En
la calle era de noche. La gente parecía como en su casa. Nada que ver con la
ciudad de ella, donde sólo se sentía hostilidad o ausencia. Buscó el bar que le
había dicho él. Lo encontró. El Boquerón. Con dicho nombre castellano no se
podía olvidar. No estaba afuera él. Entró ella. Lo vio al fondo, en la barra,
charlando con una mujer. Le daba cosita avanzarse. Se sentía frágil. Mas sí, la
recibió muy bien. Inclusive la presentó con felicidad. Algo de satisfacción,
también. Nunca hubiera pensado algo así, ella. Y luego de presentarla a aquella
mujer española con nombre de canción, la presentó a toda la pandilla, que
estaba sentada en una mesa de afuera. Temía dicha presentación, ella. Sabía que
estaban para opinar algo de ella. Porque eran su gente. La gente de él.
Al
principio, regresaron adentro. El, medio atontado por tenerla acá, parecía.
Charlaron los tres con la mujer española con nombre de canción. Él parecía muy
tontito – a no ser que fuera eso, mostrarse enamorado. Ella, por falta de
costumbre – a tanto honor, tanto amor, tanto respeto –, como reacción a lo que
no se conoce, se puso más ácida. No conocía eso. No se lo iba a creer. No.
Cuando aun no le había contado ella a él, su historia de ellos, su dolor, de
hacía diez años. Protección. Y aun más después de la recién experiencia con la
locura desde afuera, la del Otro, que también puede ser asesiso. Lo del cinismo
tampoco era pura defensa. También tenía que ver con que para él, charlando los
tres, las cosas parecían demasiado sencillas. Inconscientemente o infántilmente
sencillas. Y ella quería estar con alguién que supiera ya que las cosas no tinene
nada que ver con el color de rosa. Alguién que, precisamente porque supiera
eso, quisiera estar con ella. Para compartir ese conocimiento.
Salieron
a sentarse con la pandilla. Ella hubiera querido ir a acostarse. O a juntarse
sólo con él. A compartir lo profundo. Eso que hacía, o no, la posibilidad del
encontrarse. Tampoco sentía que podía darle más alcohol al cuerpo. Así que,
para cruzarse con pájaros de noche: complicado. No se sabe qué es lo que bebió
ella al final. Peros sin alcohol, eso sí. Mientras que él ya estaba de cañas
cuando empezó a probar y repetir carajillos – café con ron. Uno. Dos. Ella con
algo de temor, por la conciencia del desacorde energético. Por fin regresaron a
casa. Se sentaron en el sofá negro. Sólo tenía ganas ella de hacerle aquella
pregunta: ¿Tenés ganas de que nos amemos?
Se
fueron a la pieza. Sintiéndose ella a la vez frágil y con ganas de que la
reconfortara. Tenía ganas de volver a intentar el unirse. Desde los cuerpos no
más. Cuando él le dijo que no pensaba hacerle el amor. Que estar «así» ya era como hacer el amor. En otro
momento de su vida, en otro contexto, la hubiera encantado y reconfortado
escuchar algo así, sí. Mas ahora no. Ahora estaba en el descubrimiento de la
existencia PURA y NECESARIA del cuerpo. En el descubrimiento de que a veces no
sirven las palabras. De que a veces lo único que sirve es la piel. El encuentro
físico. Puro.
Se
quedaron «así». Y, sin saber muy bien por qué, por más que hubiera querido superarlo, le
dolió. Y se durmió con este dolor. A la mañana, otra vez, sintió ella que lo
estaba buscando. A él. Mas él no estaba mucho. Cuando se levantó él, notó ella,
por lo menos, que estaba mucho más tranquilo. Se agarró de eso. Hasta la noche
no salieron de casa. Lo que deseaba y necesitaba ella. Se agarró de eso. Se
quedaron mirando una pelí, en la cama: Buffet
froid de Bertrand Blier. ¡Se rieron mucho! Se agarró de eso. Eso quería:
compartir el humor entre ellos dos. Sin otra cosa más. A la noche, sin embargo,
había que salir. Pero muy cerca. Al bar de enfrente, donde el amigo músico de
él daba un concierto. Salieron. El tiempo era muy feo. Muy gris para mayo.
Apenas salidos, les dijeron que se había cancelado el concierto. Cosas del
dueño. Un tipo asqueroso. Se quedaron en la puerta a fumar un cigarro, y luego
entraron a tomar la copa gratis que les debía el dueño por más que cancelara el
concierto. Había poca onda entre la gente del bar, entre la gente de él. Y ella
no tenía ganas de ser quien le hubiera puesto onda a la cosa. Volvieron a casa pronto.
En la otra vereda. No estaban borrachos. Ninguno de los dos. Preparó una
tortilla él. Una tortilla algo rara, pensó ella. Con atún y otra cosa. Mitad
mitad. Se sintió a gusto ella. Siempre que lo miraba preparar la comida, se
sentía a gusto. Apaciguada. Tampoco había conocido quien le preparara comida.
Algo muy íntimo. También. Del cuerpo. También.
Después
de cenar quisieron ver una pelí. Otra. Mas los dos fueron capaces de reconocer
que estaban cansados. Hicieron algo imprevisible: ¡mirar televisión! ¡En la
compu! Cayeron en una entrevista de Catherine Deneuve. Ella odiaba a Catherine
Deneuve. Por la artificialidad. Se durmió ella. Feliz. Al lado de él. Mirando
aquello.
Rencontre à
travers le temps (XIII)
Dans la rue il faisait nuit. Les gens avaient l’air
d’y être comme chez eux. Rien à voir avec sa ville à elle, où on ne sentait qu’hostilité
ou absence. Elle a cherché le bar qu’il lui avait dit. Elle l’a trouvé. Le
Boquerón. Avec un nom pareil, en espagnol, elle ne pouvait pas l’oublier. Il
n’était pas dehors. Elle est entrée. Elle l’a vu au fond, au comptoir, en
train de parler avec une femme. C’était un peu difficile de s’avancer. Elle se
sentait fragile. Pourtant il l’a bien reçue, oui. Il l’a présentée avec joie. Un
peu de satisfaction, aussi. Elle n’aurait jamais pensé ça. Après l’avoir
présentée à cette femme espagnole au prénom de chanson, il l’a présentée au
reste de la troupe, qui était à une table en terrasse. Elle avait un peu peur
de cette présentation. Elle savait qu’on allait penser quelque chose d’elle. Parce
que c’était ses gens. Ses gens à lui.
Au début, ils sont retournés à l’intérieur. Lui, il
était à moitié hébété qu’elle soit là, aurait-on dit. Ils ont discuté tous les
trois avec la femme espagnole au prénom de chanson. Il avait l’air tout ahuri – à moins que ce ne soit ça, avoir l’air
amoureux. Elle, parce qu’elle n’avait pas l’habitude –
de tant d’honneur, tant d’amour, tant de considération –, en réaction à ce qu’on
ne connait pas, elle est devenue un peu acide. Ca, elle ne connaissait pas. Alors
y croire. Sûrement pas. Alors qu’elle ne lui avait pas encore raconté son
histoire d’eux, sa douleur, d’il y avait dix ans. Protection. Encore plus du
fait de la récente expérience avec la folie depuis dehors, depuis l’Autre,
quand il est assassin. Mais son soudain cynisme n’était pas seulement une
posture défensive. Ca avait aussi à voir avec le fait que pour lui, en
discutant tous les trois, les choses avaient l’air tellement simples. Inconsciemment
ou puérilement simples. Et qu’elle, elle voulait être avec quelqu’un qui saurait
que les choses n’avaient rien à voir avec la couleur rose. Quelqu’un qui,
précisément parce qu’il saurait ça, voudrait être avec elle. Pour en partager
la connaissance.
Ils sont sortis s’assoir avec le reste de la troupe.
Elle aurait aimé aller se coucher. Ou rester juste avec lui. Pour partager le
profond. Ce qui fait, ou pas, la possibilité de la rencontre. En plus elle
sentait qu’elle ne pouvait pas remettre d’alcool dans son corps. Alors, pour
croiser les oiseaux de nuit : ça allait être difficile. On ne sait pas ce
qu’elle a finalement bu. Mais pas d’alcool, c’est sûr. Alors que lui, il était déjà
à la bière quand il a commencé à faire et refaire l’expérience du carajillo :
café et rhum. Un. Deux. Elle était préoccupée, dans la conscience du désaccord
énergétique. Ils sont enfin rentrés à la maison. Ils se sont assis dans le
canapé noir. Elle n’avait qu’une envie : lui poser cette question : Est-ce
que tu as envie qu’on s’aime ?
Ils sont allés dans la chambre. Elle se sentait à la
fois fragile et dans le besoin d’être réconfortée. Elle avait envie d’essayer à
nouveau de s’unir. Par les corps, c’est tout. Quand il lui a dit qu’il ne
pensait pas lui faire l’amour. Que « comme ça » c’était déjà faire
l’amour. A un autre moment de sa vie, dans un autre contexte, elle aurait
beaucoup aimé entendre quelque chose comme ça. Ca l’aurait réconforté, oui. Pas à ce moment-là. Alors
qu’elle était dans la découverte de l’existence PURE et NECESSAIRE du corps. En
train de découvrir que parfois les mots ne servent à rien. Que parfois la seule
chose qui serve, c’est la peau. La rencontre physique. Pure.
Ils sont restés « comme ça ». Et, sans bien
savoir pourquoi, tout en voulant parvenir à le dépasser, ça lui a fait mal. Et
elle s’est endormie dans cette douleur. Le lendemain matin, à nouveau, elle a
senti qu’elle le cherchait. Lui. Mais il n’était pas vraiment là. Quand il
s’est levé, elle a constaté, au moins, qu’il était beaucoup plus tranquille.
Elle s’est agrippée à ça. Jusqu’au soir, ils ne sont pas sortis de la maison. Comme
elle en avait envie et besoin. Elle s’est agrippée à ça. Ils ont regardé un
film, dans le lit : Buffet froid de
Bertrand Blier. Ils ont beaucoup ri ! Elle s’est agrippée à ça. C’est ce
qu’elle voulait : partager l’humour entre tous les deux. Sans rien ni
personne d’autre. Le soir, néanmoins, il fallait bien sortir. Heureusement, c’était
pas très loin. Juste dans le bar d’en face, où un ami musicien à lui faisait un
concert. Ils sont sortis. Il ne faisait pas beau. Très gris pour un mois de
mai. Dès qu’ils sont sortis, on leur a dit que le concert était annulé. Habitude
du gérant du bar. Un type odieux. Ils sont restés devant la porte pour fumer une
cigarette, et ensuite ils sont entrés pour boire le verre gratuit que leur
devait le gérant du bar malgré l’annulation du concert. Il n’y avait pas
beaucoup d’énergie chez les gens du bar, chez ses gens à lui. Et elle ne serait
pas celle qui allait changer la donne. Ils sont rentrés tôt à la maison. Sur le
trottoir d’en face. Ils n’étaient pas saouls. Ni l’un ni l’autre. Il a préparé
une tortilla. Une tortilla un peu bizarre, s’est-elle dit. Avec du thon et un
autre ingrédient. Moitié-moitié. Elle se sentait bien. Chaque fois qu’elle le
regardait faire la cuisine, elle se sentait bien. Apaisée. Elle n’avait pas non
plus connu qu’on lui fasse à manger. Quelque chose de très intime. Aussi. Du
corps. Aussi.
Après la diner ils voulaient regarder un film. Un
autre. Mais ils ont tous les deux été capables de se rendre compte qu’ils
étaient fatigués. Ils ont fait quelque chose d’imprévisible : ils ont
regardé la télévision ! Sur l’ordinateur ! Ils sont tombés sur une
interview de Catherine Deneuve. Elle n’aimait
pas Catherine Deneuve. A cause de l’artificialité. Elle s’est endormie. Heureuse. A côté de lui.
Qui regardait ça.
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