jeudi 20 septembre 2012

Encuentro por el tiempo (IX)

 
 
Y ahí estaba, él, en medio de la noche. En medio del andén. Parecía más juvenil. Más frágil. Le sorprendió eso a ella. Sólo era que se había aclarado la barba. Que era la una y media de la mañana. Sólo era que era la primera vez en que iba a buscarla. Ella, con su ropa de invierno. Su miedo a padecer frío. Por más que viajara al sur. Por más que le dijera él que en su ciudad había un micro clima. Ella no quería más padecer frío. Nunca. Y sabía que eso sólo era responsabilidad suya. Por eso venía con lana. Mucha. El chal verde claro de la abuela imaginaria. De cuando lo del cuello roto. Venía con mucha lana. Por más que fuera mayo.
 
Caminaron por la ciudad. Casi a oscuras. A estas horas ya no había tranvía. Ni casi luces. El le iba enseñando el nombre de cada cosa. De cada monumento. Volaba ella. Más allá de la mochila gigante. Por la felicidad de él, enseñándole la ciudad. Habitualmente era ella quien le iba enseñando las cosas de sus ciudades a su gente. Aún nunca le había pasado en este sentido: del otro hacia ella. De noche. Tan tarde. Llegaron al barrio de él. A la calle de él. A la casa de él. Con mucha delicadeza. Mucho respeto. Se abrió la puerta. De la casa de él. Sobre el espacio. Mucho espacio. Mucha sutileza. Para los instrumentos de música. Para poder bailar. Muchos detalles. Como para partir el alma. Dos rosas. Una fotografía en blanco y negro de algún espectáculo en que ella, sí, había sido espectadora, de él. Era ya como atravesar el espejo. Del asunto artístico. Tizas de escuela en un potito granate. Una foto enmarcada de él tocando la guitarra en Granada. Caminos de libros. De discos. Una foto de su mamá con él, de niño. Plantas. Lámparas por cada rincón. Como le gustaba a ella. Y la otra pieza, con cama de vela azul. Rodeada por dibujos tauromáquicos de Picaso. La escalera doble. Para sostener el vuelo de la vela.
 
Ya la inquietud de los últimos días, respecto a eso de los cuerpos, se había disuelto. También se lo había trabajado. En el mismo tren se lo había trabajado. Desde el mismo reencuentro se lo había trabajado. Cada encuentro es un reencuentro. Cada conocimiento, un reconocimiento. Quería estar con él. Quería que su cuerpo quisiera estar con el de él. Se abrió. Dentro. Sintió que se podría abrir. Para él. Quería. Se abrió. Dentro. ¿Que si él lo notó? ¿Que si él lo reconoció? No lo pudo saber. Mas intuyó que no. Lo que sí, lo que estaba ocurriendo. Que él tampoco estaba igual que las demás veces. Que él no conseguía entregarse a eso de su rutina.
 
Había plan de océano para la mañana siguiente. Plan de madrugar para ir al Atlántico. Mas el único océano que quería ella, en aquel momento, era él. Nadarle a él. Tomarle el sol. Salarse de él. Respirarlo. Durmieron. No madrugaron. Hicieron playa en cama. Encontraron el descanso de los cuerpos en la misma presencia del otro. Lo que para ella, con él, era la vez primera. Preparó café él. Salieron a la calle.
 
Fueron a almorzar a Africa con sonrisa y comida hecha del corazón. Tomaron vino. Por más que fuera malo, lo tomaron con felicidad. Por lo de la sonrisa, del olor a comida. Por los dos niños amorosos que estaban sentados justo al lado de ellos. Hacía mucho que ella no encontraba a niños que le perecieran amorosos. Le parecía tan irreal que fuera él quien la hubiera llevado a un lugar de ese tipo, un lugar que era tan de aquellos lugares improbables que le gustaban a ella cuando estaba de viaje. Comieron una montaña de arroz con pollo. Comió ella más que él. Comió mucho. Por la abuela. Por eso de que cuando le daban comida casera con sonrisa del corazón se acordaba de la abuela. Y no podía seguir comiendo regularmente. Se entregaba. Inclusive hasta el exceso. Porque la abuela lo había sido todo, para ella. Por más que se muriera mucho demasiado temprano. Que nunca hubiera podido acordarse del año de su muerte. Igual que Leonardo en La Reina de las Nieves de Carmen Martín Gaite. Sólo que se le rompió el pendiente de oro. En el mismo momento del fallecer. En la oreja de ella. Cómo había llorado. Cómo, por vez primera -secunda-, se le derrumbaba el piso debajo de los pies. Cómo, por más que por aquel entonces no lo supiera con palabras mas sólo por el corazón, lo había perdido todo. Como tampoco sabía que se repetiría de nuevo. La madre. Perdida. La de verdad. La que da brazos y comida.
 
Por eso se había hartado de comer. Por eso le había gustado hartarse de comer. Al lado suyo. De él.
 
 
 




Rencontre à travers le temps (IX)

Et il était là, au milieu de la nuit. Au milieu du quai. Il avait l’air plus juvénile. Plus fragile. Ca l’a surprise. C’était juste qu’il s’était éclairci la barbe. Qu’il était une heure et demie du matin. C’était juste que c’était la première fois qu’il venait la chercher. Elle, avec ses vêtements d’hiver. Sa peur d’avoir froid. Alors qu’elle voyageait vers le sud. Alors qu’il lui avait dit qu’il y avait un microclimat dans sa ville. Elle ne voulait plus avoir froid. Jamais. Elle savait que ça lui incombait. C’est pour ça qu’elle venait avec de la laine. Beaucoup. Le châle vert de la grand-mère imaginaire. De quand elle s’était tordu le cou. Elle venait avec beaucoup de laine. Même si on était au mois de mai.

Ils ont marché dans la ville. Presque dans le noir. A cette heure-là il n’y avait plus de tram. Et presque plus de lumières. Il lui disait le nom de chaque chose. De chaque monument. Elle se sentait voler. Malgré le grand sac à dos. A cause de sa joie à lui, à lui montrer sa ville. D’ordinaire c’était elle qui montrait les choses de ses villes à ses gens. Ca ne lui était encore jamais arrivé dans ce sens : de l’autre vers elle. La nuit. Si tard. Ils sont arrivés dans son quartier. Dans sa rue. Devant chez lui. Dans une grande délicatesse. Un grand respect. La porte s’est ouverte. Celle de sa maison. Elle s’est ouverte sur l’espace. Beaucoup d’espace. Une grande subtilité. Pour les instruments de musique. Pour pouvoir danser. Beaucoup de détailles. A en fendre le cœur. Deux roses. Une photo en noir et blanc d’un spectacle où elle, si, avait été spectatrice, de lui. C’était déjà comme passer de l’autre côté du miroir. Du fait artistique. Des craies d’école dans un petit pot grenat. Une photo encadrée de lui jouant de la guitare à Grenade. Des chemins de livres. De disques. Une photo de sa mère avec lui, tout petit. Des plantes. Des lampes dans tous les coins. Comme elle aimait. Et la chambre, avec sa voile bleue. Le lit entouré des dessins tauromachiques de Picasso. L’escabeau. Pour soutenir le vol de la voile bleue.

L’inquiétude des derniers jours, relative à cette chose des corps, s’était déjà dissipée. Faut dire qu’elle y avait travaillé. Dans le train aussi elle y avait travaillé. Dès les retrouvailles elle y avait travaillé. Toute rencontre est une re-rencontre. Toute connaissance, une reconnaissance. Elle avait eu envie d’être avec lui. Elle voulait que son corps ait envie d’être avec son corps, à lui. Elle s’est ouverte. Dedans. Elle a senti qu’elle pourrait s’ouvrir. Pour lui. Elle voulait. Elle s’est ouverte. Dedans. S’il s’en est rendu compte ? S’il a pu le reconnaitre ? Elle n’a pas pu le savoir. Elle a juste eu l’intuition que non. Mais ce que oui, ce qui était en train de se passer. Que lui non plus, il n’était pas comme les autres fois. Qu’il n’avait pas pu s’adonner à sa routine.

Il y avait un projet d’océan pour le lendemain matin. Projet de se lever tôt pour aller au bord de l’Atlantique. Mais le seul océan qu’elle voulait, elle, à ce moment-là, c’était lui. Le nager. Prendre son soleil. Se saler de lui. Le respirer. Ils se sont endormis. Ils ne se sont pas levés tôt. Ils ont fait plage dans le lit. Ont trouvé le repos des corps dans la seule présence de l’autre. Ce qui pour elle, avec lui, était la première fois. Il a préparé du café. Ils sont sortis dans la rue.

Ils sont allés déjeuner dans l’Afrique du sourire et de la cuisine du cœur. Ils ont bu du vin. Même s’il n’était pas bon, ils l’ont bu avec grand plaisir. A cause de cette chose du sourire, de l’odeur de cuisine. A cause des deux enfants adorables qui étaient assis juste à côté d’eux. Ca faisait longtemps qu’elle ne voyait pas d’enfants qui lui semblaient adorables. Ca lui semblait tellement irréel que ce soit lui qui l’ait amenée dans un endroit comme ça, un endroit qui ressemblait autant aux endroits improbables qu’elle aimait découvrir quand elle était en voyage. Ils ont mangé une montagne de riz et de poulet. Elle a mangé plus que lui. Elle a beaucoup mangé. A cause de sa grand-mère. Parce que quand on lui donnait de la cuisine maison avec le sourire du cœur, ça lui rappelait toujours sa grand-mère. Et ça faisait qu’elle ne pouvait plus manger normalement. Qu’elle se rendait. Parfois jusqu’à l’excès. Parce que sa grand-mère avait été tout, pour elle. Même si elle était morte bien trop tôt. Et qu’elle n’avait jamais pu se souvenir de l’année de sa mort. Comme Leonardo dans La Reina de las Nieves de Carmen Martín Gaite. Juste que sa boucle d’oreille en or s’était cassée. Juste au moment où elle était morte. Dans son oreille à elle. Comme elle avait pleuré. Comme, pour la première fois -la deuxième-, la terre s’était effondrée sous ses pieds. Comme, même si à ce moment-là elle ne l’avait pas su avec les mots mais seulement avec le cœur, elle avait tout perdu. Comme elle n’avait pas su, non plus, que ça se répéterait, encore. La mère. Perdue. La vraie. Celle qui embrasse et donne à manger.

C’est pour ça qu’elle avait trop mangé. C’est pour ça qu’elle avait aimé trop manger. A ses côtés. A lui.





Aucun commentaire: