètement récupéré. Juste qu’elle ne se sentait plus dans l’urgence d’un espoir vain. Si tu me donnes, d’accord. Sinon, je ne suis pas là. 

Ils ont dormi ensemble. Elle n’a pas dormi du tout. Elle ressentait trop d’irréel. Elle ne parvenait pas à faire la connexion entre la réalité - lui, là, voulant d’elle - et son éprouvé à elle, son désir à elle. Elle était déconnectée. Complètement. Insomniaque. Ca a duré quatre nuits. Sans qu’elle se rende compte de la quantité de temps qui passait. Juste de combien elle était bien, de combien la joie la gagnait. Au milieu du rire, de la complicité, et de beaucoup de déconnexion interne. Et puis il est reparti dans sa ville. Et puis elle est allée à Madrid. 


samedi 12 mai 2012

Encuentro por el tiempo (III)


Y ahí volvió a aparecer él. Ella casi ni se fijo. De tan ocupada en cambiar las cerraduras que estaba. El casi que insistió. Muy raro. Pero ella ya no tenía tiempo para las rarezas. El estaba escribiendo un relato sobre personajes estrafalarios en un bar improbable. Quería que leyera ella. Eso no le sorprendió, ya que últimamente toda la gente que escribía quería que leyera ella. Cuando lo que quería era que la leyeran. Igual leía a esos que querían que los leyera. Igual lo leyó. Inmediatamente reconoció el sabor del lugar donde habían compartido tanto. Entre música, vino, risas, bailes, y todo lo demás. Dijo él que no había pensando en ese lugar al escribir. Bueno. Vos mismo. Tampoco lo del despertar en un piano. Lo que le había inmediatamente recordado a ella aquel día uno de 2004. Pero más vale, no iba a insistir. Si el autor era él. Ella no quería meterse. Igual, luego sí. El dijo que sí. Se acordó. De la esencia. De la escena. Lo que ella había reconocido enseguida ya que era esencia-adicta. No se concentraba en la forma ella, sino en algo más allá, siempre. Por eso había tenido que bailar cada vez más. Reconocer que eso de la danza no era del margen de su vida - sino todo lo contrario, su misma posibilidad. Por la adicción a la esencia. Por la adicción a la esencia había tenido que bailar cada vez más: para no convertirse del todo en vapor. Para intentar entablar y fortalecer el contacto con la Pachamamá.

Ella con la danza, con la vida, con la muerte, con la vida después de la muerte. Había aprendido que ya no quería jugar con el fuego, ni perder el tiempo. Todavía permanecía la sensación de las quebraduras. No era aun del todo la cicatrización. Por más que hubiera emergencia. Por más que hubiera emergencia, ya no podía lanzarse a cualquier cosa. Por más que hubiera emergencia para empezar - ya que ni siquiera se trataba de volver a empezar; sino sólo de empezar, por fin. Después de todo. Después de los años de muerte. Empezar a ganarse la vida. Ningún vacío, ningún segundo, para dedicarle a una nube.

Ella habló de ir a tomar un café. El tenía que ir a Oporto. Pero dijo que iba a venir a verla a su ciudad. Lo que a ella le pareció más que raro. Irreal. Era que ni sabía él, que había vivido ella eso de la muerte. Y como tanta gente se había desinteresado de ella por eso, no podía pensar que tuviera poca importancia. Era que durante estos años, además, casi ni se habían contactado. Ella pensó que daba igual. Que mejor no pensar. No decir nada. Lo que tenía que pasar ya pasaría. Fuera lindo, o no fuera nada. Pensó que no entendía nada. Que debía de ser asunto del Otro: él. No más dijo que se pondría una nariz de clown para encontrarle en la estación. Y eso fue lo que él no se creyó. Igual vino también con nariz. Capaz por las dudas. Se encontraron en el andén. Con sonrisas y paraguas.

El tuvo miedo cuando dijo ella que no tomaba más vino. Y aun más cuando le dijo que quería comprarse un oso de peluche. Lo del vino era mentira. Pero no lo del osito. Que se enterara bien él. Ella estaba en busca de esto. Ya nada de león ni de nube. Un osito suavecito con mucho peso.






Rencontre à travers le temps (III)

Et c’est à ce moment-là qu’il est réapparu. Elle ne s’en est pas vraiment rendu compte. Elle était bien trop occupée à changer ses serrures. Il a eu l’air d’insister. Bizarre. Elle n’avait plus de temps pour les bizarreries. C’est qu’il était en train d’écrire une nouvelle, sur des personnages hauts en couleurs dans un improbable café. Il voulait qu’elle lise. Ca ne l’a pas surprise car dernièrement tous ceux qui écrivaient voulaient qu’elle lise. Elle, ce qu'elle aurait voulu, c'est qu’on la lise. Elle lisait ceux qui voulaient qu’elle lise. Elle a lu. Ca lui a tout de suite rappelé la saveur de l’endroit où ils avaient partagé tant de choses. Au milieu de la musique, du vin, des rires, de la danse, et de tout le reste. Il a dit qu’il n’avait absolument pas pensé à cet endroit quand il écrivait. OK. C’est toi qui sais. Le réveil sur le piano non plus. Même si ça lui avait tout de suite rappelé, à elle, ce jour de l’an 2004. Bon, elle n’allait pas non plus insister. C’était lui l’auteur. Elle ne voulait pas batailler. Et puis, si. Il a dit que si. Il s’est souvenu. De l’essence. De la scène. Elle, elle avait tout de suite reconnu, parce qu’elle était accro à l’essence. Ce n’était pas la forme qui l’intéressait, mais quelque chose d’au-delà, toujours. C’est pour ça qu’il avait fallu qu’elle danse de plus en plus. Qu’il avait fallu qu’elle finisse par reconnaître que la danse n’était pas en marge de sa vie - mais au contraire, sa seule possibilité. Parce qu’elle était accro à l’essence. Parce qu’elle était accro à l’essence, il avait fallu qu’elle danse de plus en plus : pour ne pas se transformer complètement en éther. Pour essayer d’établir et de consolider un lien avec la Pachamama.

Elle était dans sa danse, dans sa vie, dans sa mort, dans sa vie après la mort. Elle avait fini par apprendre qu’elle ne voulait plus jouer avec le feu, ni perdre son temps. La sensation des brisures était encore là. La cicatrisation n’était pas tout à fait terminée. Même s’il y avait urgence. Même s'il y avait urgence à commencer - puisque ce n’était pas de recommencer dont il s’agissait ; juste de commencer, enfin. Après tout ça. Après les années de mort. Commencer à gagner sa vie. Pas le moindre creux, pas la moindre seconde, à consacrer à un quelconque nuage.

Elle a parlé de prendre un café ensemble. Il devait aller à Porto. Il a dit qu’il allait venir la voir dans sa ville. Ca lui semblait excessivement bizarre à elle. Irréel. En plus, il ne savait même pas qu’elle avait vécu cette chose de la mort. Et comme beaucoup de gens l’avaient laissée tomber à ce moment-là, elle ne pouvait pas penser que ça avait peu d’importance. Pendant toutes ces années, ils n’avaient pratiquement pas eu de contact. Elle s’est dit que de toute façon, il valait mieux ne pas penser, ne rien dire. Ce qui devait se passer se passerait. Que ce soit beau, ou que ce ne soit rien. Elle s’est dit qu’elle ne comprenait rien. Que ce devait être quelque chose de l’Autre : lui. Elle a juste dit qu’elle se mettrait un nez rouge pour l’attendre à la gare. C’est ça que il n’a pas cru, lui. Mais il est quand même venu lui aussi avec un nez rouge. Sûrement au cas où. Ils se sont retrouvés sur le quai. Entre sourires et parapluie.

Il a eu un peu peur quand elle lui a dit qu’elle ne buvait plus de vin. Encore plus quand elle lui a dit qu’elle voulait s’acheter un nounours. Le vin, c’était pour de faux. Mais pas le nounours. Que ce soit bien clair. C’était ça qu’elle cherchait. C’était fini le temps des lions et des nuages. Un nounours tout doux avec un vrai poids.




samedi 5 mai 2012

Encuentro por el tiempo (II)


Por eso lo había dejado. No por nada. Ella quería estar con él, claro. Pero él no estaba. ¿Cómo lo hubiera podido hacer? Eso le hacía mal a ella. Recuerdo doloroso de convivencia con ausencia. Tentativa vana de relación más allá de… lo imaginario. Lo dejó. Por eso. Y él, como que qué ni se daba cuenta. De nada se daba cuenta. No dijo nada. Nada. Otra vez, nada. Vacío. Recuerdo doloroso. Otro. De cuando el nacer - igual si en aquel entonces ella no sabía que ése fuera el origen. No hay nadie no soy nadie. Nada. No pasa nada. Ella lo dejó a él, y eso le dolió a ella. ¡Qué bien! Ya nada. Final de juego. Sin Cortázar. Ninguna opción más, para seguir con el cuento argentino.

Cambió de ciudad ella. Cambió de ciudad él. Por una chica. Otra. No por ella. Se quedó años y años con la chica. Muchos. Inclusive vivieron en España. Debía ser que no siempre fuera él semejante ausencia. Debía ser que eso de la ausencia no más tenía que ver con ella. Podía ser. Era muy probable. Ella conoció a hombres en una capital loca. Más que a hombres, conoció a terremotos, incendios, genocidios. Y mientras, entre cada ruina, entre cada ruina que se iba amontonando, entre cada carnicería de hombres y de lo demás, seguía intentando encontrar la manera de encontrarse - a ella misma. Seguía intentando encontrar la manera de salir de la niebla de la ruina. Ya que antes que la cuestión del Otro, sabía my bien que era la cuestión del Uno. Ya había tenido que entenderlo - por la ruina, la suya. Y mientras andaba por ahí, se le tuvo que morir el espejo. Se le tuvo que desaparecer el reflejo. Y perdió la imagen propia. Y empezó a caer. Cada día más. Sin que nadie se diera cuenta. Sin que ella lo pudiera ni remediar ni soportar. Cada vez más. Cada día algo más. Aquello tenía que ser total. Brutal. Igual que el nacer. Igual que el morir. Igual que le había pasado al espejo. Cáncer. Cáncer generalizado del alma en ruina sin espejo. Conoció la muerte. Sola. ¿Es que hay otra manera de conocer la muerte? Vivió la muerte durante años. Algunos. Vivió el sinsentido, también. Soledad visceral. Aislamiento del mundo. Pero no se murió. No. Por más que siguiera el vértigo. Y seguía, el vértigo. ¿Cómo se hubiera parado tan fácilmente eso de la locura a lo bestia?

Justo la madre de su primer hombre acababa de ahorcarse. Justo el león que tenía adentro volvía a sacudirle el cuerpo entero. Justo tenía que tomarse un tren para salir de tanta nueva confusión. Hacer algo para que se adormeciera el león, por un ratito no más. Y ahí, igual que en el mismo origen, volvieron a mezclarse. Eros y Tanatos. Era que ella tenía la esperanza, la necesidad, de que Eros pudiera ganar. Por eso duró. Ella no quería que Tanatos ganara de nuevo. No hubiera podido ser. Por eso le dio tiempo. Le dio esperanza, necesidad. Pero no fue así. ¿Cómo hubiera podido serlo? Volvió la locura a lo bestia por donde menos se la esperaba. Volvió a rondar la muerte. Pero ya no desde adentro. Desde afuera. Desde el Otro, que también puede ser asesino - no siempre sólo el Uno; eso que le costaba tanto entender a ella, de tanto que para ella, más que para cualquier otro, la vida siempre había sido mezclada con la muerte; el Otro - la otra, en este caso - con el asesino; la supervivencia con el odio. Tuvo miedo. Llegó a darse cuenta de que tenía miedo. Mucho miedo. Muchísimo. El cuchillo. Igual que cuando el león en Buenos Aires. Igual. Sintió igual. Se fue. Cambió las cerraduras de casa.

Otra vez. Otra vez el pánico y la soledad. Igual que cuando… Igual si ya no era cuestión de muerte. Sólo de supervivencia. Cuestión de recuperar alguna forma de reposo. Re-piel. La que había sido violada, esa vez, no por la historia propia, sino por la de otro. Afuera. Adentro del mundo. Entre los hombres. Con un hombre. Ella no quería más estar con nadie. Aun no había vuelto a existir él en la vida de ella. Cómo hubiera podido volver a existir dentro de esa historia tan fuera de… Todo.






Rencontre à travers le temps (II)

C’est pour ça qu’elle l’avait laissé. Pour rien d’autre. Elle, elle voulait être avec lui, bien sûr. Mais lui, il n’était pas là. Comment aurait-elle bien pu faire ? En plus, ça lui faisait mal. Souvenir douloureux de la coexistence avec l’absence. Tentative illusoire de relation au-delà de… l’imaginaire. C’est pour ça qu’elle l’a laissé. Lui, on aurait dit qu’il ne s’en rendait même pas compte. Il ne se rendait compte de rien. Il n’a rien dit. Rien. Une fois de plus, rien. Du vide. Un autre souvenir douloureux. De la naissance - même si à ce moment-là elle ne savait pas que c’était ça l’origine. Il n’y a personne je ne suis personne. Rien. Ce n’est pas grave. C’est elle qui l’a quitté, et c’est à elle que ça a fait mal. Pertinent ! C’était fini. La fin du jeu. Sans Cortázar. Plus moyen de continuer le roman argentin.

Elle a changé de ville. Il a changé de ville. Pour une fille. Une autre. Pas elle. Il est resté des années et des années avec cette fille. Longtemps. Et ils ont même vécu en Espagne. C’est qu’il ne devait pas toujours être d’une telle absence. C’est que cette chose de l’absence devait avoir à voir avec elle. C’était possible. Fort probable. Elle, elle connaissait des hommes dans une capitale folle. Plus que des hommes, elle connaissait des tremblements de terre, des incendies, des génocides. Et en même temps, entre chaque ruine, entre chaque ruine qui venait s’amasser au reste, entre chaque boucherie des hommes et du reste, elle continuait d’essayer de trouver la façon de se trouver, elle-même. De sortir du brouillard de la ruine. Parce qu’avant la question de l’Autre, elle savait qu’il y avait la question de l’Un. Il avait bien fallu qu’elle le comprenne - à cause de la ruine, sa ruine à elle. Et au moment où elle faisait ça, il a fallu que son miroir meure. Il a fallu que son reflet disparaisse. Et elle a perdu son image. Et elle a commencé à tomber. Chaque jour un peu plus. Sans que personne ne s’en rende compte. Sans qu’elle ne puisse ni rien y faire ni le supporter. De plus en plus. Chaque jour un peu plus. Il fallait que ce soit total. Brutal. Comme la naissance. Comme la mort. Comme c’était arrivé au miroir. Cancer. Cancer généralisé de l’âme en ruine sans miroir. Elle connaissait la mort. Seule. Y a-t-il une autre façon de connaître la mort ? Elle a vécu la mort pendant des années. Plusieurs. Et aussi le non-sens. La solitude viscérale. L’isolement du monde. Et elle n’est pas morte. Non. Même si le vertige perdurait. Et ça perdurait, le vertige. Comment la folie furieuse aurait-elle pu s’arrêter si facilement ?

La mère de son premier homme venait juste de se pendre. Le lion qu’elle avait à l’intérieur venait juste de lui secouer à nouveau tout le corps. Elle venait juste de devoir prendre un train pour sortir de tant de confusion. Faire quelque chose pour que se rendorme le lion, un petit moment, pas plus. Et là, comme à l’origine, ils se sont mélangés. Eros et Thanatos. Parce qu’elle avait l’espoir, la nécessité, qu’Eros puisse gagner. C’est pour ça que ça a duré. Elle ne voulait pas que Thanatos gagne à nouveau. Ce n’était pas possible. C’est pour ça qu’elle laissait du temps. Elle avait l’espoir, la nécessité. Mais ça ne s’est pas passé comme ça. Comment est-ce que ça aurait pu se passer comme ça ? La folie furieuse est revenue par là où on l’attendait le moins. La mort est revenue rôder. Mais cette fois, pas depuis dedans. Depuis dehors. Depuis l’Autre quand il est assassin - ce n’est pas toujours l’Un, l’assassin ; ce qui lui était si difficile à comprendre, tant pour elle, plus que pour un autre, la vie avait toujours été mêlée à la mort ; l’Autre - au féminin, dans ce cas - à l’assassin ; la survie à la haine. Elle a eu peur. Elle a réussi à se rendre compte qu’elle avait peur. Très peur. Vraiment peur. Le couteau. Comme quand le lion à Buenos Aires. Pareil. Elle sentait la même chose. Elle est partie. Elle a changé les verrous de sa maison.

Encore une fois. Encore une fois la panique et la solitude. Comme quand… Même si ce n’était plus de mort dont il était question. Juste de survie. Question de retrouver une quelconque possibilité de repos. Re-peau. Celle qui cette fois avait été violée non par sa propre histoire mais par celle d’un autre. Dehors. Dedans le monde. Parmi les hommes. Par un homme. Elle ne voulait plus être avec personne. Lui, il ne réexistait pas encore dans sa vie. Comment aurait-il pu réexister dans une histoire tellement hors de… Tout.



jeudi 3 mai 2012

Encuentro por el tiempo (I)


Ella lo había visto a él. O por lo menos, era lo que se creía. Había tenido ganas de estar con él. Ella sí. Se habían acercado. Habían compartido. Habían pasado mucho tiempo juntos. Ya que a él, le gustaba venir a su casa, y compartir música. Ella sentía una emoción rara al estar a su lado. En realidad, nunca se había sentido relajada del todo en su presencia - lo que pasa cuando no hay deseo alguno de por medio. Alguna turbación sentía. Sí. La ponía inquieta comprobar que la casa de él era igual que la suya. Que ya, viviendo cada uno por su lado, hubieran construido una misma casa. Igual la ponía inquieta que llamara a su gata, sin conocerla, por el mismo nombre que la escritora que estudiaba ella. Todo. Eso de todo la ponía inquieta. Por aquel entonces.

Habían pasado mucho tiempo juntos. Ella pendiente de él. Ella esperándole. Y por fin, se dieron un par de besos. Apenas. Y por fin, simularon compartir una cama. Más allá de los cuerpos. Como si se pudiera. Es que él era ausencia. Aún más que ella. Lo que no podía ser. Lo que no pensaba ella que pudiera existir. Y menos en un hombre. En ese momento, con ella, él era ausencia. Y ella no era quien se puede engañar a sabiendas. Sin saber, dale, pero a sabiendas, no. No podía quedarse con uno así. Ni siquiera con él. Cuando recién empezaba a luchar en la batalla de la conquista del cuerpo. No podía quedarse con semejante espejo de lo que quería huir. Con semejante nube. Por más que le gustara el personaje, su universo, su fecundidad artística. No podía quedarse con tanta ausencia. Era demasiado duro. Ella, en el momento de intentar huir del palacio de hielo de la Reina de las Nieves. No podía quedarse con esta nube ni siquiera fría. Sólo ausente.

Lo dejó. Ella lo dejó a él. Por más raro que pareciera.







Rencontre à travers le temps (I)

C’est elle qui l’avait vu. Ou du moins, c’était ce qu’elle croyait. C'est elle qui avait eu envie d’être avec lui. Elle, oui. Ils s’étaient rapprochés. Ils avaient partagé. Ils avaient passé beaucoup de temps ensemble. Lui aimait venir chez elle pour écouter de la musique. En réalité, elle, elle avait toujours ressenti une étrange émotion en sa présence. Elle ne s’était jamais sentie tout à fait tranquille à ses côtés - comme quand il n’est aucunement question de désir. Elle avait toujours été un peu troublée. Ca la surprenait tellement de voir que sa maison était comme la sienne. Qu’en vivant chacun de son côté, ils avaient construit une seule et même maison. Qu’il ait appelé son chat, sans la connaître, du même prénom que l’auteur sur qui elle travaillait. Tout. Tout ça l’inquiétait. A ce moment-là.

Ils avaient passé beaucoup de temps ensemble. Elle était attentive à tous ses faits et gestes. Elle attendait. Lui. Et puis leurs bouches se sont touchées, enfin. A peine. Et puis ils ont fait semblant de partager un lit, enfin. Au-delà des corps. Comme si c'était possible. Parce qu'il était absence. Encore plus qu’elle. Ce n’était pas possible. Elle n’avait pas pensé que cela puisse être possible. Encore moins pour un homme. A ce moment-là, avec elle aussi, il était absence. Et elle n’était pas du genre à pouvoir se leurrer quand elle savait. Sans savoir, oui, bien sûr. Mais en sâchant, non. Elle ne pouvait pas rester avec quelqu’un qui était comme ça. Même si c’était lui. Alors qu’elle venait juste de commencer à lutter dans la bataille de la conquête du corps. Elle ne pouvait pas rester avec le miroir de ce qu’elle voulait fuir. Avec un tel nuage. Même si elle adorait le personnage, l’univers, la fécondité artistique. Elle ne pouvait pas rester avec autant d’absence. C'était trop dur. Alors qu’elle était en train d’essayer de fuir le palais de glace de la Reine des Neiges. Elle ne pouvait pas rester avec un nuage qui n’était pas même froid. Juste, absent.

Elle l’a quitté. C’est elle qui l’a quitté. Aussi étrange que cela puisse paraître.