samedi 5 mai 2012

Encuentro por el tiempo (II)


Por eso lo había dejado. No por nada. Ella quería estar con él, claro. Pero él no estaba. ¿Cómo lo hubiera podido hacer? Eso le hacía mal a ella. Recuerdo doloroso de convivencia con ausencia. Tentativa vana de relación más allá de… lo imaginario. Lo dejó. Por eso. Y él, como que qué ni se daba cuenta. De nada se daba cuenta. No dijo nada. Nada. Otra vez, nada. Vacío. Recuerdo doloroso. Otro. De cuando el nacer - igual si en aquel entonces ella no sabía que ése fuera el origen. No hay nadie no soy nadie. Nada. No pasa nada. Ella lo dejó a él, y eso le dolió a ella. ¡Qué bien! Ya nada. Final de juego. Sin Cortázar. Ninguna opción más, para seguir con el cuento argentino.

Cambió de ciudad ella. Cambió de ciudad él. Por una chica. Otra. No por ella. Se quedó años y años con la chica. Muchos. Inclusive vivieron en España. Debía ser que no siempre fuera él semejante ausencia. Debía ser que eso de la ausencia no más tenía que ver con ella. Podía ser. Era muy probable. Ella conoció a hombres en una capital loca. Más que a hombres, conoció a terremotos, incendios, genocidios. Y mientras, entre cada ruina, entre cada ruina que se iba amontonando, entre cada carnicería de hombres y de lo demás, seguía intentando encontrar la manera de encontrarse - a ella misma. Seguía intentando encontrar la manera de salir de la niebla de la ruina. Ya que antes que la cuestión del Otro, sabía my bien que era la cuestión del Uno. Ya había tenido que entenderlo - por la ruina, la suya. Y mientras andaba por ahí, se le tuvo que morir el espejo. Se le tuvo que desaparecer el reflejo. Y perdió la imagen propia. Y empezó a caer. Cada día más. Sin que nadie se diera cuenta. Sin que ella lo pudiera ni remediar ni soportar. Cada vez más. Cada día algo más. Aquello tenía que ser total. Brutal. Igual que el nacer. Igual que el morir. Igual que le había pasado al espejo. Cáncer. Cáncer generalizado del alma en ruina sin espejo. Conoció la muerte. Sola. ¿Es que hay otra manera de conocer la muerte? Vivió la muerte durante años. Algunos. Vivió el sinsentido, también. Soledad visceral. Aislamiento del mundo. Pero no se murió. No. Por más que siguiera el vértigo. Y seguía, el vértigo. ¿Cómo se hubiera parado tan fácilmente eso de la locura a lo bestia?

Justo la madre de su primer hombre acababa de ahorcarse. Justo el león que tenía adentro volvía a sacudirle el cuerpo entero. Justo tenía que tomarse un tren para salir de tanta nueva confusión. Hacer algo para que se adormeciera el león, por un ratito no más. Y ahí, igual que en el mismo origen, volvieron a mezclarse. Eros y Tanatos. Era que ella tenía la esperanza, la necesidad, de que Eros pudiera ganar. Por eso duró. Ella no quería que Tanatos ganara de nuevo. No hubiera podido ser. Por eso le dio tiempo. Le dio esperanza, necesidad. Pero no fue así. ¿Cómo hubiera podido serlo? Volvió la locura a lo bestia por donde menos se la esperaba. Volvió a rondar la muerte. Pero ya no desde adentro. Desde afuera. Desde el Otro, que también puede ser asesino - no siempre sólo el Uno; eso que le costaba tanto entender a ella, de tanto que para ella, más que para cualquier otro, la vida siempre había sido mezclada con la muerte; el Otro - la otra, en este caso - con el asesino; la supervivencia con el odio. Tuvo miedo. Llegó a darse cuenta de que tenía miedo. Mucho miedo. Muchísimo. El cuchillo. Igual que cuando el león en Buenos Aires. Igual. Sintió igual. Se fue. Cambió las cerraduras de casa.

Otra vez. Otra vez el pánico y la soledad. Igual que cuando… Igual si ya no era cuestión de muerte. Sólo de supervivencia. Cuestión de recuperar alguna forma de reposo. Re-piel. La que había sido violada, esa vez, no por la historia propia, sino por la de otro. Afuera. Adentro del mundo. Entre los hombres. Con un hombre. Ella no quería más estar con nadie. Aun no había vuelto a existir él en la vida de ella. Cómo hubiera podido volver a existir dentro de esa historia tan fuera de… Todo.






Rencontre à travers le temps (II)

C’est pour ça qu’elle l’avait laissé. Pour rien d’autre. Elle, elle voulait être avec lui, bien sûr. Mais lui, il n’était pas là. Comment aurait-elle bien pu faire ? En plus, ça lui faisait mal. Souvenir douloureux de la coexistence avec l’absence. Tentative illusoire de relation au-delà de… l’imaginaire. C’est pour ça qu’elle l’a laissé. Lui, on aurait dit qu’il ne s’en rendait même pas compte. Il ne se rendait compte de rien. Il n’a rien dit. Rien. Une fois de plus, rien. Du vide. Un autre souvenir douloureux. De la naissance - même si à ce moment-là elle ne savait pas que c’était ça l’origine. Il n’y a personne je ne suis personne. Rien. Ce n’est pas grave. C’est elle qui l’a quitté, et c’est à elle que ça a fait mal. Pertinent ! C’était fini. La fin du jeu. Sans Cortázar. Plus moyen de continuer le roman argentin.

Elle a changé de ville. Il a changé de ville. Pour une fille. Une autre. Pas elle. Il est resté des années et des années avec cette fille. Longtemps. Et ils ont même vécu en Espagne. C’est qu’il ne devait pas toujours être d’une telle absence. C’est que cette chose de l’absence devait avoir à voir avec elle. C’était possible. Fort probable. Elle, elle connaissait des hommes dans une capitale folle. Plus que des hommes, elle connaissait des tremblements de terre, des incendies, des génocides. Et en même temps, entre chaque ruine, entre chaque ruine qui venait s’amasser au reste, entre chaque boucherie des hommes et du reste, elle continuait d’essayer de trouver la façon de se trouver, elle-même. De sortir du brouillard de la ruine. Parce qu’avant la question de l’Autre, elle savait qu’il y avait la question de l’Un. Il avait bien fallu qu’elle le comprenne - à cause de la ruine, sa ruine à elle. Et au moment où elle faisait ça, il a fallu que son miroir meure. Il a fallu que son reflet disparaisse. Et elle a perdu son image. Et elle a commencé à tomber. Chaque jour un peu plus. Sans que personne ne s’en rende compte. Sans qu’elle ne puisse ni rien y faire ni le supporter. De plus en plus. Chaque jour un peu plus. Il fallait que ce soit total. Brutal. Comme la naissance. Comme la mort. Comme c’était arrivé au miroir. Cancer. Cancer généralisé de l’âme en ruine sans miroir. Elle connaissait la mort. Seule. Y a-t-il une autre façon de connaître la mort ? Elle a vécu la mort pendant des années. Plusieurs. Et aussi le non-sens. La solitude viscérale. L’isolement du monde. Et elle n’est pas morte. Non. Même si le vertige perdurait. Et ça perdurait, le vertige. Comment la folie furieuse aurait-elle pu s’arrêter si facilement ?

La mère de son premier homme venait juste de se pendre. Le lion qu’elle avait à l’intérieur venait juste de lui secouer à nouveau tout le corps. Elle venait juste de devoir prendre un train pour sortir de tant de confusion. Faire quelque chose pour que se rendorme le lion, un petit moment, pas plus. Et là, comme à l’origine, ils se sont mélangés. Eros et Thanatos. Parce qu’elle avait l’espoir, la nécessité, qu’Eros puisse gagner. C’est pour ça que ça a duré. Elle ne voulait pas que Thanatos gagne à nouveau. Ce n’était pas possible. C’est pour ça qu’elle laissait du temps. Elle avait l’espoir, la nécessité. Mais ça ne s’est pas passé comme ça. Comment est-ce que ça aurait pu se passer comme ça ? La folie furieuse est revenue par là où on l’attendait le moins. La mort est revenue rôder. Mais cette fois, pas depuis dedans. Depuis dehors. Depuis l’Autre quand il est assassin - ce n’est pas toujours l’Un, l’assassin ; ce qui lui était si difficile à comprendre, tant pour elle, plus que pour un autre, la vie avait toujours été mêlée à la mort ; l’Autre - au féminin, dans ce cas - à l’assassin ; la survie à la haine. Elle a eu peur. Elle a réussi à se rendre compte qu’elle avait peur. Très peur. Vraiment peur. Le couteau. Comme quand le lion à Buenos Aires. Pareil. Elle sentait la même chose. Elle est partie. Elle a changé les verrous de sa maison.

Encore une fois. Encore une fois la panique et la solitude. Comme quand… Même si ce n’était plus de mort dont il était question. Juste de survie. Question de retrouver une quelconque possibilité de repos. Re-peau. Celle qui cette fois avait été violée non par sa propre histoire mais par celle d’un autre. Dehors. Dedans le monde. Parmi les hommes. Par un homme. Elle ne voulait plus être avec personne. Lui, il ne réexistait pas encore dans sa vie. Comment aurait-il pu réexister dans une histoire tellement hors de… Tout.



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