samedi 12 mai 2012

Encuentro por el tiempo (III)


Y ahí volvió a aparecer él. Ella casi ni se fijo. De tan ocupada en cambiar las cerraduras que estaba. El casi que insistió. Muy raro. Pero ella ya no tenía tiempo para las rarezas. El estaba escribiendo un relato sobre personajes estrafalarios en un bar improbable. Quería que leyera ella. Eso no le sorprendió, ya que últimamente toda la gente que escribía quería que leyera ella. Cuando lo que quería era que la leyeran. Igual leía a esos que querían que los leyera. Igual lo leyó. Inmediatamente reconoció el sabor del lugar donde habían compartido tanto. Entre música, vino, risas, bailes, y todo lo demás. Dijo él que no había pensando en ese lugar al escribir. Bueno. Vos mismo. Tampoco lo del despertar en un piano. Lo que le había inmediatamente recordado a ella aquel día uno de 2004. Pero más vale, no iba a insistir. Si el autor era él. Ella no quería meterse. Igual, luego sí. El dijo que sí. Se acordó. De la esencia. De la escena. Lo que ella había reconocido enseguida ya que era esencia-adicta. No se concentraba en la forma ella, sino en algo más allá, siempre. Por eso había tenido que bailar cada vez más. Reconocer que eso de la danza no era del margen de su vida - sino todo lo contrario, su misma posibilidad. Por la adicción a la esencia. Por la adicción a la esencia había tenido que bailar cada vez más: para no convertirse del todo en vapor. Para intentar entablar y fortalecer el contacto con la Pachamamá.

Ella con la danza, con la vida, con la muerte, con la vida después de la muerte. Había aprendido que ya no quería jugar con el fuego, ni perder el tiempo. Todavía permanecía la sensación de las quebraduras. No era aun del todo la cicatrización. Por más que hubiera emergencia. Por más que hubiera emergencia, ya no podía lanzarse a cualquier cosa. Por más que hubiera emergencia para empezar - ya que ni siquiera se trataba de volver a empezar; sino sólo de empezar, por fin. Después de todo. Después de los años de muerte. Empezar a ganarse la vida. Ningún vacío, ningún segundo, para dedicarle a una nube.

Ella habló de ir a tomar un café. El tenía que ir a Oporto. Pero dijo que iba a venir a verla a su ciudad. Lo que a ella le pareció más que raro. Irreal. Era que ni sabía él, que había vivido ella eso de la muerte. Y como tanta gente se había desinteresado de ella por eso, no podía pensar que tuviera poca importancia. Era que durante estos años, además, casi ni se habían contactado. Ella pensó que daba igual. Que mejor no pensar. No decir nada. Lo que tenía que pasar ya pasaría. Fuera lindo, o no fuera nada. Pensó que no entendía nada. Que debía de ser asunto del Otro: él. No más dijo que se pondría una nariz de clown para encontrarle en la estación. Y eso fue lo que él no se creyó. Igual vino también con nariz. Capaz por las dudas. Se encontraron en el andén. Con sonrisas y paraguas.

El tuvo miedo cuando dijo ella que no tomaba más vino. Y aun más cuando le dijo que quería comprarse un oso de peluche. Lo del vino era mentira. Pero no lo del osito. Que se enterara bien él. Ella estaba en busca de esto. Ya nada de león ni de nube. Un osito suavecito con mucho peso.






Rencontre à travers le temps (III)

Et c’est à ce moment-là qu’il est réapparu. Elle ne s’en est pas vraiment rendu compte. Elle était bien trop occupée à changer ses serrures. Il a eu l’air d’insister. Bizarre. Elle n’avait plus de temps pour les bizarreries. C’est qu’il était en train d’écrire une nouvelle, sur des personnages hauts en couleurs dans un improbable café. Il voulait qu’elle lise. Ca ne l’a pas surprise car dernièrement tous ceux qui écrivaient voulaient qu’elle lise. Elle, ce qu'elle aurait voulu, c'est qu’on la lise. Elle lisait ceux qui voulaient qu’elle lise. Elle a lu. Ca lui a tout de suite rappelé la saveur de l’endroit où ils avaient partagé tant de choses. Au milieu de la musique, du vin, des rires, de la danse, et de tout le reste. Il a dit qu’il n’avait absolument pas pensé à cet endroit quand il écrivait. OK. C’est toi qui sais. Le réveil sur le piano non plus. Même si ça lui avait tout de suite rappelé, à elle, ce jour de l’an 2004. Bon, elle n’allait pas non plus insister. C’était lui l’auteur. Elle ne voulait pas batailler. Et puis, si. Il a dit que si. Il s’est souvenu. De l’essence. De la scène. Elle, elle avait tout de suite reconnu, parce qu’elle était accro à l’essence. Ce n’était pas la forme qui l’intéressait, mais quelque chose d’au-delà, toujours. C’est pour ça qu’il avait fallu qu’elle danse de plus en plus. Qu’il avait fallu qu’elle finisse par reconnaître que la danse n’était pas en marge de sa vie - mais au contraire, sa seule possibilité. Parce qu’elle était accro à l’essence. Parce qu’elle était accro à l’essence, il avait fallu qu’elle danse de plus en plus : pour ne pas se transformer complètement en éther. Pour essayer d’établir et de consolider un lien avec la Pachamama.

Elle était dans sa danse, dans sa vie, dans sa mort, dans sa vie après la mort. Elle avait fini par apprendre qu’elle ne voulait plus jouer avec le feu, ni perdre son temps. La sensation des brisures était encore là. La cicatrisation n’était pas tout à fait terminée. Même s’il y avait urgence. Même s'il y avait urgence à commencer - puisque ce n’était pas de recommencer dont il s’agissait ; juste de commencer, enfin. Après tout ça. Après les années de mort. Commencer à gagner sa vie. Pas le moindre creux, pas la moindre seconde, à consacrer à un quelconque nuage.

Elle a parlé de prendre un café ensemble. Il devait aller à Porto. Il a dit qu’il allait venir la voir dans sa ville. Ca lui semblait excessivement bizarre à elle. Irréel. En plus, il ne savait même pas qu’elle avait vécu cette chose de la mort. Et comme beaucoup de gens l’avaient laissée tomber à ce moment-là, elle ne pouvait pas penser que ça avait peu d’importance. Pendant toutes ces années, ils n’avaient pratiquement pas eu de contact. Elle s’est dit que de toute façon, il valait mieux ne pas penser, ne rien dire. Ce qui devait se passer se passerait. Que ce soit beau, ou que ce ne soit rien. Elle s’est dit qu’elle ne comprenait rien. Que ce devait être quelque chose de l’Autre : lui. Elle a juste dit qu’elle se mettrait un nez rouge pour l’attendre à la gare. C’est ça que il n’a pas cru, lui. Mais il est quand même venu lui aussi avec un nez rouge. Sûrement au cas où. Ils se sont retrouvés sur le quai. Entre sourires et parapluie.

Il a eu un peu peur quand elle lui a dit qu’elle ne buvait plus de vin. Encore plus quand elle lui a dit qu’elle voulait s’acheter un nounours. Le vin, c’était pour de faux. Mais pas le nounours. Que ce soit bien clair. C’était ça qu’elle cherchait. C’était fini le temps des lions et des nuages. Un nounours tout doux avec un vrai poids.




3 commentaires:

juan-Bernardo a dit…

es muy bello
J'ai toujours mon nounours; vieux mais jeune, mais beau

Aurélia Jarry a dit…

Eh oui, les chiens ne font pas des chats...!

Cantabrico a dit…

D'un nounours, l'autre...