mardi 23 octobre 2012

Encuentro por el tiempo (XIII)



En la calle era de noche. La gente parecía como en su casa. Nada que ver con la ciudad de ella, donde sólo se sentía hostilidad o ausencia. Buscó el bar que le había dicho él. Lo encontró. El Boquerón. Con dicho nombre castellano no se podía olvidar. No estaba afuera él. Entró ella. Lo vio al fondo, en la barra, charlando con una mujer. Le daba cosita avanzarse. Se sentía frágil. Mas sí, la recibió muy bien. Inclusive la presentó con felicidad. Algo de satisfacción, también. Nunca hubiera pensado algo así, ella. Y luego de presentarla a aquella mujer española con nombre de canción, la presentó a toda la pandilla, que estaba sentada en una mesa de afuera. Temía dicha presentación, ella. Sabía que estaban para opinar algo de ella. Porque eran su gente. La gente de él.

Al principio, regresaron adentro. El, medio atontado por tenerla acá, parecía. Charlaron los tres con la mujer española con nombre de canción. Él parecía muy tontito – a no ser que fuera eso, mostrarse enamorado. Ella, por falta de costumbre – a tanto honor, tanto amor, tanto respeto –, como reacción a lo que no se conoce, se puso más ácida. No conocía eso. No se lo iba a creer. No. Cuando aun no le había contado ella a él, su historia de ellos, su dolor, de hacía diez años. Protección. Y aun más después de la recién experiencia con la locura desde afuera, la del Otro, que también puede ser asesiso. Lo del cinismo tampoco era pura defensa. También tenía que ver con que para él, charlando los tres, las cosas parecían demasiado sencillas. Inconscientemente o infántilmente sencillas. Y ella quería estar con alguién que supiera ya que las cosas no tinene nada que ver con el color de rosa. Alguién que, precisamente porque supiera eso, quisiera estar con ella. Para compartir ese conocimiento.

Salieron a sentarse con la pandilla. Ella hubiera querido ir a acostarse. O a juntarse sólo con él. A compartir lo profundo. Eso que hacía, o no, la posibilidad del encontrarse. Tampoco sentía que podía darle más alcohol al cuerpo. Así que, para cruzarse con pájaros de noche: complicado. No se sabe qué es lo que bebió ella al final. Peros sin alcohol, eso sí. Mientras que él ya estaba de cañas cuando empezó a probar y repetir carajillos – café con ron. Uno. Dos. Ella con algo de temor, por la conciencia del desacorde energético. Por fin regresaron a casa. Se sentaron en el sofá negro. Sólo tenía ganas ella de hacerle aquella pregunta: ¿Tenés ganas de que nos amemos?

Se fueron a la pieza. Sintiéndose ella a la vez frágil y con ganas de que la reconfortara. Tenía ganas de volver a intentar el unirse. Desde los cuerpos no más. Cuando él le dijo que no pensaba hacerle el amor. Que estar «así» ya era como hacer el amor. En otro momento de su vida, en otro contexto, la hubiera encantado y reconfortado escuchar algo así, sí. Mas ahora no. Ahora estaba en el descubrimiento de la existencia PURA y NECESARIA del cuerpo. En el descubrimiento de que a veces no sirven las palabras. De que a veces lo único que sirve es la piel. El encuentro físico. Puro.

Se quedaron «así». Y, sin saber muy bien por qué, por más que hubiera querido superarlo, le dolió. Y se durmió con este dolor. A la mañana, otra vez, sintió ella que lo estaba buscando. A él. Mas él no estaba mucho. Cuando se levantó él, notó ella, por lo menos, que estaba mucho más tranquilo. Se agarró de eso. Hasta la noche no salieron de casa. Lo que deseaba y necesitaba ella. Se agarró de eso. Se quedaron mirando una pelí, en la cama: Buffet froid de Bertrand Blier. ¡Se rieron mucho! Se agarró de eso. Eso quería: compartir el humor entre ellos dos. Sin otra cosa más. A la noche, sin embargo, había que salir. Pero muy cerca. Al bar de enfrente, donde el amigo músico de él daba un concierto. Salieron. El tiempo era muy feo. Muy gris para mayo. Apenas salidos, les dijeron que se había cancelado el concierto. Cosas del dueño. Un tipo asqueroso. Se quedaron en la puerta a fumar un cigarro, y luego entraron a tomar la copa gratis que les debía el dueño por más que cancelara el concierto. Había poca onda entre la gente del bar, entre la gente de él. Y ella no tenía ganas de ser quien le hubiera puesto onda a la cosa. Volvieron a casa pronto. En la otra vereda. No estaban borrachos. Ninguno de los dos. Preparó una tortilla él. Una tortilla algo rara, pensó ella. Con atún y otra cosa. Mitad mitad. Se sintió a gusto ella. Siempre que lo miraba preparar la comida, se sentía a gusto. Apaciguada. Tampoco había conocido quien le preparara comida. Algo muy íntimo. También. Del cuerpo. También.

Después de cenar quisieron ver una pelí. Otra. Mas los dos fueron capaces de reconocer que estaban cansados. Hicieron algo imprevisible: ¡mirar televisión! ¡En la compu! Cayeron en una entrevista de Catherine Deneuve. Ella odiaba a Catherine Deneuve. Por la artificialidad. Se durmió ella. Feliz. Al lado de él. Mirando aquello.




 

Rencontre à travers le temps (XIII)

 
Dans la rue il faisait nuit. Les gens avaient l’air d’y être comme chez eux. Rien à voir avec sa ville à elle, où on ne sentait qu’hostilité ou absence. Elle a cherché le bar qu’il lui avait dit. Elle l’a trouvé. Le Boquerón. Avec un nom pareil, en espagnol, elle ne pouvait pas l’oublier. Il n’était pas dehors. Elle est entrée. Elle l’a vu au fond, au comptoir, en train de parler avec une femme. C’était un peu difficile de s’avancer. Elle se sentait fragile. Pourtant il l’a bien reçue, oui. Il l’a présentée avec joie. Un peu de satisfaction, aussi. Elle n’aurait jamais pensé ça. Après l’avoir présentée à cette femme espagnole au prénom de chanson, il l’a présentée au reste de la troupe, qui était à une table en terrasse. Elle avait un peu peur de cette présentation. Elle savait qu’on allait penser quelque chose d’elle. Parce que c’était ses gens. Ses gens à lui.

Au début, ils sont retournés à l’intérieur. Lui, il était à moitié hébété qu’elle soit là, aurait-on dit. Ils ont discuté tous les trois avec la femme espagnole au prénom de chanson. Il avait l’air tout ahuri – à moins que ce ne soit ça, avoir l’air amoureux. Elle, parce qu’elle n’avait pas l’habitude – de tant d’honneur, tant d’amour, tant de considération –, en réaction à ce qu’on ne connait pas, elle est devenue un peu acide. Ca, elle ne connaissait pas. Alors y croire. Sûrement pas. Alors qu’elle ne lui avait pas encore raconté son histoire d’eux, sa douleur, d’il y avait dix ans. Protection. Encore plus du fait de la récente expérience avec la folie depuis dehors, depuis l’Autre, quand il est assassin. Mais son soudain cynisme n’était pas seulement une posture défensive. Ca avait aussi à voir avec le fait que pour lui, en discutant tous les trois, les choses avaient l’air tellement simples. Inconsciemment ou puérilement simples. Et qu’elle, elle voulait être avec quelqu’un qui saurait que les choses n’avaient rien à voir avec la couleur rose. Quelqu’un qui, précisément parce qu’il saurait ça, voudrait être avec elle. Pour en partager la connaissance.

Ils sont sortis s’assoir avec le reste de la troupe. Elle aurait aimé aller se coucher. Ou rester juste avec lui. Pour partager le profond. Ce qui fait, ou pas, la possibilité de la rencontre. En plus elle sentait qu’elle ne pouvait pas remettre d’alcool dans son corps. Alors, pour croiser les oiseaux de nuit : ça allait être difficile. On ne sait pas ce qu’elle a finalement bu. Mais pas d’alcool, c’est sûr. Alors que lui, il était déjà à la bière quand il a commencé à faire et refaire l’expérience du carajillo : café et rhum. Un. Deux. Elle était préoccupée, dans la conscience du désaccord énergétique. Ils sont enfin rentrés à la maison. Ils se sont assis dans le canapé noir. Elle n’avait qu’une envie : lui poser cette question : Est-ce que tu as envie qu’on s’aime ?

Ils sont allés dans la chambre. Elle se sentait à la fois fragile et dans le besoin d’être réconfortée. Elle avait envie d’essayer à nouveau de s’unir. Par les corps, c’est tout. Quand il lui a dit qu’il ne pensait pas lui faire l’amour. Que « comme ça » c’était déjà faire l’amour. A un autre moment de sa vie, dans un autre contexte, elle aurait beaucoup aimé entendre quelque chose comme ça. Ca l’aurait réconforté, oui. Pas à ce moment-là. Alors qu’elle était dans la découverte de l’existence PURE et NECESSAIRE du corps. En train de découvrir que parfois les mots ne servent à rien. Que parfois la seule chose qui serve, c’est la peau. La rencontre physique. Pure.

Ils sont restés « comme ça ». Et, sans bien savoir pourquoi, tout en voulant parvenir à le dépasser, ça lui a fait mal. Et elle s’est endormie dans cette douleur. Le lendemain matin, à nouveau, elle a senti qu’elle le cherchait. Lui. Mais il n’était pas vraiment là. Quand il s’est levé, elle a constaté, au moins, qu’il était beaucoup plus tranquille. Elle s’est agrippée à ça. Jusqu’au soir, ils ne sont pas sortis de la maison. Comme elle en avait envie et besoin. Elle s’est agrippée à ça. Ils ont regardé un film, dans le lit : Buffet froid de Bertrand Blier. Ils ont beaucoup ri ! Elle s’est agrippée à ça. C’est ce qu’elle voulait : partager l’humour entre tous les deux. Sans rien ni personne d’autre. Le soir, néanmoins, il fallait bien sortir. Heureusement, c’était pas très loin. Juste dans le bar d’en face, où un ami musicien à lui faisait un concert. Ils sont sortis. Il ne faisait pas beau. Très gris pour un mois de mai. Dès qu’ils sont sortis, on leur a dit que le concert était annulé. Habitude du gérant du bar. Un type odieux. Ils sont restés devant la porte pour fumer une cigarette, et ensuite ils sont entrés pour boire le verre gratuit que leur devait le gérant du bar malgré l’annulation du concert. Il n’y avait pas beaucoup d’énergie chez les gens du bar, chez ses gens à lui. Et elle ne serait pas celle qui allait changer la donne. Ils sont rentrés tôt à la maison. Sur le trottoir d’en face. Ils n’étaient pas saouls. Ni l’un ni l’autre. Il a préparé une tortilla. Une tortilla un peu bizarre, s’est-elle dit. Avec du thon et un autre ingrédient. Moitié-moitié. Elle se sentait bien. Chaque fois qu’elle le regardait faire la cuisine, elle se sentait bien. Apaisée. Elle n’avait pas non plus connu qu’on lui fasse à manger. Quelque chose de très intime. Aussi. Du corps. Aussi.

Après la diner ils voulaient regarder un film. Un autre. Mais ils ont tous les deux été capables de se rendre compte qu’ils étaient fatigués. Ils ont fait quelque chose d’imprévisible : ils ont regardé la télévision ! Sur l’ordinateur ! Ils sont tombés sur une interview de Catherine Deneuve. Elle n’aimait pas Catherine Deneuve. A cause de l’artificialité. Elle s’est endormie. Heureuse. A côté de lui. Qui regardait ça.

 







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