Al principio, no está tanto el dolor. Sino esa plenitud. Ese cuerpo-globo. Lleno de aire. Sostenido de un hilo, no más. Flotando. Al principio flota. Burbuja de jabón. Está muy hinchada. Llena. La boca abierta es de quien nada debajo del agua del mar. Mar adentro afuera. Sensación de suspensión. Volar. Funámbula sobre la cuerda floja. Vuelo. Vuela. Cuando se acaba el vuelo, los zapatos llanos de chicos. La tierra. Los pies. El tobillo. Estos pies arrancados a la tierra. Esta caminata muy atenta al pie. Al centro. La llamada del vestido rojo. Detenerse un rato con él. La caminata atenta al pie. Al tobillo doloroso. Más rápido. Más rápido. El hilo. Enloquece. Enloquece ella. Enloquezco yo. Me agoto. Estoy agotada. Me caigo. Peleo para levantarme. Me levanto. Me caigo. Me levanto. Me caigo. Me derrumbo. Soy cuerpo. Materia cuerpo. Respiración fuerte. Muy fuerte. Baile violento. Que termina en la jaula. Salir. Salida. Silla. Texto. Voz. Silla-útero. Intento. Fracaso. Encierro. Salir. Regresar. Contarlo todo. Contarle todo a la silla. Llorar. Levantarse y percutir el sonido de la silla. Ser-silla. Caminar-silla. Bailar-silla. Salir. Salir ya, al vestido rojo. Ya no es mi madre. Es mi niña. Soy yo. Le canto la canción de mi papá. Vuelvo. Vuelvo a esa paz. Sonrío. Canto
« Ma petite est comme l’eau, elle est comme l’eau vive Elle court comme un ruisseau, que les enfants poursuivent Courrez, courrez, vite si vous le pouvez Jamais, jamais, vous ne la rattraperez »
Vivre rouge
Au début il n’y a pas tant de douleur. Mais la plénitude. Ce corps-ballon-de-baudruche. Rempli d’air. Juste soutenu par un fil. Flottant. Au début ça flotte. Bulle de savon. Elle est très gonflée. Pleine. La bouche ouverte est celle de qui nage sous l’eau de la mer. Mer intérieure extérieure. Sensation de suspension. Voler. Funambule sur le fil. Vol. Elle vole. Quand le vol finit, les chaussures plates de l’enfant. La terre. Les pieds. La cheville. Ces pieds arrachés à la terre. Cette marche très attentive à ce pied. Au centre. L’appel de la robe rouge. S’arrêter un moment auprès d’elle. La marche attentive au pied. La cheville douloureuse. Plus vite. Plus vite. Le fil. Devient fou. Devient folle. Je deviens folle. Je m’épuise. Je suis épuisée. Je tombe. Je lutte pour me relever. Je me relève. Je tombe. Je me relève. Je tombe. Je m’écroule. Je suis corps. Matière corps. Respiration forte. Très forte. Danse violente. Qui finit dans la cage. Sortir. Sortie. Chaise. Texte. Voix. Chaise-utérus. Tentative. Echec. Enfermement. Sortir. Revenir. Tout dire. Tout dire à la chaise. Pleurer. Se lever et percuter le son de la chaise. Etre-chaise. Marcher-chaise. Danser-chaise. Sortir. Sortir maintenant, à la robe rouge. Ce n’est plus ma mère. C’est ma fille. C’est moi. Je lui chante la chanson de mon père. Je reviens. Je reviens à ce calme. Je souris. Je chante.
« Ma petite est comme l’eau, elle est comme l’eau vive Elle court comme un ruisseau, que les enfants poursuivent Courrez, courrez, vite si vous le pouvez Jamais, jamais, vous ne la rattraperez »
"L'EMERGENCE D'UNE THEORIE DE LA NECESSITE DE LA LITTERATURE - Carmen Martín Gaite à travers trois romans (Los parentescos - Ritmo lento - La Reina de las Nieves)" / "LA EMERGENCIA DE UNA TEORIA DE LA NECESIDAD DE LA LITERATURA - Carmen Martín Gaite a través de tres novelas (Los parentescos - Ritmo lento - La Reina de las Nieves)"
"[...] que le fait de penser ne peut être que bouleversant ; que ce qui est à penser est dans la pensée ce qui se détourne d'elle et s'épuise inépuisablement en elle ; que souffrir et penser sont liés d'une manière secrète [...]" Maurice Blanchot, Le livre à venir (1959)
"[...] que el hecho de pensar sólo puede ser trastornador; que lo que hay que pensar está dentro del pensamiento lo que se desvia de él y se agota incansablemente en él; que padecer y pensar están vinculados de alguna manera secreta [...]"
"J'associais la viande au suicide, parce que je m'étais évanouie devant le rayon boucherie et que la viande que j'y avais vue était meurtrie, saignante et emprisonnée dans un emballage en plastique. Exactement comme moi !" Susanna Kaysen, Une vie volée (Girl interrupted, 1993)
"Asociaba la carne con el suicidio, porque me había desvanecido delante de la sección carnicería y que la carne que había visto estaba magullada, sangrienta y presa en un envoltorio de plástico. Tal cual como yo!"
"L'enveloppe, ou la coquille, qui sert à nous protéger, avait été arrachée. Je n'arrivais pas à savoir si c'était moi ou les choses qui avaient perdu leur enveloppe [...]" Susanna Kaysen, Une vie volée (Girl interrupted, 1993)
"La envoltura, o la concha, que sirve para protegernos, había sido arrancada. No conseguía saber si era yo o las cosas quienes habían perdido su envoltura [...]"