Era impresionante cuanto no había cambiado él. Físicamente.
Cuanto no se había alterado ni ensombrecido con el paso de los años. Cuanto era
igual de encantador y solar. Divertido y amable. Y a la vez, se notaba algo
diferente dentro de la presencia. Mucho más efectiva. Comprometida. Se notaba
enseguida que ya no era aquella nube. Que tenía aspiraciones, certidumbres
construidas por la investigación. Se notaba que le había pasado vida. Y que le
había hecho bien. Que eso le había dado peso. Que ya era hora de dejar de
echarse a la nada. Y como ella tampoco quería más echarse a la nada, algo ya
cuajaba.
Parecía que había venido a casa de ella - y no
tanto a lo de su prima. A visitar su casa. A quedarse ahí. Ella no entendía muy
bien de qué se trataba. Por eso dejaba que se hiciera eso mismo que no sabía
muy bien ni qué era, ni por qué, ni nada. Dijo él que la casa al revés, la
suya, de colores, era muy suya. Ella no sabía que él tuviera algún concepto de
ella. Le gustó. Siempre había pensado que él no la había visto para nada. Que
sólo ella había estado mirándole. Hasta - igual que siempre - perder la imagen
propia. La suya, la de ella. Así que la casa era muy suya. Mirá vos.
Abrieron vino. A ella le pareció que era muy
temprano para vino. ¿Para borrar las cosas, o compartir más rápido? De esto se
trataba. Ya sabía. Y le daba miedo. Inclusive si no sabía muy bien por qué. A volver
a enamorarse, claro. En fin. Se dejó llevar. Tampoco tenía tanta costumbre a
sentirse espectadora de las cosas. Y menos en su misma casa. Ella que había
atravesado sola la guerra. No estaba acostumbrada a que fuera otro quien
propusiera alternativa, y menos al aburrimiento. Y menos después de aquellos
meses de convivencia con la enfermedad de la normalidad socio-identitaria - normopatía.
Después de contarse mutuamente lo esencial de este
siglo sin contacto, después de haberle enseñado ella el niño muerto, le quiso
hacer él la lectura. Le quería leer su libro naciendo. Se lo leyó. El a ella. Igual
si no paraba de interrumpirle ella. Porque le gustaba en aquel momento ser
quien le molestara algo a él. Porque le gustaba ya no sólo escuchar, sino
mezclar algo suyo con la historia de él. Luego quiso también él que escuchara
su música. Y ella, como que tampoco tenía tantas ganas de volver a meterse
adentro de lo suyo, a que le volviera a gustar. De volver a meterse adentro de aquella
memoria. Ya había sabido de sobra que le gustaba. Y total ¿para qué? ¿Para
sentirse aun más amputada? Sabía que ya no era lo suficientemente fuerte para
soportar alguna que otra amputación. Ni propia ni ajena. Por eso no quería que
le gustara tanto su música. No tan así.
Se besaron en medio de vino. Para eso es el vino.
Para besarse las burbujas sin protección de piel. Ella lo sabía muy bien. Igual
tenía ganas. Sentía que sí, que las almas tenían ganas de besarse. Mas ¿los
cuerpos? De esto no estaba muy segura. Tenía miedo a que no. Por la memoria de
lo ya ocurrido con él. Y por la experiencia propia también. El saber que a
veces pasa esto: que igual que ocurre que se aman los cuerpos y las almas no se
pueden llevar, ocurre que se conmueven las almas sin que los cuerpos amen
tocarse. A eso le tenía miedo. Mas también sabía que al cuerpo humano lo hace
también lo imaginario. Por bailarina lo sabía. Por la propia historia lo sabía.
Por eso no podía no mantener la esperanza. «Una no nace mujer.»
El cuerpo sujetivo es una conquista del sujeto
movido por el deseo. Y no sabía ella si en este nuevo momento tenía con él este
deseo. Sentía la muralla alrededor suyo. Por más que hiciera como si se
entregara. Mas no como traba. Como necesidad. Nunca más entregarse del todo. A
cuerpo perdido. A un desconocido. Nunca más. Un lujo que ya no podía
permitirse. Reservas agotadas. Yo soy lo único
que tenga. No te lo puedo ni te lo quiero dar. Así. Ya no. Ni a él ni a
nadie. Y no era que fuera alterada la generosidad. Sólo que se había conocido
la guerra, el embargo, la reclusión. Sólo que se había convivido demasiado sola
con la muerte, y que se sabía que aun no se había recuperado del todo. Sólo que
ya no se sentía en la emergencia de tener esperanza vana. Si me das, dale. Sino, no estoy.
Durmieron. No durmió nada ella. Sentía demasiada
irrealidad. No conseguía hacer la conexión con la realidad - él, acá,
deseándola - y el propio sentir, el deseo propio. Estaba desconectada. Del
todo. Insomne. Esto duró cuatro noches. Sin que se diera cuenta de la cantidad
de tiempo que pasaba. Sólo de lo a gusto que estaba, de lo feliz que se ponía.
Entre mucha risa, mucha complicidad, mucha desconexión interna. Y volvió a su
ciudad él. Y se fue a Madrid ella.
Rencontre à travers le temps (IV)
C’était
incroyable combien il n’avait pas changé. Physiquement. Combien il ne s’était
pas altéré ni assombri avec le passage des années. Combien il était toujours
autant charmant et solaire. Drôle et adorable. Et en même temps, il y avait
quelque chose de très différent dans la présence. Beaucoup plus effective.
Engagée. On voyait tout de suite qu’il n’était plus ce nuage d’avant. Qu’il
avait des aspirations, des certitudes construites par le questionnement. On
voyait que la vie lui était passée dessus. Et que ça lui avait fait du bien.
Que ça lui avait donné du poids. Que l’heure n’était plus à se jeter au vent.
Et comme elle ne voulait plus non plus se jeter au vent, il y avait déjà
quelque chose qui collait.
On aurait dit
qu’il était venu chez elle - plus que chez sa cousine. Pour voir comment
c’était. Pour y rester. Elle, elle ne comprenait pas très bien de quoi il s’agissait.
C’est pour ça qu’elle laissait se faire cela même dont elle ne savait pas très
bien ce que c’était, ni pourquoi, ni rien du tout. Il a dit que cette maison à
l’envers, la sienne, toute en couleurs, était bien elle. Elle, elle ne savait
pas qu’il ait eu un quelconque concept d’elle. Ca lui a plu. Elle avait
toujours pensé qu’il ne l’avait absolument pas vue. Qu’il n’y avait qu’elle qui
avait pris le temps de le regarder. Jusqu’à - comme toujours - en perdre sa
propre image. La sienne, à elle. Alors comme ça, la maison était bien elle. Allons
donc.
Ils ont ouvert
du vin. Il lui semblait à elle que c’était un peu tôt pour le vin. Pour diluer
les choses, ou partager plus vite ? C’était ça la question. Elle le savait
bien. Elle avait un petit peu peur. Même si elle ne savait pas bien de quoi. De
retomber amoureuse, bien sûr. Enfin. Elle s’est laissé faire. Elle n’avait pas
tant que ça l’habitude d’être spectatrice des choses. Encore moins chez elle.
Elle qui avait traversé la guerre toute seule. Elle n’avait pas l’habitude que
ce soit un autre qui propose d’alternative. Encore moins à l’ennui. Et encore
moins après ces mois de cohabitation avec la maladie de la normalité
socio-identitaire - normopathie.
Après s’être
mutuellement raconté l’essentiel de ce siècle sans contact, après qu’elle lui a
montré l’enfant mort, il a voulu lui faire la lecture. Il voulait lui lire son
livre advenant. Il le lui a lu. Lui à elle. Et pourtant elle n’avait pas cessé
de l’interrompre. Ca lui plaisait à ce moment-là de l’embêter un peu. De ne
plus faire qu’écouter, mais de mêler ses choses à elle à son histoire à lui. Après,
il a encore voulu lui faire écouter sa musique. Et elle, c’était comme si elle
n’avait pas complètement envie de se replonger dans ses choses. Que ça lui plaise
à nouveau. De se remettre dans cette mémoire-là. Elle savait déjà que ça lui
avait trop plu. Et à quoi ça avait servi ? A se sentir amputée encore un
peu plus ? Elle savait qu’elle n’était plus suffisamment forte pour
supporter une quelconque nouvelle amputation. Ni d’elle-même ni d’un autre.
C’est pour ça qu’elle n’avait pas trop envie que sa musique lui plaise. Pas juste
comme ça.
Ils se sont
embrassés dans le vin. C’est à ça que sert le vin. A ce que puissent
s’embrasser les bulles sans protection de peau. Elle le savait bien. De toute
façon elle en avait envie. Elle sentait que oui, que les âmes avaient envie de s’embrasser.
Mais les corps ? Elle n’en était pas très sûre. Elle avait peur que non. A
cause de la mémoire de ce qui s’était déjà passé avec lui. A cause de sa propre
expérience, aussi. Savoir que parfois il se passe ça : que de la même
façon que parfois les corps s’aiment alors que les âmes ne peuvent pas se
supporter, les âmes peuvent se reconnaitre sans que les corps n’aiment se
toucher. C’est de ça dont elle avait peur. Mais elle savait aussi que le corps
humain est fait d’imaginaire. Parce qu’elle était danseuse elle le savait. Parce
que son histoire était ce qu’elle était, elle le savait. C’est pour ça qu’elle
ne pouvait pas non plus ne pas garder espoir. « On ne nait pas
femme. »
Le corps
subjectif est une conquête du sujet mu par son désir. Et elle ne savait pas, si
à ce moment-là, elle avait ce désir pour lui. Elle sentait la muraille tout autour
d’elle. Et pourtant elle essayait de se donner. Mais pas comme entrave. Comme
nécessité. Ne plus jamais se donner tout entière. A corps perdu. A un inconnu.
Plus jamais. Un luxe qu’elle ne pouvait plus se permettre. Réserves épuisées. Je suis la seule chose que j’aie. Ni je ne
peux ni je ne veux te la donner. Voilà. Plus possible. Ni à lui ni à
personne. Et ce n’était pas que la générosité soit altérée. Juste que la
guerre, l’embargo, la réclusion, étaient passés par là. Juste qu’elle avait été
trop seule à cohabiter avec la mort, et qu’elle savait qu’elle n’avait pas
encore complètement récupéré. Juste qu’elle ne se sentait plus dans l’urgence
d’un espoir vain. Si tu me donnes,
d’accord. Sinon, je ne suis pas là.
Ils ont dormi
ensemble. Elle n’a pas dormi du tout. Elle ressentait trop d’irréel. Elle ne
parvenait pas à faire la connexion entre la réalité - lui, là, voulant d’elle -
et son éprouvé à elle, son désir à elle. Elle était déconnectée. Complètement.
Insomniaque. Ca a duré quatre nuits. Sans qu’elle se rende compte de la
quantité de temps qui passait. Juste de combien elle était bien, de combien la
joie la gagnait. Au milieu du rire, de la complicité, et de beaucoup de
déconnexion interne. Et puis il est reparti dans sa ville. Et puis elle est
allée à Madrid.
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