Había mucha gente en el tren. Un tren de noche. Estaba
arrinconada ella en un asiento de los de entre cuatro. No le gustaban para nada
esos asientos. Nunca. Aire. Por eso también la acompañaba el libro de Michela
Marzano, que le había recomendado una amiga de la infancia, Leve como una mariposa. Había tomado la
mochila grande. La del viaje a Formentera en junio de 2008. Para escapar -
intentar - de la muerte. Había tomado la mochila grande y no la valija. Por lo
del movimiento. Para sentirse más libre. Para intentar parecerse lo más posible
a eso que sentía que estaba conquistando en ese momento de ella: un cuerpo sin
preocupación de imagen. Sólo con preocupación de comodidad sensorial.
Casi no se acordaba de eso de Barcelona. De eso
que él la hubiera llamado, algún verano, desde Barcelona. Para decírselo. Qué
estaba allá. Dedicárselo. Cuando había ido con la novia. Y no con ella. A
visitar la Casa Pedrera. No se acordaba ella. Casi no. Pero le había conmovido
mucho, eso sí, que él se lo hubiera recordado. Se lo hubiera insistido.
Se sentía apretada en el tren. Aún más porque no
correspondía para nada aquel rincón ni siquiera rincón - soledad en el sentido
etimológico: lugar para uno - con lo que sentía en ese momento de la apertura
de su ser. Y era que esta apertura había sido otra conquista. De la pelea
mental. De haberle tenido miedo al desencuentro corporal. De haber tenido miedo
a que al fin y al cabo de él viniera el desencuentro. Ya que ya no de ella. De
cierta ausencia corporal. De él. De haber tenido miedo a que después de haber
conseguido superar la limitación de ella, le tocara comprobar que la limitación
también era de él. Le había dado miedo. Como volver a enfrentarse a la misma
moneda sino por la otra cara. No quería. Le daba bronca. Se sentía atrapada en
la misma red de antes. Pero ya no por ella, sus cosas, sino por el otro. El. No
quería. Y a la vez lo quería amar. El.
Y era que temía también que él no fuera consciente
de ello. De eso que sentía ella. La retensión emocional y corporal de él,
disfrazada por cierta tendencia a la burla y la ligereza. Temía que él quisiera
apostar a eso de la ligereza. Cuando ella se había reconocido en el tango. Cuando
ella había aceptado la cercanía/confusión entre la felicidad y la nostalgia, el
placer y el dolor. Cuando ella por fin se había reconocido dentro del cuerpo
propio, de la carne de ella. Dentro/como carne/cuerpo dañado/dolorido. Cuando
había conseguido por fin aceptarlo. Identificarse con ello. Unificarse. Por
fin. Cuando había conseguido por fin entender que en eso mismo radicaba la
posibilidad del encuentro amoroso. Acepto
que me duele, acepto que necesito que me curen. Te necesito a vos porque ya
acepté el ser limitada. Porque ya no me da miedo ni bronca conmigo misma.
Porque ya estoy lista para vincularme con otro. Porque esto necesito y quiero. Porque
ya entendí qué es ser humana. Qué es ser mujer. Acepto. Aceptaré. Cuando
había conseguido por fin entender eso de la falta. Eso de la falta esencial. De
la falta como esencia. Humana. Femenina - aún más. Cuando ya había
entendido/sentido eso del andrógino de Platón. Eso de la plenitud alcanzable no
más mediante/con el otro - y no más que momentáneamente. Ya me puedo unir porque ya acepté que soy incompleta.
Y le daba miedo que él no supiera ya estas cosas.
Que no estuviera ya en capacidad de entregarse al unirse. Y era que también
había conseguido por fin ententer el por qué de la inquietud suya que no paraba después de los encuentros de los
cuerpos - que no eran encuentros, por eso. Y que le daba miedo. A que
hipotecara ya la posibilidad de relación - de cualquier forma de la relación
amorosa. «No hay más que cuerpo.» Ya sabía. Ya lo había tenido que saber.
Cuando quería ella, necesitaba, darle alguna
oportunidad al otro, confiar. Intentar. Cuando ya no quería que las cosas feas
le dieran siempre la razón. Cuando ya quería equivocarse - que el otro le
demostrara que su miedo era equivocado. Experimentar que alguién le mostrara
que no podía solucionar siempre ella sola todos los miedos no más con romper
con todo. Cuando ya quería que alguién le regalara sorpresas de las no malas.
Cuando era el momento en que quería creer que él podía. Que él podía ser.
Cuando quería. Creer. Eso sí.
Por eso la pelea con el miedo. Y la victoria, en
el momento de haberse subido al tren, sobre dicha pelea: aquel estado de
apertura del ser. Por eso sentía mucho la falta de espacio en aquel asiento de
entre cuatro. Y a la vez la curiosidad de ir a la ciudad de él. Que no conocía
ella.
Y bajaron viajeros. Y se hizo más ancho el
espacio. Más respirable.
Se estaba acercando ella. A él.
Rencontre à travers le temps (VIII)
Il y avait
beaucoup de monde dans le train. Un train de nuit. Elle était recroquevillée
dans un siège de ceux qui vont par quatre. Elle n’aimait pas du tout ces sièges. Jamais. De l’air. C’était pour
ça aussi qu’elle était accompagnée par le livre de Michela Marzano, que lui
avait recommandé son amie d’enfance, Légère
comme un papillon. Elle avait pris son grand sac à dos. Celui du voyage à
Formentera en juin 2008. Pour échapper - essayer - à la mort. Elle avait pris
son grand sac à dos et pas sa valise. Pour le mouvement. Pour se sentir plus libre. Pour essayer de ressembler
le plus possible a ce qu’elle sentait qu’elle était en train de conquérir à ce
moment-là d’elle-même : un corps sans souci d’image. Dans le seul souci du
confort sensoriel.
Elle ne se
souvenait pas bien de cette affaire de Barcelone. Du fait qu’il lui ait
téléphoné, un été, de Barcelone. Pour
le lui dire. Qu’il y était. Le lui dédier. Alors qu’il y était allé avec
sa copine. Pas avec elle. Visiter la
Pedrera. Elle ne s’en souvenait pas. Pas bien. Mais ça l’avait beaucoup
touchée, ça oui, qu’il le lui ait rappelé. Qu’il ait insisté à le faire.
Elle se sentait
à l’étroit dans le train. Encore plus parce que ce petit coin, qui n’était pas
même un recoin - solitude dans le sens étymologique : endroit isolé -, ne
correspondait absolument pas à ce qu’elle ressentait à ce moment-là de
l’ouverture de son être. Une ouverture qui avait encore été une conquête. Celle
sur la bataille mentale. Celle d’avoir eu peur du desencuentro des corps. D’avoir eu peur que finalement ce soit de
lui que vienne le desencuentro. Puisque
ce n’était plus d’elle. D’avoir eu peur d’une certaine absence corporelle. De
lui. D’avoir eu peur qu’après être parvenue à dépasser sa propre limite, il lui
faille observer que la limite était aussi en lui. Ça lui avait fait peur. Comme avoir à se confronter au revers de
la même médaille. Elle ne voulait pas. Ça la mettait en colère. Elle se
sentait prise dans le même filet qu’avant. Pourtant plus à cause d’elle, de ses
choses, mais de l’autre. Lui. Elle ne voulait pas. Et en même temps elle
voulait. L’aimer. Lui.
En plus elle
craignait qu’il ne soit pas conscient de ça. De ce qu’elle sentait. Sa
rétention émotionnelle et corporelle, à lui. Camouflée par une certaine tendance
au rire et à la légèreté. Elle craignait qu’il ne veuille miser sur la
légèreté. Alors qu’elle s’était reconnue dans le tango. Alors qu’elle avait
accepté la proximité/confusion entre la joie et la nostalgie, le plaisir et la
douleur. Alors qu’elle avait enfin pu se reconnaître dans son corps propre, sa
chair à elle. Dans/comme chair/corps blessé/douloureux. Alors qu’elle était enfin
arrivée à l’accepter. A s’identifier. A ça. S’unifier. Enfin. Alors qu’elle
avait enfin réussi à comprendre que c’était là que reposait la possibilité de
la rencontre amoureuse. J’accepte que
j’ai mal, j’accepte qu’on me soigne. J’ai besoin de toi parce que j’ai accepté que
je sois limitée. Parce que ça ne me fait plus peur ni ne me met plus en colère
contre moi. Parce que je suis enfin prête à me relier à un autre. Parce que
c’est ce qu’il me faut et ce que je veux. Parce que j’ai fini par comprendre ce
que c’est qu’être humaine. Ce que c’est qu’être femme. J’accepte. J’accepterai. Alors
qu’elle était enfin parvenue à comprendre cette chose du manque. Cette chose du manque essentiel. Du manque comme
essence. Humaine. Féminine - encore plus. Alors qu’elle avait
compris/senti cette histoire de l’androgyne de Platon. Cette chose de la
plénitude atteignable seulement à travers/avec l’autre - et seulement
momentanément. Maintenant je peux m’unir car j’ai accepté que je
suis incomplète.
Et elle avait
peur qu’il ne sache pas encore ces choses. Qu’il ne soit pas encore en capacité
de s’en remettre à l’union. Parce qu’elle était aussi parvenue à comprendre le
pourquoi de son inquiétude qui n’arrivait
pas à s’arrêter malgré et après les rencontres des corps - qui n’étaient pas
des rencontres, c’était pour ça. Et qu’elle avait eu peur. Que ça hypothèque la
possibilité de relation - de toute forme de la relation amoureuse. « Il
n’y a que le corps. » Elle le savait bien. Il avait déjà bien fallu
qu’elle l’apprenne.
Alors qu’elle
avait tellement envie, tellement besoin, de donner sa chance à l’autre, faire
confiance. Essayer. Alors qu’elle ne voulait plus que les mauvaises choses lui
donnent toujours raison. Alors qu’elle voulait enfin se tromper - que l’autre
lui démontre que sa peur était erronée. Faire l’expérience que quelqu’un lui
montre qu’elle ne pouvait pas toujours tout résoudre toute seule juste en
coupant avec tout. Alors qu’elle voulait enfin que quelqu’un lui fasse des
surprises de celles qui ne sont pas mauvaises. Alors que c’était le moment de
croire que lui pouvait. Que ça pourrait être lui. Alors qu’elle voulait.
Croire. Ça oui.
C’était pour ça,
la bataille contre la peur. Et la victoire, quand elle était montée dans le
train, sur cette bataille : cet état d’ouverture de l’être. C’était pour
ça qu’elle ressentait vraiment le manque d’espace dans ce siège de ceux qui
vont par quatre. Et en même temps la curiosité d’aller dans sa ville à lui.
Qu’elle ne connaissait pas.
Et les voyageurs
sont descendus. Et l’espace s’est fait plus grand. Plus respirable.
Elle s’approchait. De lui.
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