lundi 2 août 2010

Au-delà du satin (II) - L'air


Elle commence à enlever la pointe en même temps que la jambe retrouve sa possibilité de respiration. Elle est nouvelle. Elle a deux jambes. Avec deux jambes et deux pieds, par delà le bandage, elle est nouvelle. Elle ne connait pas, ne se connait pas. Elle ne sait que faire du corps libéré. Alors elle se rassemble. Observe. A nouveau. Joue de ses doigts avec ses orteils. Vient alors le grand mouvement de la pompe à respiration. Bruyant. Impressionnant. Effrayant. L’activation de tout le corps, au sol, d’avant en arrière, dans le mouvement des cheveux fous. La pompe à respiration qui parvient à la remettre debout. Même si, sans cesse, toujours, elle retombe. Elle réactive ce mouvement. Se relève. Retombe. Elle se rassemble, encore, ses bras, ses coudes. Invente une marche à l’aide des coudes, puisque la verticalité n’est pas encore assez solide. Elle marche sur ses coudes, traine ses jambes et ses genoux, à l’arrière d’elle-même. Peu à peu elle se redresse sur ses quatre pattes, amorce une danse sur quatre pattes, une danse qui continue de chercher la verticalité. Verticalité donnée par le chemin des fils de marionnettes. Mais elle rechute sur les quatre pattes. Et regagne les airs des fils de marionnettes. Et marche, enfin. Guidée par le mouvement de sa robe, soulevée par les fils. Elle marche, comme ça, dans le frôlement du tissu, sur sa peau. Mais quand le tissu s’envole, elle bascule, encore, vers l’arrière, s’écroule à terre, de toute sa longueur, de tout son poids. Rage. Comment rester debout ? Elle se lève, en furie. Se remet sur demi-pointes, retend les bras au ciel, rechute. Mais cette fois, les pieds restent en l’air, suspendus. Et à terre, à la place des pieds, la tête. Deux pieds en l’air. Juste deux pieds. Le pied bandé, en l’air. Réminiscence de positions classique, tête à l’envers. Esquisse d’une marche, dans l’air. D’un côté, de l’autre. Et les pieds retombent, et elle se rassemble, encore. Terrienne. Malgré des jambes qui s’écartent et l’écartèlent de plus en plus, dans une marche qui l’entraîne vers l’arrière. Ainsi elle se dresse sur la pointe des pieds, quand, tout le corps se met à trembler. Ca tremble. De plus en plus. Tout tremble. Et dans ce tremblement, malgré lui, il faut relever le buste, relever la tête, retendre vers la verticalité. Ca tremble. Tressaute. Elle se rassemble dans le sursaut qui percute de plus en plus le sol. Et quand elle finit par percuter si fort le sol de sorte que le tremblement s’arrête, tout s’arrête. Ca s’arrête. Tout. Toujours sur la pointe des pieds. Fragile. Avancer. Devant. Essayer. Sur le fil. Funambule. Elle avance. Elle avance jusqu’au bord. Jusqu’au bout du bord. Toujours plus étirée vers le haut. Suspendue. Ca lâche. Elle tombe. Elle est à terre. Encore. Elle reste. Respire. Fort. De nouveau elle se rassemble. Reprend ses cheveux collés par la sueur à la peau, pour s’en défaire, en les jetant vers l’arrière d’elle-même. La pompe à respiration se réamorce. Différemment. Pour la faire tomber aussi, elle, complètement, vers l’arrière, dans la percussion du dos et des mains. Son bassin s’expulse du sol. Ca percute. Fort. Ca respire. Tout percute. De plus en plus fort. Ca s’arrête. Les pieds marchent en l’air pour la remettre dans la danse. Dans la danse, et la mer, et son air, salvateur. Elle danse. Elle se gorge d’air. L’air la pénètre tout entière. Elle est air. Elle est air, et danse. Elle danse bas en haut et de haut en bas, sans saccade, et sans que ça ne s’arrête. Elle répète cette respiration de bas en haut et de haut en bas. Ca pourrait être infini. Et enfin, elle reste en haut. Sans tête. Tout le corps, sans tête. Les pieds se décollent du sol, tour à tour, et montrent comment ils fonctionnent. Un fil part alors de sa main pour la soulever. Le corps pend. Elle est suspendue et tourne autour de la main. Elle flotte. De nouveau. Ca y est. Ca pourrait s’arrêter. Ca peut s’arrêter. Ca s’arrête. Elle peut enlever la bande. Elle l’enlève à toute allure. Et c’est alors qu’elle va prendre les chaussures de femme, et s’assoir sur la chaise où pend le chapeau d’homme. Elle est femme. Une femme qui met ses chaussures. Elle se lève. Quand elle se lève, elle a déjà essuyé son visage en sueur. Elle ajuste la combinaison pour que se dessine mieux la silhouette féminine. Elle marche. Dans la marche des chaussures à talon. Alors elle la voit. Elle voit la robe rouge. Et le tango s’empare de ses pieds, et commence cette autre danse de la marche. Elle s’approche. Lentement. Langoureusement. Souriante. Elle enlace la robe rouge. Elle est derrière la robe rouge. Elle devient la femme qui danse le tango. Elle danse le tango, avec, la robe rouge. Elle danse, et puis elle s’en va. Elle disparait derrière le tableau blanc. Sa jambe droite reste seule, là, dernière à quitter l’espace de la scène. Et sous le tableau blanc, ne reste que l’image des jambes, des pieds jusqu’aux genoux, des jambes chaussées de chaussures de femme. Des jambes à peine effleurées par le velours rouge de la robe. Le silence s’est fait, dense. Très fort. Rien ne saurait plus pouvoir l’arrêter. Elle a dansé. Elle a été. Elle est. Là. Dans cet improbable absolu. Elle. Totale.




Más allá del satín (II) – El aire

Empieza a quitar la punta al mismo tiempo que la pierna recupera la posibilidad de respiración. Es nueva. Tiene dos piernas. Con dos piernas y dos pies, más allá de la venda, ella es nueva. No conoce, no se conoce. No sabe qué hacer con ese cuerpo liberado. Entonces se reúne. Observa. De nuevo. Juega con las manos con los deditos de pie. Y es cuando ocurre el gran movimiento de la bomba de respirar. Ruidoso. Impresionante. Espantoso. La activación de todo el cuerpo, en el piso, de adelante atrás, dentro del movimiento del cabello loco. Cuando la bomba de respirar consigue ponerla de pie. A pesar de que, sin parar, siempre, recaiga. Reactiva ese movimiento. Vuelve a levantarse. Vuelve a caer. Se reúne, de nuevo, los brazos, los codos. Inventa una caminata gracias a los codos, ya que la verticalidad ya no es suficientemente sólida. Camina sobre los codos, arrastra las piernas y las rodillas, atrás suyo. Poco a poco se endereza sobre las cuatro patas, inicia un baile sobre cuatro patas, un baile que sigue buscando la verticalidad. Verticalidad dada por el camino de los hilos de los títeres. Mas recae sobre cuatro patas. Y vuelve a alcanzar los aires de los hilos de los títeres. Y camina, por fin. Guiada por el movimiento del vestido, alzado por los hilos. Camina, así, en el roce del género, sobre la piel. Mas cuando se vuela el género, tambalea, otra vez, hacia atrás, se derrumba en tierra, de toda su largura, de todo su peso. Rabia. ¿Cómo permanecer de pie? Se vuelve a levantar, en furia. Se vuelve a poner en media punta, vuelve a alzar los brazos hacia el cielo, vuelve a caer. Mas esta vez, los pies se quedan en el aire, suspendidos. Y en tierra, en el lugar de los pies, la cabeza. Dos pies en el aire. Sólo dos pies. El pie vendado, en el aire. Reminiscencia de posturas clásicas, cabeza abajo. Esbozo de una caminata, en el aire. De un lado, del otro. Y recaen los pies, y se recoge ella de nuevo. Terrestre. A pesar de piernas que se abren y la descuartizan cada vez más, en una caminata que la arrastra hacia atrás. Así se endereza en la punta de los pies, cuando, todo el cuerpo empieza a temblar. Tiembla eso. Cada vez más. Tiembla todo. Y dentro de este temblor, a pesar suyo, hay que enderezar el busto, enderezar la cabeza, volver a tender hacia la verticalidad. Tiembla eso. Se sobresalta. Se recoge en el sobresalto que percute cada vez más el piso. Y cuando acaba por percutir tan fuerte el piso de manera que se pare el temblor, se para todo. Se para. Todo. Todavía en la punta de los pies. Frágil. Avanzar. Adelante. Intentar. Sobre el hilo. Funámbula. Avanza. Avanza hasta el borde. Hasta el fin del borde. Cada vez más estirada hacia arriba. Suspendida. Suelta eso. Cae ella. Está en el piso. De nuevo. Se queda. Respira. Fuerte. De nuevo se reúne. Recoge el pelo pegado por el sudor a la piel, para deshacerse de él, echándolo hacia atrás de sí misma. La bomba de respirar se vuelve a iniciar. De manera diferente. Para que caiga también, ella, del todo, hacia atrás, dentro de la percusión de la espalda y de las manos. La pelvis se expulsa del piso. Percute. Fuerte. Respira. Todo percute. Cada vez más fuerte. Se para. Los pies caminan en el aire para volver a ponerla en el baile. En el baile, y el mar, y su aire, salvador. Baila ella. Se llena de aire. El aire la penetra entera. Es aire ella. Es aire, y baile. Baila de abajo arriba y de arriba abajo, sin sacudida, y sin que eso se pare. Repite esta respiración de abajo arriba y de arriba abajo. Podría ser infinito. Y por fin, permanece arriba. Sin cabeza. Todo el cuerpo, sin cabeza. Los pies se despegan del piso, cada uno a su vez, y demuestran cuanto funcionan. Un hilo sale entonces de la mano para levantarla. El cuerpo cuelga. Está suspendida ella y gira alrededor de la mano. Flotea ella. De nuevo. Ya está. Se podría parar eso. Se puede parar. Se para. Ella se puede quitar la venda. Se la quita con toda velocidad. Y es cuando anda a agarrar los zapatos de mujer, y a sentarse en la silla en que cuelga el sombrero de hombre. Ella es mujer. Una mujer que se pone los zapatos de tacón. Se levanta. Cuando se levanta, ya se enjugó el rostro sudoroso. Se ajusta la enagua para que se dibuje mejor la silueta femenina. Camina. Dentro de la caminata de los zapatos de tacón. Y es cuando lo ve. Cuando ve el vestido rojo. Y es cuando se apodera el tango de sus pies, cuando empieza el otro baile de la caminata. Se acerca. Lento. Lánguidamente. Sonriente. Abraza el vestido rojo. Está detrás del vestido rojo. Llega a ser la mujer que baila tango. Baila tango, con, el vestido rojo. Baila, y se va. Desaparece detrás de la pizarra blanca. Permanece sólo la pierna derecha, ahí, última en quitar el espacio del escenario. Y debajo de la pizarra blanca, no queda más que la imagen de las piernas, de los pies hasta las rodillas, de las piernas calzadas por los zapatos de mujer. Piernas apenas rozadas por el terciopelo rojo del vestido. Se ha hecho el silencio, denso. Muy fuerte. Ya nada podría detenerlo. Ha bailado ella. Ha sido. Es. Ahí. Adentro de este improbable absoluto. Ella. Total.

4 commentaires:

Miguel Ángel Maya a dit…

(comentario compartido con el blog del trompetista invisible)

...Ay ay ay, mi querida y desconocida Aurélia: me gusta mucho cuando apareces por aquí armando este escándalo. Te imagino con cierto aire etílico, leyendo y emocionándote. Siempre te imagino leyendo algunas entradas de noche, y por eso siempre me queda una duda: si con la luz del día la entrada te sigue inspirando tantas cosas...
...Es curioso lo que dices, siempre que estoy frente a ciertos mares, me acuerdo de Duras, me acuerdo concretamente de ESTE libro de Duras, que leí en La Antilla, el verano antes de entrar en el instituto...
...Lo que más recordaba de él era la descripción de ese triángulo que forman tres personas: una que mira desde una ventana, y dos que pasean por la playa; y cómo el triángulo se va deformando a medida que los dos que pasean por la playa se mueven...
...El otro día, en La Antilla, dentro del mar y mirando el mar, sentado, me acordé de ese triángulo, que, no sé por qué, recuerdo a menudo, no sólo en el mar, sino en muchos sitios...

...Fui a por el libro y empecé a leerlo, guiándome por las páginas que había señalado con catorce años, pero a pesar de ser lo que más recordaba del libro, no aparecía por ninguna parte esa escena de una mujer que mira hacia una playa y ve a dos personas caminando. Se ve que fue una escena que sedimentó en mí, que germinó, y tomó fuerza, a pesar de que hubiera otras que en aquel momento me sorprendieron más...
...Es curioso cómo el tiempo pone las cosas en su sitio...

...El caso es que empecé a ojear el libro, de nuevo, un libro que no había vuelto a leer desde los catorce años, y me sorprendió lo mucho que tenía que ver con mi vida ahora: yo soy monitor con niños en un campamento de verano, y estoy viviendo cosas que no había vivido antes, y de pronto, el libro, a pesar de hablar de otra cosa, ha tomado un significado muy distinto a como lo leí entonces, aunque me sigan estremeciendo algunas cosas de él, y aunque me siga estremeciendo de mí, que el que yo era con catorce años señalara este párrafo:

"Empecé a dejar de hablarte, a dar solamente los buenos días, a dejarte solo. Comprar filetes de carne para ti. Verte únicamente por la mañana salir hirsuto de tu habitación en busca de café, y reír de tu aspecto de administrador, de tu inspección, hasta que se me saltaban las lágrimas.
Eras terrible, a menudo yo te temía. Y en torno a nosotros se temía lo que pudiera pasarme. Me parecía que eras cada vez más sincero, pero que ya era demasiado tarde para mí, ya no podía retenerte. Como jamás pude retener el miedo que te sentía. No sabes impartir el miedo a ser asesinada por ti. A todas mis amigas y conocidos les encanta tu dulzura. Eres mi mejor tarjeta de visita. Pero tu dulzura me lleva a la muerte, y debes de soñar con cármela sin saberlo en absoluto. Cada noche": ¿Por qué señalé este párrafo con catorce años?...

...Sé que es difícil explicarlo con palabras, y sé que si nos tomáramos un vino, en persona, podría explicártelo mejor, ...

...No, no sabía que tú tenías dentro a Madame Duras, pero no es difícil imaginárselo...

...Por cierto, no estarás ahí en el Nuevo Portil con Lara, ¿no?...
...Besos a mansalva...

NáN a dit…

¡Pero qué bueno es este texto! hay que leerlo dos veces como mínimo, para acompasarse con ese esfuerzo de la que baila y la que escribe. Merece la pena.
Un gran abrazo

Anonyme a dit…

Que de beauté dans la femme au tango de vie sur la mort.

Anonyme a dit…

Gracias intiresnuyu iformatsiyu