mercredi 28 mai 2008

Dans la bouche de ces yeux



Suspendu au désir
Totalement présent
Dans la confiance
De la force de sa présence

Une inconnue
Qui depuis le début
N'était
Qu'une vieille connaissance

Une scène
Qui transperce l’enveloppe
L’être fragile et féroce
La complicité qu'on ne peut taire

Attaché au désir
De l’évidence
De la chair
Qui n’ose se savoir

Une vieille connaissance
Dans une cave
Comme il se doit
A l’ombre des cuivres

L’ivresse dans les mains
De la musique
Pour dormir
Ensemble

Rien ne se doit
Car tout est déjà
Dans la bouche
De ces yeux


(Photo Georges Paramon)


En la boca de estos ojos


Suspendido al deseo
Totalmente presente
En la confianza
De la fuerza de su presencia

Una desconocida
Que desde el inicio
No era más
Que una vieja conocida

Un escenario
Que traspasa la envoltura
El ser frágil y feroz
La complicidad que no se puede callar

Atado al deseo
De la evidencia
De la carne
Que no se atreve a saberse

Una vieja conocida
En una bodega
Como se debe
A la sombra de los cobres

La embriaguez en las manos
De la música
Para dormir
Juntos

Nada se debe
Ya que todo está
En la boca
De estos ojos


mardi 27 mai 2008

Bien avant



Bien avant le tango
Il y avait le tango

Il y a longtemps
Un homme a vu
Une femme

Sans le savoir
Cette femme
C'était elle-même


(Photo Georges Paramon)


Mucho antes que el tango
Era el tango

Hace mucho
Un hombre vio
A una mujer

Sin saberlo
Esa mujer
Era ella misma


lundi 26 mai 2008

Sábato



"La noche, la infancia, las tinieblas, las tinieblas, el
terror y la sangre, sangre, carne y sangre, los sueños,
abismos, abismos insondables, soledad soledad
soledad, tocamos pero estamos a distancias
inconmensurables, tocamos pero estamos solos."

Ernesto Sábato, El dragón y la princesa




"La nuit, l'enfance, les ténèbres, les ténèbres, la terreur
et le sang, sang, chair et sang, les rêves, abîmes,
abîmes insondables, solitude solitude solitude, nous
touchons mais nous sommes à des distances
incommensurables, nous touchons mais
nous sommes seuls."


jeudi 22 mai 2008

Ecueil



Naufrage d'un mégot
dans les pétales d'un caniveau





Naufragio de una colilla
entre los pétalos de un canalillo


vendredi 16 mai 2008

Au fil des rails




"Je sème le vent, les autans
Et je sauve les apparences
Mais quand je cris nul n'entend
Nul ne voit à quoi je pense"
Keren Ann
"La forme et le fond" - NOLITA



Il y a les fils. Les fils d'or que la vie brode sur la mort. Les fils qui jamais n'abandonneront la marionnette qui commençait à trouver la danse. Ce qui est donné à jamais. Semé. Une amorce de racine. Avant l'éclosion.
Il y a les fils qui tissent au-delà de l'absence. Les fils qui fabriquent la présence. Ce qui jamais ne disparaîtra. Ce qui continuera à féconder. Un passage de relais. Un corps à corps. Une peau. La peau du coeur ouvert. La peau des mains de Marie.
Il y a les fils qui font les fils et les filles. Une philosophie faite vie. La chair. Les fils des rencontres laissées pour demain. Des fils d'amour pour ne plus se perdre dans le labyrinthe du carnage.


Et puis, il y a les rails. Les rails qui braillent et s'éclatent. Les rails qui braillent dans le silence de l'absence. La rupture. Tu n'es pas celle qui se confond avec toi. Qui t'empêche de t'enfuir. Qui veut te mettre à sa place.
Les rails qui ne mènent nulle part. Qui n'arrivent jamais. Qui font évacuer le métro. Qui t'abandonnent à ta perte. Le train est parti sans toi. Un autre train. Le même.
Qui ne veut pas arriver non plus. Car il connaît sa destination. L'enfermement.
Les rails qui cessent de porter ce train qui t'arrache à la vie, à la danse. Ton voyage s'arrêtait à Bastille. L'Opéra. Pas plus loin. Pas ailleurs. Le métro ne t'aurait pas porté vers la déportation. Le limogeage.
Les rails au ralenti. Le refus. Ta place n'était pas là. Celle de l'autre. La même. Deux enfermées. Internées. Dans la ville des fous... Et des morts.


Il y a les fils. Les fils qui dessinent le mouvement. La vie. L'amour. Les fils de l'amour dont tu connais maintenant l'existence. Grâce à la mort.
Des rails qui déraillent quand ils veulent jouer les ciseaux. Un électroschoc.


Funambule.
Ton fil t'attend. Encore.




"Siembro el viento, los tantos
Y salvo las apariencias
Mas cuando grito ninguno oye
Ninguno ve en qué pienso."
Keren Ann

Están los hilos. Los hilos de oro que la vida borda sobre la muerte. Los hilos que nunca abandonarán a la marioneta que empezaba a encontrar la danza. Lo que se dio para siempre. Sembrado. El inicio de una raíz. Antes de la eclosión.
Están los hilos que sembran más allá de la ausencia. Los hilos que fabrican presencia. Lo que nunca desaparecerá. Lo que seguirá cundiendo. Un paso de relevo. Un cuerpo a cuerpo. Una piel. La piel del corazón abierto. La piel de las manos de Marie.
Están los hilos que hacen los hijos y las hijas. Una filosofía hecha vida. La carne. Los hilos de los encuentros dejados para mañana. Hilos de amor para dejar de perderse en el laberinto de la carnicería.



Y están los railes. Los railes que aúllan y se estrellan. Los railes que aúllan en el silencio de la ausencia. La ruptura. No sos la que se confunde con vos. Que te impide huir. Que quiere meterte en su lugar.
Los railes que no llevan a ninguna parte. Que nunca llegan. Que hacen que se vacíe el metro. Que te abandonan a tu pérdida. El tren se fue sin vos. Otro tren. El mismo. Que no quiere llegar. Porque conoce su destino. El encierro.
Los railes que dejan de llevar ese tren que te arranca a la vida, a la danza. Se paraba tu viaje en Bastille. La Opera. Acá no más. En otra parte, no. El metro no te hubiera llevado hacia la deportación. El "limogeage".
Los railes a ritmo lento. El rechazo. Tu lugar no era ése. Era el de la otra. La misma. Dos encerradas. Internadas. En la ciudad de los locos... Y de los muertos.


Están los hilos. Los hilos que dibujan el movimiento. La vida. El amor. Los hilos del amor que ahora sabés que existe. Gracias a la muerte.
Los railes que se estrellan al dárselas de tijeras. Electroschoc.


Funámbula.
Te espera el hilo. Aún.


lundi 12 mai 2008

Démultiplication


La décomposition n'aura pas lieu

Un effet d'optique
Comme cet homme face à cette femme
A la terrasse d'un café

Le déni du coeur restera à l'infirme
Incapable d'amolir le blindage
Au cynisme de la destruction
Pas là où semble apparaître le clou

Les images prendront corps
Danseront pour qui saura les saisir
L'aveugle restera seul
Les yeux se trouveront



Desmultiplicación


La descomposición no tendrá lugar
Un efecto de óptica
Como ese hombre frente a esa mujer
En la terraza de un café

La negación del corazón se quedará
Para el inválido incapaz de ablandar el blindaje
El cinismo de la destrucción
No donde parece verse el clavo

Las imágenes tomarán cuerpo
Bailarán para quién sabrá captarlas
El ciego se quedará solo
Los ojos se encontrarán


samedi 3 mai 2008

Lui sans lui



Il était là.
Ils s'étaient réveillés ensemble et il était là. Le désir avait pris et il avait préféré le laisser en suspens.
Le désir était là. Suspendu. Gardé pour plus tard. Pour la vie.
Il était là et il dansait dans la cour.
Il était là et lui disait qu'elle était romantique. Elle lui faisait écouter du tango. Un autre. Le cri du bandonéon. Elle chantait.
Il était là et il était heureux. Elle le voyait bien.
Il était là et il voulait voir le monde avec elle.
Il était là et ils sont sortis.

Sortis.

Perdus.
La boite aux lettres.
La lettre redoutée depuis des mois.
Le corps qui s'est convulsé.
Le visage qui s'est décomposé.
La voix qui a dit "non".

Il était là et il riait. Incrédule.
L'enveloppe ouverte. La silouhette s'en allant dans une mer de pages. Les larmes.
Il était là et il l'a prise dans ses bras.
Il était là et il a dit "je suis là".
Il était là et puis il est parti.

Il est parti sans le dire.
Il est parti dans le silence.

Elle.

Restée.
Partie. Sans lui.
Partie ailleurs.

Seul le souvenir.
Le souvenir du désir suspendu du matin.




El sin él


El estaba.
Se habían despertado juntos y él estaba. El deseo se había asomado pero había preferido dejarlo en suspenso.
El deseo estaba. Suspendido. Guardado para más tarde. Para la vida.
El estaba y bailaba en el patio.
El estaba y le decía que era romántica. Ella le hacía escuchar tango. Otro. El grito del bandoneón. Ella cantaba.
El estaba y estaba feliz. Ya lo notaba ella.
El estaba y quería ver el mundo con ella.
El estaba y salieron.


Salidos.
Perdidos.
El buzón.
La carta temida desde hacía meses.
El cuerpo que se convulsó.
El rostro que se descompuso.
La voz que dijo "no".


El estaba y se reía. Incrédulo.
La carta abierta. La silueta yéndose por un mar de folios. Las lágrimas.
El estaba y la abrazó.
El estaba y le dijo "estoy".
El estaba y después se fue.


El se fue sin decirlo.
El se fue en el silencio.


Ella.


Parada.
Ida. Sin él.
Ida a otra parte.


Sólo el recuerdo.
El recuerdo del deseo de la mañana.