dimanche 3 février 2013

Encuentro por el tiempo (XX)


Era el día siguiente y no había llamado él. Como tampoco lo había hecho la víspera. Tenía que ir haciendo sus cosas ella. La boya de salvavidas. Lo que había encontrado hasta ahí para intentar sostenerse de alguna que otra manera. Las posibilidades de ella. Pagar a gente. Profesionales. Aquella mañana también, la ayudó para disipar algo el malestar. El malestar debido a la derrota de la comprensión – entre ellos dos. Al abismo que había  dejado. La duda. ¿Quién es el loco? Siempre la misma pregunta para ella. Cuando la derrota del entenderse. ¿Que si porque era loca no la entendían? ¿Que si por eso era? No. No estaba loca. Lo comprobó en sus lugares de ubicación. La «fisiología» no existía, no. Y sí, había dado un paso grande al poder enunciar eso: «Soy lo que soy. Te gusté o no te gusté.».
 
Volvió a llamarlo. Ella. Estaba en el tren que lo llevaba al infierno del laburo. No podía hablar. Dijo que la llamaría a la noche. Cortaron. Otra vez. Aguantó. Ella. La tarde. Cuando por fin llamó. El. Cuando por fin pudo soltar algo de lo que contenía y la ahogaba. Ella. Cuando por fin pudo afirmar que, no, nada era sencillo. Que las cosas, había que hablarlas. Que había que entregarse algo el uno al otro, si algo se quería generar. Experimentar. Construir. Que pensar que las cosas funcionaban o no por motivo exterior era fantasma. Visión adolescente – tampoco sabía aun ella que también tenía que ver con el pensar musulmán: «Está escrito». Y ella diciéndole que las cosas las escribía uno. Y ninguna otra potencia mágica. Y él contestándole que iba empezando ella la casa por el tejado.
 
Y otra vez la duda. Y otra vez el «capaz fuera verdad». Capaz lo quería ya todo, igual que niña chica. No supo. Sólo se quiso agarrar al que habían compartido los cuerpos. Al que eso ya fuera significativo. Que tenía que considerarse como significativo. Para ella lo era. Y que, ya que parecía que querían construir juntos, no iban a portarse como niños de quince años. Que de lo que se trataba era respaldarse el uno al otro. Sólo. Ni más ni menos.
 
Quedó la niebla, cuando cortaron. Cuando cortaron la niebla no se había disipado, sino al revés. Le daba la sensación a ella de haber estado hablando sola. De seguir debatiéndose sola en pleno océano. Unheimlich. Inquietante extrañeza. Sólo conocía eso ella. Debatirse sola en pleno océano. Desde el inicio. El mismo momento del nacer. Sola. Frente a la panza asesina de la madre. Asfixia. Notaba cómo no conseguía hacer que disminuyera la asfixia. Apagó la luz. Desde la cama.
 
Porque seguía el dolor a la mañana siguiente, tuvo que aclararse algo. Tuvo que aclararse que algo, no. No podía. Que algo, con él, de él, a ella, la alborotaba en exceso. Algo que tuviera que ver con la ausencia. De él. Más allá de la presencia física. Del querer estar. Algo – de él – no estaba. Seguía sin estar. Y supo con certeza que era eso lo que la alborotaba en exceso. E intuyó que él no sabía nada de eso, de esa ausencia suya. Cuando se sentía hasta en las caricias. Las de ella para él. Las de él para ella. Cuando se sentía hasta la piel. La piel de él. Y como consecuencia, la piel de ella. Pensó que capaz el dolor interno que no paraba de crecerle era eso no más. Que por la piel, y sin quererlo, la iba contaminando de ausencia. Que era eso. Sólo eso. Lo que le era tan insoportable. Y también, saber que ella, respecto a eso, no podía hacer nada. Absolutamente nada. Que sólo él. Que sólo él podía hacer algo para eso suyo. Cuando esa experiencia, ella, ya la había tenido hacía mucho. Muy temprano en la vida.
 
Y eso, aquella experiencia dolorosa desde el inicio de la vida, y durante mucho tiempo, había hecho que terminara comprendido eso: que el sentido del tacto – igual que los demás – funciona como reacción. Que hacen falta dos. Que uno siente algo. Que uno toca algo. Mas si lo que se toca es… ausente, se queda uno frente al abismo no más. Rodeado por el vértigo. Lleno de ausencia. Volvía a pensar en eso ella. Porque volvía a sentirlo. La ausencia de él hasta dentro de la piel. Ese dolor de él adentro suyo. Ese dolor de él que sabía ella que no sabía él. La angustia estaba ahí. Justo ahí. En el saber que eso hacía imposible la relación. La relación de piel. Amorosa. Ya que, inclusive si hubiera querido, ¿qué hubiera podido hacer él para cambiar las cosas? Sabía ella que… Lo único, era que entendiera, algo, de lo que decía ella. Mas en todo caso, ya olía a inicio… del fin.
 
Más allá de todo eso, sin embargo, necesitaba hablar con él. Intentar restablecer algo de comprensión. Quería estar con él. A pesar de todo. Por eso quería intentar de nuevo experimentar que con las palabras podían entenderse. Por lo menos con las palabras. Si por ahora no por otra cosa. La llamó a la noche. Estaba muy lejos. Muy frío. Lo que le dijo fue que aquella «violencia», de ella, no la quería. De nuevo se quedó sin palabras ella.
 
 
 
 
 
 
  
 
Rencontre à travers le temps (XX)

 
C’était le lendemain et il n’avait pas appelé. Comme il ne l’avait pas fait non plus la veille. Il fallait qu’elle vaque à ses occupations. Une bouée de sauvetage. Ce qu’elle avait trouvé jusque-là pour essayer de se soutenir un tant soit peu. Ses possibilités à elle. Payer des gens. Des professionnels. Ce matin-là encore, ça l’a aidée à dissiper un peu le malaise. Le malaise de la défaite de la compréhension – entre eux deux. A l’abîme que ça laissait. Le doute. Qui est fou ? Toujours cette même question pour elle. Face à la défaite de la compréhension. Est-ce que c’était parce qu’elle était folle qu’on ne la comprenait pas ? Est-ce que c’était pour ça ? Non. Elle n’était pas folle. Elle a pu le vérifier dans ses espaces de positionnement. La « physiologie » n’existe pas, non. Et oui, elle avait fait un grand pas en parvenant à dire ça : « Je suis comme je suis. C’est à prendre ou à laisser. ».
 
Elle l’a rappelé. Elle. Il était dans le train. Le train qui l’emmenait dans l’enfer du travail. Il ne pouvait pas parler. Il a dit qu’il la rappellerait le soir. Il a raccroché. Encore. Elle a pris sur elle. Elle. L’après-midi. Jusqu’à ce qu’il rappelle. Lui. Jusqu’à ce qu’elle puisse évacuer un peu de ce qu’elle contenait et qui l’étouffait. Elle. Jusqu’à ce qu’elle puisse dire que non, que rien n’était facile. Que les choses, il fallait en parler. Qu’il fallait se donner un peu, l’un à l’autre, si on avait envie que quelque chose se génère. S’expérimente. Se construise. Que penser que les choses fonctionnaient ou non du fait d’une force extérieure n’était que fantasme. Vision adolescente – elle ne savait pas encore que ça avait aussi à voir avec la pensée musulmane : « C’est écrit. ». Et elle continuait à lui dire qu’il n’y a que soi pour écrire les choses. Pas de pouvoir magique. Et il lui répondait qu’elle mettait la charrue avant les bœufs.
 
A nouveau le doute. A nouveau le « et si c’était vrai ». Peut-être qu’elle voulait tout, tout de suite, comme une petite fille capricieuse. Elle ne savait plus. Elle pouvait juste s’attacher au fait qu’ils avaient partagé les corps. Au fait que ça, c’était déjà signifiant. Qu’il fallait que ce soit considéré comme tel. Pour elle c’était signifiant. Et que, puisqu’il semblait bien qu’ils avaient envie de construire ensemble, ils n’allaient pas se comporter comme des gamins des quinze ans. Que ce dont il s’agissait, c’était de s’épauler l’un l’autre. C’était tout. Ni plus ni moins.
 
Le brouillard est resté, quand ils ont raccroché. Quand ils ont raccroché le brouillard ne s’était pas dissipé, au contraire. Elle avait l’impression d’avoir parlé toute seule. De continuer à se débattre toute seule au milieu de l’océan. Unheimlich. Inquiétante étrangeté. Elle ne connaissait que ça. Se débattre toute seule au milieu de l’océan. Depuis le début. Le moment même de la naissance. Seule. Face au ventre assassin de la mère. Asphyxie. Elle voyait bien combien elle n’arrivait pas à faire diminuer l’asphyxie. Elle a éteint la lumière. Dans son lit.
 
Parce que la douleur continuait toujours le lendemain matin, il a dû essayer de se clarifier les choses. Il a dû se clarifier que quelque chose, non. Elle ne pouvait pas. Que quelque chose, avec lui, à lui, la chambardait beaucoup trop fort, elle. Quelque chose qui avait à voir avec l’absence. A lui. Au-delà de la présence physique. De la volonté d’être-là. Quelque chose – de lui – n’était pas là. N’était toujours pas là. Et, elle a pu savoir avec certitude que c’était ça qui la chambardait beaucoup trop fort. Et elle a eu l’intuition que lui ne savait rien de ça, de cette absence à lui. Alors que ça se sentait jusque dans les caresses. Celles qu’elle lui donnait. Celles qu’il lui donnait. Alors que ça se sentait jusque dans la peau. Sa peau à lui. Et en conséquence, sa peau à elle. Et elle s’est dit que la douleur qui ne cessait de croître en elle n’était peut-être rien d’autre que ça. Le fait que, par la peau, et sans le vouloir, il la contaminait d’absence. Que c’était ça. Juste ça. Qui lui était si insoutenable. Et aussi, savoir qu’elle, elle n’y pouvait rien. Absolument rien. Qu’il n’y avait que lui. Qu’il n’y avait que lui à pouvoir faire quelque chose à cette chose à lui. Alors que cette expérience, elle, elle l’avait connue il y avait bien longtemps. Très tôt dans sa vie.
 
Et ça, cette expérience douloureuse dès le début de sa vie, et pendant longtemps, ça avait fait qu’elle avait fini par comprendre ça : que le sens du toucher – comme tous les autres – fonctionne comme réaction. Qu’il faut deux. Qu’il y en a un qui sent quelque chose. Qu’il y en a un qui touche quelque chose. Mais que si ce qu’on touche est… absent, on reste… au bord de l’abîme. Entouré par le vertige. Rempli d’absence. Elle repensait à ça. Parce qu’elle le sentait à nouveau. Son absence à lui jusque dans sa peau. Cette douleur à lui en elle. Cette douleur à lui qu’elle savait que lui ne savait pas. L’angoisse était là. Juste là. Dans le fait de savoir que ça rendait impossible la relation. La relation de peau. Amoureuse. Car, même s’il l’avait voulu, qu’aurait-il bien pu faire pour changer ça ? Elle savait bien… La seule chance qui restait, c’était qu’il comprenne, un peu, ce qu’elle disait. Mais de toute façon, ça sentait le début… de la fin.
 
Et par-delà tout ça, elle avait quand même besoin de lui parler. D’essayer de rétablir un peu de compréhension. Elle voulait être avec lui. Malgré tout. C’est pour ça qu’elle voulait encore essayer de faire l’expérience qu’avec les mots ils pouvaient se comprendre. Avec les mots, au moins. Si pour l’instant ce n’était pas possible autrement. Il l’a rappelée le soir. Il était très loin. Très froid. Ce qu’il a dit, c’est que cette « violence », à elle, il n’en voulait pas. Et à nouveau, elle est restée sans voix.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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