Y ahí estaba, él, en medio de la noche. En medio
del andén. Parecía más juvenil. Más frágil. Le sorprendió eso a ella. Sólo era
que se había aclarado la barba. Que era la una y media de la mañana. Sólo era que
era la primera vez en que iba a buscarla. Ella, con su ropa de invierno. Su
miedo a padecer frío. Por más que viajara al sur. Por más que le dijera él que
en su ciudad había un micro clima. Ella no quería más padecer frío. Nunca. Y
sabía que eso sólo era responsabilidad suya. Por eso venía con lana. Mucha. El
chal verde claro de la abuela imaginaria. De cuando lo del cuello roto. Venía
con mucha lana. Por más que fuera mayo.
Caminaron por la ciudad. Casi a oscuras. A estas
horas ya no había tranvía. Ni casi luces. El le iba enseñando el nombre de cada
cosa. De cada monumento. Volaba ella. Más allá de la mochila gigante. Por la
felicidad de él, enseñándole la ciudad. Habitualmente era ella quien le iba
enseñando las cosas de sus ciudades a su gente. Aún nunca le había pasado en
este sentido: del otro hacia ella. De noche. Tan tarde. Llegaron al barrio de
él. A la calle de él. A la casa de él. Con mucha delicadeza. Mucho respeto. Se
abrió la puerta. De la casa de él. Sobre el espacio. Mucho espacio. Mucha
sutileza. Para los instrumentos de música. Para poder bailar. Muchos detalles.
Como para partir el alma. Dos rosas. Una fotografía en blanco y negro de algún
espectáculo en que ella, sí, había sido espectadora, de él. Era ya como atravesar
el espejo. Del asunto artístico. Tizas de escuela en un potito granate. Una
foto enmarcada de él tocando la guitarra en Granada. Caminos de libros. De discos.
Una foto de su mamá con él, de niño. Plantas. Lámparas por cada rincón. Como le
gustaba a ella. Y la otra pieza, con cama de vela azul. Rodeada por dibujos
tauromáquicos de Picaso. La escalera doble. Para sostener el vuelo de la vela.
Ya la inquietud de los últimos días, respecto a
eso de los cuerpos, se había disuelto. También se lo había trabajado. En el
mismo tren se lo había trabajado. Desde el mismo reencuentro se lo había
trabajado. Cada encuentro es un
reencuentro. Cada conocimiento, un reconocimiento. Quería estar con él.
Quería que su cuerpo quisiera estar con el de él. Se abrió. Dentro. Sintió que
se podría abrir. Para él. Quería. Se abrió. Dentro. ¿Que si él lo notó? ¿Que si
él lo reconoció? No lo pudo saber. Mas intuyó que no. Lo que sí, lo que estaba ocurriendo.
Que él tampoco estaba igual que las demás veces. Que él no conseguía entregarse
a eso de su rutina.
Había plan de océano para la mañana siguiente. Plan
de madrugar para ir al Atlántico. Mas el único océano que quería ella, en aquel
momento, era él. Nadarle a él. Tomarle el sol. Salarse de él. Respirarlo.
Durmieron. No madrugaron. Hicieron playa en cama. Encontraron el descanso de
los cuerpos en la misma presencia del otro. Lo que para ella, con él, era la vez
primera. Preparó café él. Salieron a la calle.
Fueron a almorzar a Africa con sonrisa y comida
hecha del corazón. Tomaron vino. Por más que fuera malo, lo tomaron con
felicidad. Por lo de la sonrisa, del olor a comida. Por los dos niños amorosos
que estaban sentados justo al lado de ellos. Hacía mucho que ella no encontraba
a niños que le perecieran amorosos. Le parecía tan irreal que fuera él quien la
hubiera llevado a un lugar de ese tipo, un lugar que era tan de aquellos
lugares improbables que le gustaban a ella cuando estaba de viaje. Comieron una
montaña de arroz con pollo. Comió ella más que él. Comió mucho. Por la abuela.
Por eso de que cuando le daban comida casera con sonrisa del corazón se
acordaba de la abuela. Y no podía seguir comiendo regularmente. Se entregaba.
Inclusive hasta el exceso. Porque la abuela lo había sido todo, para ella. Por
más que se muriera mucho demasiado temprano. Que nunca hubiera podido acordarse
del año de su muerte. Igual que Leonardo en La
Reina de las Nieves de Carmen Martín Gaite. Sólo que se le rompió el
pendiente de oro. En el mismo momento del fallecer. En la oreja de ella. Cómo
había llorado. Cómo, por vez primera -secunda-, se le derrumbaba el piso debajo
de los pies. Cómo, por más que por aquel entonces no lo supiera con palabras mas
sólo por el corazón, lo había perdido todo. Como tampoco sabía que se repetiría
de nuevo. La madre. Perdida. La de verdad. La que da brazos y comida.
Por eso se había hartado de comer. Por eso le había
gustado hartarse de comer. Al lado suyo. De él.
Rencontre à travers le temps (IX)
Et il était là,
au milieu de la nuit. Au milieu du quai. Il avait l’air plus juvénile. Plus fragile.
Ca l’a surprise. C’était juste qu’il s’était éclairci la barbe. Qu’il était une
heure et demie du matin. C’était juste que c’était la première fois qu’il
venait la chercher. Elle, avec ses vêtements d’hiver. Sa peur d’avoir froid. Alors
qu’elle voyageait vers le sud. Alors qu’il lui avait dit qu’il y avait un
microclimat dans sa ville. Elle ne voulait plus avoir froid. Jamais. Elle
savait que ça lui incombait. C’est pour ça qu’elle venait avec de la laine.
Beaucoup. Le châle vert de la grand-mère imaginaire. De quand elle s’était
tordu le cou. Elle venait avec beaucoup de laine. Même si on était au mois de
mai.
Ils ont marché
dans la ville. Presque dans le noir. A cette heure-là il n’y avait plus de
tram. Et presque plus de lumières. Il lui disait le nom de chaque chose. De
chaque monument. Elle se sentait voler. Malgré le grand sac à dos. A cause de
sa joie à lui, à lui montrer sa ville. D’ordinaire c’était elle qui montrait
les choses de ses villes à ses gens. Ca ne lui était encore jamais arrivé dans
ce sens : de l’autre vers elle. La nuit. Si tard. Ils sont arrivés dans
son quartier. Dans sa rue. Devant chez lui. Dans une grande délicatesse. Un
grand respect. La porte s’est ouverte. Celle de sa maison. Elle s’est ouverte sur
l’espace. Beaucoup d’espace. Une grande subtilité. Pour les instruments de
musique. Pour pouvoir danser. Beaucoup de détailles. A en fendre le cœur. Deux
roses. Une photo en noir et blanc d’un spectacle où elle, si, avait été
spectatrice, de lui. C’était déjà comme passer de l’autre côté du miroir. Du
fait artistique. Des craies d’école dans un petit pot grenat. Une photo encadrée
de lui jouant de la guitare à Grenade. Des chemins de livres. De disques. Une
photo de sa mère avec lui, tout petit. Des plantes. Des lampes dans tous les
coins. Comme elle aimait. Et la chambre, avec sa voile bleue. Le lit entouré des
dessins tauromachiques de Picasso. L’escabeau. Pour soutenir le vol de la voile
bleue.
L’inquiétude des
derniers jours, relative à cette chose des corps, s’était déjà dissipée. Faut
dire qu’elle y avait travaillé. Dans le train aussi elle y avait travaillé. Dès
les retrouvailles elle y avait travaillé. Toute
rencontre est une re-rencontre. Toute connaissance, une reconnaissance.
Elle avait eu envie d’être avec lui. Elle voulait que son corps ait envie
d’être avec son corps, à lui. Elle s’est ouverte. Dedans. Elle a senti qu’elle
pourrait s’ouvrir. Pour lui. Elle voulait. Elle s’est ouverte. Dedans. S’il
s’en est rendu compte ? S’il a pu le reconnaitre ? Elle n’a pas pu le
savoir. Elle a juste eu l’intuition que non. Mais ce que oui, ce qui était en
train de se passer. Que lui non plus, il n’était pas comme les autres fois.
Qu’il n’avait pas pu s’adonner à sa routine.
Il y avait un projet
d’océan pour le lendemain matin. Projet de se lever tôt pour aller au bord de
l’Atlantique. Mais le seul océan qu’elle voulait, elle, à ce moment-là, c’était
lui. Le nager. Prendre son soleil. Se saler de lui. Le respirer. Ils se sont
endormis. Ils ne se sont pas levés tôt. Ils ont fait plage dans le lit. Ont
trouvé le repos des corps dans la seule présence de l’autre. Ce qui pour elle,
avec lui, était la première fois. Il a préparé du café. Ils sont sortis dans la
rue.
Ils sont allés
déjeuner dans l’Afrique du sourire et de la cuisine du cœur. Ils ont bu du vin.
Même s’il n’était pas bon, ils l’ont bu avec grand plaisir. A cause de cette
chose du sourire, de l’odeur de cuisine. A cause des deux enfants adorables qui
étaient assis juste à côté d’eux. Ca faisait longtemps qu’elle ne voyait pas d’enfants
qui lui semblaient adorables. Ca lui semblait tellement irréel que ce soit lui
qui l’ait amenée dans un endroit comme ça, un endroit qui ressemblait autant
aux endroits improbables qu’elle aimait découvrir quand elle était en voyage.
Ils ont mangé une montagne de riz et de poulet. Elle a mangé plus que lui. Elle
a beaucoup mangé. A cause de sa grand-mère. Parce que quand on lui donnait de
la cuisine maison avec le sourire du cœur, ça lui rappelait toujours sa
grand-mère. Et ça faisait qu’elle ne pouvait plus manger normalement. Qu’elle
se rendait. Parfois jusqu’à l’excès. Parce que sa grand-mère avait été tout,
pour elle. Même si elle était morte bien trop tôt. Et qu’elle n’avait jamais pu
se souvenir de l’année de sa mort. Comme Leonardo dans La Reina de las Nieves de Carmen Martín Gaite. Juste que sa boucle
d’oreille en or s’était cassée. Juste au moment où elle était morte. Dans son
oreille à elle. Comme elle avait pleuré. Comme, pour la première fois -la
deuxième-, la terre s’était effondrée sous ses pieds. Comme, même si à ce
moment-là elle ne l’avait pas su avec les mots mais seulement avec le cœur,
elle avait tout perdu. Comme elle n’avait pas su, non plus, que ça se
répéterait, encore. La mère. Perdue. La vraie. Celle qui embrasse et donne à manger.
C’est pour ça
qu’elle avait trop mangé. C’est pour ça qu’elle avait aimé trop manger. A ses
côtés. A lui.
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