Era el día siguiente y no había llamado él. Como tampoco lo había hecho
la víspera. Tenía que ir haciendo sus cosas ella. La boya de salvavidas. Lo que
había encontrado hasta ahí para intentar sostenerse de alguna que otra manera.
Las posibilidades de ella. Pagar a gente. Profesionales. Aquella mañana también,
la ayudó para disipar algo el malestar. El malestar debido a la derrota de la
comprensión – entre ellos dos. Al abismo que había dejado. La duda. ¿Quién es el loco? Siempre la
misma pregunta para ella. Cuando la derrota del entenderse. ¿Que si porque era
loca no la entendían? ¿Que si por eso era? No. No estaba loca. Lo comprobó en
sus lugares de ubicación. La «fisiología» no existía,
no. Y sí, había dado un paso grande al poder enunciar eso: «Soy lo que soy. Te gusté o no te
gusté.».
Volvió a llamarlo. Ella. Estaba en el tren que lo llevaba al infierno
del laburo. No podía hablar. Dijo que la llamaría a la noche. Cortaron. Otra
vez. Aguantó. Ella. La tarde. Cuando por fin llamó. El. Cuando por fin pudo
soltar algo de lo que contenía y la ahogaba. Ella. Cuando por fin pudo afirmar
que, no, nada era sencillo. Que las cosas, había que hablarlas. Que había que
entregarse algo el uno al otro, si algo se quería generar. Experimentar.
Construir. Que pensar que las cosas funcionaban o no por motivo exterior era
fantasma. Visión adolescente – tampoco sabía aun ella que también tenía que ver
con el pensar musulmán: «Está
escrito». Y ella
diciéndole que las cosas las escribía uno. Y ninguna otra potencia mágica. Y él
contestándole que iba empezando ella la casa por el tejado.
Y otra vez la duda. Y otra vez el «capaz fuera verdad». Capaz lo quería ya todo, igual que niña
chica. No supo. Sólo se quiso agarrar al que habían compartido los cuerpos. Al
que eso ya fuera significativo. Que tenía que considerarse como significativo.
Para ella lo era. Y que, ya que parecía que querían construir juntos, no iban a
portarse como niños de quince años. Que de lo que se trataba era respaldarse el
uno al otro. Sólo. Ni más ni menos.
Quedó la niebla, cuando cortaron. Cuando cortaron la niebla no se había
disipado, sino al revés. Le daba la sensación a ella de haber estado hablando
sola. De seguir debatiéndose sola en pleno océano. Unheimlich. Inquietante extrañeza. Sólo conocía eso ella. Debatirse
sola en pleno océano. Desde el inicio. El mismo momento del nacer. Sola. Frente
a la panza asesina de la madre. Asfixia. Notaba cómo no conseguía hacer que
disminuyera la asfixia. Apagó la luz. Desde la cama.
Porque seguía el dolor a la mañana siguiente, tuvo que aclararse algo. Tuvo
que aclararse que algo, no. No podía. Que algo, con él, de él, a ella, la
alborotaba en exceso. Algo que tuviera que ver con la ausencia. De él. Más allá
de la presencia física. Del querer
estar. Algo – de él – no estaba. Seguía sin estar. Y supo con certeza que era
eso lo que la alborotaba en exceso. E intuyó que él no sabía nada de eso, de
esa ausencia suya. Cuando se sentía hasta en las caricias. Las de ella para él.
Las de él para ella. Cuando se sentía hasta la piel. La piel de él. Y como
consecuencia, la piel de ella. Pensó que capaz el dolor interno que no paraba
de crecerle era eso no más. Que por la piel, y sin quererlo, la iba
contaminando de ausencia. Que era eso. Sólo eso. Lo que le era tan
insoportable. Y también, saber que ella, respecto a eso, no podía hacer nada.
Absolutamente nada. Que sólo él. Que sólo él podía hacer algo para eso suyo.
Cuando esa experiencia, ella, ya la había tenido hacía mucho. Muy temprano en
la vida.
Y eso, aquella experiencia dolorosa desde el inicio de la vida, y
durante mucho tiempo, había hecho que terminara comprendido eso: que el sentido
del tacto – igual que los demás – funciona como reacción. Que hacen falta dos. Que uno siente algo. Que uno toca algo.
Mas si lo que se toca es… ausente, se queda uno frente al abismo no más. Rodeado
por el vértigo. Lleno de ausencia. Volvía a pensar en eso ella. Porque volvía a
sentirlo. La ausencia de él hasta dentro de la piel. Ese dolor de él adentro
suyo. Ese dolor de él que sabía ella que no sabía él. La angustia estaba ahí. Justo
ahí. En el saber que eso hacía imposible la relación. La relación de piel.
Amorosa. Ya que, inclusive si hubiera querido, ¿qué hubiera podido hacer él
para cambiar las cosas? Sabía ella que… Lo único, era que entendiera, algo, de
lo que decía ella. Mas en todo caso, ya olía a inicio… del fin.
Más allá de todo eso, sin embargo, necesitaba hablar con él. Intentar
restablecer algo de comprensión. Quería estar con él. A pesar de todo. Por eso quería
intentar de nuevo experimentar que con las palabras podían entenderse. Por lo
menos con las palabras. Si por ahora no por otra cosa. La llamó a la noche. Estaba
muy lejos. Muy frío. Lo que le dijo fue que aquella «violencia», de ella, no la quería. De nuevo se quedó sin
palabras ella.
Rencontre à travers le temps (XX)
C’était le lendemain et il n’avait
pas appelé. Comme il ne l’avait pas fait non plus la veille. Il
fallait qu’elle vaque à ses occupations. Une bouée de sauvetage. Ce qu’elle avait
trouvé jusque-là pour essayer de se soutenir un tant soit peu. Ses possibilités
à elle. Payer des gens. Des professionnels. Ce matin-là encore, ça l’a aidée à dissiper
un peu le malaise. Le malaise de la défaite de la compréhension – entre eux
deux. A l’abîme que ça laissait. Le doute. Qui est fou ? Toujours cette
même question pour elle. Face à la défaite de la compréhension. Est-ce que c’était
parce qu’elle était folle qu’on ne la comprenait pas ? Est-ce que c’était
pour ça ? Non. Elle n’était pas folle. Elle a pu le vérifier dans ses
espaces de positionnement. La « physiologie » n’existe pas, non. Et
oui, elle avait fait un grand pas en parvenant à dire ça : « Je suis
comme je suis. C’est à prendre ou à laisser. ».
Elle l’a rappelé. Elle. Il était
dans le train. Le train qui l’emmenait dans l’enfer du travail. Il ne pouvait
pas parler. Il a dit qu’il la rappellerait le soir. Il a raccroché. Encore.
Elle a pris sur elle. Elle. L’après-midi. Jusqu’à ce qu’il rappelle. Lui.
Jusqu’à ce qu’elle puisse évacuer un peu de ce qu’elle contenait et qui
l’étouffait. Elle. Jusqu’à ce qu’elle puisse dire que non, que rien n’était
facile. Que les choses, il fallait en parler. Qu’il fallait se donner un peu,
l’un à l’autre, si on avait envie que quelque chose se génère. S’expérimente. Se
construise. Que penser que les choses fonctionnaient ou non du fait d’une force
extérieure n’était que fantasme. Vision adolescente – elle ne savait pas encore
que ça avait aussi à voir avec la pensée musulmane : « C’est
écrit. ». Et elle continuait à lui dire qu’il n’y a que soi pour écrire les
choses. Pas de pouvoir magique. Et il lui répondait qu’elle mettait la charrue
avant les bœufs.
A nouveau le doute. A nouveau le
« et si c’était vrai ». Peut-être qu’elle voulait tout, tout de suite,
comme une petite fille capricieuse. Elle ne savait plus. Elle pouvait juste s’attacher
au fait qu’ils avaient partagé les corps. Au fait que ça, c’était déjà
signifiant. Qu’il fallait que ce soit considéré comme tel. Pour elle c’était
signifiant. Et que, puisqu’il semblait bien qu’ils avaient envie de construire
ensemble, ils n’allaient pas se comporter comme des gamins des quinze ans. Que
ce dont il s’agissait, c’était de s’épauler l’un l’autre. C’était tout. Ni plus
ni moins.
Le brouillard est resté, quand ils
ont raccroché. Quand ils ont raccroché le brouillard ne s’était pas dissipé, au
contraire. Elle avait l’impression d’avoir parlé toute seule. De continuer à se
débattre toute seule au milieu de l’océan. Unheimlich.
Inquiétante étrangeté. Elle ne connaissait que ça. Se débattre toute seule au
milieu de l’océan. Depuis le début. Le moment même de la naissance. Seule. Face
au ventre assassin de la mère. Asphyxie. Elle voyait bien combien elle
n’arrivait pas à faire diminuer l’asphyxie. Elle a éteint la lumière. Dans son
lit.
Parce que la douleur continuait toujours
le lendemain matin, il a dû essayer de se clarifier les choses. Il a dû se clarifier
que quelque chose, non. Elle ne pouvait pas. Que quelque chose, avec lui, à
lui, la chambardait beaucoup trop fort, elle. Quelque chose qui avait à voir
avec l’absence. A lui. Au-delà de la présence physique. De la volonté d’être-là. Quelque chose – de
lui – n’était pas là. N’était toujours pas là. Et, elle a pu savoir avec
certitude que c’était ça qui la chambardait beaucoup trop fort. Et elle a eu l’intuition
que lui ne savait rien de ça, de cette absence à lui. Alors que ça se sentait
jusque dans les caresses. Celles qu’elle lui donnait. Celles qu’il lui donnait.
Alors que ça se sentait jusque dans la peau. Sa peau à lui. Et en conséquence, sa
peau à elle. Et elle s’est dit que la douleur qui ne cessait de croître en elle
n’était peut-être rien d’autre que ça. Le fait que, par la peau, et sans le
vouloir, il la contaminait d’absence. Que c’était ça. Juste ça. Qui lui était si
insoutenable. Et aussi, savoir qu’elle, elle n’y pouvait rien. Absolument rien.
Qu’il n’y avait que lui. Qu’il n’y avait que lui à pouvoir faire quelque chose à
cette chose à lui. Alors que cette expérience, elle, elle l’avait connue il y avait
bien longtemps. Très tôt dans sa vie.
Et ça, cette expérience douloureuse
dès le début de sa vie, et pendant longtemps, ça avait fait qu’elle avait fini
par comprendre ça : que le sens du toucher – comme tous les autres –
fonctionne comme réaction. Qu’il faut
deux. Qu’il y en a un qui sent quelque
chose. Qu’il y en a un qui touche quelque
chose. Mais que si ce qu’on touche est… absent, on reste… au bord de
l’abîme. Entouré par le vertige. Rempli d’absence. Elle repensait à ça. Parce
qu’elle le sentait à nouveau. Son absence à lui jusque dans sa peau. Cette
douleur à lui en elle. Cette douleur à lui qu’elle savait que lui ne savait pas.
L’angoisse était là. Juste là. Dans le fait de savoir que ça rendait impossible
la relation. La relation de peau. Amoureuse. Car, même s’il l’avait voulu, qu’aurait-il
bien pu faire pour changer ça ? Elle savait bien… La seule chance qui restait, c’était
qu’il comprenne, un peu, ce qu’elle disait. Mais de toute façon, ça sentait le
début… de la fin.
Et par-delà tout ça, elle avait quand
même besoin de lui parler. D’essayer de rétablir un peu de compréhension. Elle voulait
être avec lui. Malgré tout. C’est pour ça qu’elle voulait encore essayer de
faire l’expérience qu’avec les mots ils pouvaient se comprendre. Avec les mots,
au moins. Si pour l’instant ce n’était pas possible autrement. Il l’a rappelée
le soir. Il était très loin. Très froid. Ce qu’il a dit, c’est que cette
« violence », à elle, il n’en voulait pas. Et à nouveau, elle est
restée sans voix.
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