A la mañana siguiente, ella tenía cita por teléfono. Se levantó antes que él. Tenía que meterse en lo suyo ella. Dormía él. Se sorprendía de que no quisiera abrazarla algo más él, por más que estuviera medio dormido. Mas tenía que centrarse en lo suyo. Fue a prepararse el desayuno. Jugo de naranja. Café. Galletitas de cereales. Se sentó en la mesa del salón para escribir al desayunar. También se iba preguntando dónde se iba a colocar para no molestarle a él, y para que no la molestara él a ella. No quería tener miedo, luego, durante la cita, a que pudiera oír él lo que iba contando.
Por fin eligió meterse en el corredor de la
escalera. Medio raro. Medio inconfortable. Pero por lo menos, estaba apartada.
Ahí se dijeron cosas respecto a su último hombre. Al miedo que había padecido
ella. A cómo se estaba enterando de ello no más ahora, mediante la presencia de
él. A cómo la dulzura y el entusiasmo de él eran algo jamás experimentado. De
verdad, nunca jamás. Algo que nunca ni siquiera había pensado antes. Como algo
que hubiera sido fuera de lo que había podido abarcar de la vida. Ahí se estaba
enterando de cuánto ello, la coexistencia con la presencia de él, le estaba cambiando
la mirada sobre todo lo que había vivido antes. El miedo, la dificultad, la
violencia. Y darse cuenta de ello la ponía dentro de una mezcla rara de
felicidad presente y horror sin saber del pasado. El, la experiencia de la
presencia con él, le iba revelando lo duro que había sido todo lo anterior. La
alborotaba mucho. La alborotaba y la hacía feliz. Mas la alborotaba. Sobre todo.
Hacía que tenía ganas de echarse en los brazos de él para que, ahora, en el
instante del ahora, la reconfortara de todo lo pasado. De todo el pasado suyo.
Pesado.
Cuando regresó del corredor de la escalera, él
estaba preparando café. Muy metido en lo suyo. O muy fuera de ella. Ella
hubiera querido que la abrazara. Que mediante el abrazo le significara su
afecto. Mas él no estaba mucho. No se dio cuenta. No ocurrió. No la reconfortó.
Fue a darse una ducha él. Tardó. Ella se quedó esperando. Esperándole. Medio
dentro de la nube del recién descubrimiento de lo que había sido su convivencia
con aquel otro hombre, con aquellos otros hombres, todos. Ya que ese, su último
hombre, también había sido su primer hombre. El que le había dicho, ya en el
principio, que ningún otro hombre que él hubiera podido estar con ella. El con
quien se había quedado años. El único. Mas el que también había conseguido
dejar, hacía años. Y sin embargo, el en que no había dejado de confiar nunca, a
pesar del paso de los años. El a quien acudía siempre que algún hombre le
volvía a hacer mal. El hombre que había sido el único, realísticamente, en
abrazarla tras el episodio del león en Buenos Aires. El para quien había sido
presente cuando se murió la madre de manera terrible, en el entierro. El que,
por fin, había enloquecido repentinamente. De manera invisible a lo largo de
los años. Hasta infundirle tanto miedo a ella que cambiara en el acto las
cerraduras de casa. El único hombre en que había confiado. A lo largo de años.
Muchos. Dos veces siete años. La mitad del tiempo de su existencia. El que había
sido su primer hombre. El que, antes de la vuelta de El, había sido su último
hombre.
Estaba ahí ella. En todo eso suyo. En casa de él.
Con necesidad de él. Con miedo a contarle tanto peso. Siempre las emociones
contradictorias. Ambivalencia. Estaba. En casa de él. Con necesidad de él.
Estaba. No había que tomar nada más en cuenta. Como bailarina sabía eso. Como
bailarina sabía que sólo a eso se podía agarrar. Estaba e iban a juntarse a
almorzar con otra bailarina que hacía mucho que no veía. Que apenas conocía, en
realidad. Estaba mas se sentía con pocas fuerzas. Hubiera querido poder
apoyarse en él. Mas él tardaba. Y tampoco quería dejar esperar mucho a la
bailarina. La respetaba mucho. Así que fue sola. El se juntaría en cuanto
podría. Ya estaba la bailarina. Se sentaron en la única mesita que quedaba
libre. Casi no habría lugar para él. Igual llegó enseguida y se instaló como
pudo. Al rato se liberó una mesa y se mudaron ahí para estar más comodos. El
estaba mas estaba muy ausente. Casi le daba vergüenza a ella respecto a la
bailarina. Como que no estaba. Tal y como lo había conocido hacía diez años. Y
ella que acababa de comprobar lo bien que se sentía con él…
Al terminar el almuerzo le dijeron adios a la
bailarina. Se quedaron los dos. El seguía sin estar. Mas quería ir a ver una
exposición en la catedral de la ciudad. Una exposición sobre representaciones
de Cristo. Parecía estar muy sumergido en lo suyo. Como sin plan alguno de concederle
nada a ella. Igual no era eso. Sólo que se sentía de sobra que no estaba. Que,
en aquel momento, ni siquiera estaba en capacidad de hacerle caso a ella. Le dolió.
A ella le dolió. Y sintió que empezaba a subirle la angustia. Si aun era así
él, igual que hacía diez años, una nube, nada iba a ser posible. Entre los dos.
Porque ya sabía ella que no lo podía soportar. Que le dolía mucho demasiado. Demasiado.
Caminaron por la avenida grande. Siguiendo los raíles del tranvía. Lloviznaba.
Era muy gris el tiempo.
Rencontre à travers le temps (XIV)
Le lendemain
matin, elle avait un rendez-vous téléphonique. Elle s’est levée avant lui. Il
fallait qu’elle se recentre sur ses choses à elle. Il dormait. Elle était surprise
qu’il n’ait pas davantage envie de l’embrasser, même s’il était plus ou moins
endormi. Il fallait qu’elle se recentre. Elle est allée se préparer un petit
déjeuner. Jus d’orange. Café. Biscuits
aux céréales. Elle s’est assise sur la table du salon pour écrire en déjeunant.
Elle se demandait où elle allait bien pouvoir s’installer pour ne pas le
déranger, pour qu’il ne la dérange pas. Elle ne voulait pas avoir peur, ensuite,
pendant le rendez-vous, qu’il puisse entendre ce qu’elle disait.
Finalement elle
a décidé de se mettre dans le couloir de l’escalier. Un peu bizarre. Pas très confortable. Mais
au moins elle serait isolée. Là des choses se sont dites concernant son dernier
homme. La peur qu’elle avait eue. Combien elle ne s’en rendait compte que
maintenant, grâce à sa présence à lui. Combien sa douceur et son enthousiasme à
lui étaient de l’ordre du jamais expérimenté. Véritablement, jamais. Quelque
chose à quoi elle dont elle n’aurait même pas pu se rendre compte avant. Quelque
chose qui aurait été comme en dehors de ce qu’elle connaissait de la vie. Et là,
elle était en train de comprendre combien ça, la coexistence avec sa présence à
lui, était en train de changer sa vision des choses sur tout ce qu’elle avait
vécu avant. La peur, la difficulté, la violence. Et s’en rendre compte la
plongeait dans un mélange étrange de joie du présent et d’horreur insu du
passé. Lui, l’expérience de la présence avec lui, était en train de lui révéler
combien tout ce qui s’était passé avant avait été dur. Ca la bouleversait. Beaucoup.
Ca la bouleversait et ça la rendait heureuse. Mais ça la bouleversait. Surtout. Ca faisait qu’elle avait envie de
se jeter dans ses bras pour que, maintenant, à ce moment, il la réconforte de
tout le passé. De tout son passé. Lourd.
Quand elle est
revenue du couloir de l’escalier, il était en train de faire du café. Très renfermé. Ou très loin d’elle. Elle,
elle aurait voulu qu’il la prenne dans ses bras. Qu’à travers l’étreinte il lui
signifie son affection. Mais il n’était pas là. Il ne s’en est pas rendu compte. Ca n’est pas arrivé. Il ne l’a pas
réconfortée. Il est allé prendre sa douche. Il a tardé. Elle est restée à
attendre. A l’attendre. A moitié dans les nuages de la récente
découverte de ce qu’avait été sa cohabitation avec cet autre homme, avec ces
autres hommes, tous. Puisque son dernier homme avait aussi été son premier
homme. Celui qui lui avait dit, dès le tout début, qu’aucun autre homme n’aurait
pu être avec elle. Celui avec qui elle était restée des années. Le seul. Mais
celui qu’elle avait aussi réussi à quitter, il y avait déjà longtemps. Et pourtant,
celui en qui elle avait toujours gardé confiance, malgré les nombreuses années.
Celui vers qui elle était revenue chaque fois qu’un nouvel homme lui avait fait
du mal. L’homme qui avait été le seul, concrètement, à l’avoir prise dans ses
bras après l’épisode du lion à Buenos Aires. Celui auprès de qui elle avait été
présente quand sa mère était morte de façon terrible, le jour de l’enterrement.
Celui qui, finalement, était subitement devenu fou. De façon invisible au fil
des années. Au point qu’elle ait eu si peur qu’elle ait immédiatement changé
les verrous. Le seul homme en qui elle avait eu confiance. Pendant toutes ces années. Beaucoup. Deux fois
sept ans. La moitié du temps de son existence. Celui qui avait été son
premier homme. Celui qui, avant que Lui ne revienne, avait été son dernier
homme.
Elle était là, elle. Dans toutes ces choses à
elle. Chez lui. A avoir envie de lui. Dans la peur de lui raconter tout
ce poids. Toujours les émotions contradictoires. Ambivalence. Elle était là. Chez lui. Dans l’envie
de lui. Elle était là. Il n’y avait rien d’autre à prendre en compte. Parce
qu’elle était danseuse elle savait ça. Parce qu’elle était danseuse elle savait
qu’elle ne pouvait s’agripper qu’à ça. Elle était là et ils allaient rejoindre
une autre danseuse qu’elle n’avait pas vue depuis longtemps. Qu’elle
connaissait à peine, en réalité. Elle était là mais elle sentait qu’elle
n’avait pas beaucoup de forces. Elle aurait voulu pouvoir s’appuyer sur lui.
Mais il mettait du temps. Et elle ne voulait pas non plus laisser attendre trop
longtemps la danseuse. Elle la respectait bien trop. Elle est donc partie
seule. Il viendrait quand il serait prêt. La danseuse était déjà là. Elles se
sont installées à la seule petite table qui était encore libre. Il n’y aurait
pas beaucoup de place pour lui. Il est arrivé tout de suite et s’est installé
comme il a pu. Puis une table s’est libérée et ils sont allés la prendre pour
être plus à l’aise. Il était là mais il était absent. Vraiment. Elle en avait
presque honte par rapport à la danseuse. Il n’était pas là. Exactement comme
elle l’avait connu il y avait dix ans. Et elle qui venait de comprendre combien
elle se sentait bien avec lui…
A la fin du
déjeuner ils ont dit au revoir à la danseuse. Ils se sont retrouvés tous les
deux. Il continuait à ne pas être là. Mais il voulait aller voir une exposition
à la cathédrale de la ville. Une exposition sur des représentations du Christ.
Il avait l’air d’être très absorbé par ses choses à lui. Comme sans la moindre intention
de lui concéder quoi que ce soit à elle. Ce n’était pas non plus ça. Juste
qu’on sentait bien trop, qu’il n’était pas là. Qu’à ce moment-là il n’était pas
même en capacité de se rendre compte qu’elle était là. Ca lui a fait mal. A elle ça lui a fait mal. Et
elle a senti que l’angoisse commençait à arriver. S’il était encore comme ça,
comme il y avait dix ans, un nuage, ça ne serait pas possible. Eux deux. Parce
qu’elle savait déjà qu’elle ne pouvait pas faire avec. Que ça lui faisait trop
mal. Trop. Ils ont marché sur la grande avenue. Le long des rails du tram. Il
bruinait. Le temps était très gris.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire