(1) DOS VELAS
Hemos ido en un barco
De dos velas
Y sólo un mástil
Hemos ido en un barco
Y yo no sabía de barco
Sólo de mar
Hemos ido en un barco
Y no se salía nunca de la ciudad
Y las gaviotas en los muelles pintados de
grafitis
Cuando se pudo cortar por fin el motor
Abrir las velas, las dos
Y sólo quedó la respiración del mar
Su silencio
De viento
Navegamos
Despacito
Como quien se entrega por primera vez a otro
cuerpo
Como manda el viento que cuida de los primeros
pasos
Navegamos
Y quien nunca consigue sueño
Pudo dormir
Ahí
Dentro de la cuna de la parte delantera del
barco
Rendida completamente al hombre que navegaba
Al balanceo de las olas
Al pulmón de las velas
Navegó el sueño
Y despertó al mar
Y se tiraron al agua
Después de la áncora
Y conocieron el vuelo de las medusas
Curiosas
Y se tiraron el uno al otro
Mar adentro
En la cuna del barco
Quedaba cerca el puerto
Bajaron las dos velas
Se deslizaron con el motor
Hasta la gasolinera de madera donde amararon el
barco
Fue a lavarse el pelo ella
Hacía días que no se lavaba el pelo
En la ducha de la capitanía
Pudo por fin
Desenredarse la cabeza
A su ritmo
Lento
Sentada en las baldosas chiquilinas de la ducha
sin puerta
Observando de reojo a aquella mujer mayor
desnuda
Luchando para no dejarse arrastrar por la
locura de su abuela materna
La de su madre
Se desenredó el pelo
Se puso crema
El cuerpo regenerado por aquel cansancio
desconocido
Del bienestar del mar
Desde encima
Al salir lo vio a él
Ya en otro velero
Ya conociendo a otra gente
Siguiendo dándole más vida a la vida
Más amor
Se subió con ellos
La noche
En aquel puertecito
No tenía nada que ver con la noche de la gran
urbe
Casi ni un mosquito
Desayunaron tranquilos
Se fueron tranquilos
Sacando fotos ella
Acordándose de su padre
Por los optimistas
(1) DEUX VOILES
On a été dans un bateau
A deux voilesEt juste un mat
On a été dans un bateau
Et je ne connaissais rien
aux bateauxJuste la mer
On a été dans un bateau
Et jamais on ne sortait de
la villeEt les mouettes sur les digues couvertes de graffitis
Quand on a enfin pu
couper le moteur
Ouvrir les voiles, les
deuxEt qu’il n’y a plus eu que la respiration de la mer
Son silence
De vent
On a navigué
DoucementComme quand on se donne pour la première fois à un autre corps
Comme en décide le vent qui prend soin des premiers pas
On a navigué
Et celle qui n’arrive
jamais à dormirA dormi
Là
Dans le berceau de l’avant du bateau
Complètement abandonnée à l’homme qui naviguait
Au balancement des vagues
Au poumon du vent
Le sommeil a navigué
Et s’est réveillé dans la
mer
Et ils se sont jetés à
l’eau
Après l’ancreEt ont connu le vol des méduses
Curieuses
Et ils se sont jetés l’un
dans l’autre
En pleine merDans le berceau du bateau
Le port était tout près
Ils ont baissé les deux
voilesIls ont glissé avec le moteur
Jusqu’à la station-essence en bois où amarrer le bateau
Elle est allée se laver
les cheveux
Ca faisait des jours
qu’elle ne se lavait pas les cheveuxA la douche de la capitainerie
Elle a pu enfin
Démêler sa tête
A son rythme
Lentement
Assise sur les minuscules carreaux de carrelage de la douche sans porte
Observant du coin de l’œil la vieille femme nue
Luttant pour ne pas se laisser entrainer par la folie de sa grand-mère maternelle
Celle de sa mère
Elle s’est démêlé les
cheveux
S'est mis de la
crèmeLe corps régénéré par cette fatigue inconnue
Du bien-être de la mer
Du dessus
Quand elle est sortie
elle l’a vu
Déjà sur un autre voilierDéjà à connaître d’autres gens
Toujours à donner plus de vie à la vie
Plus d’amour
Elle est montée avec eux
La nuit
Dans ce petit port
N’avait rien à voir avec
la nuit de la grande villePresque pas de moustiques
Ils ont pris paisiblement
le petit-déjeuner
Ils sont partis paisiblementElle prenait des photos
Pensait à son père
A cause des optimistes
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